La construction du sanctuaire

L’Ét’ernel parla à Mochè en ces termes : Invite les enfants d’Israël à me préparer une offrande de la part de quiconque y sera porté par son coeur, vous recevrez mon offrande. Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et cuivre; étoffes d’azur, de pourpre, d’écarlate, de fin lin et de poil de chèvre; peaux de bélier teintes en rouge, peaux de tahache et de bois de chittim, huile pour le luminaire, aromates pour l’huile d’onction et pour la combustion des parfums; pierres de choham et pierres à enchâsser, pour l’èfod et pour le pectoral. Et ils me construiront un sanctuaire, pour que je réside parmi eux, semblable en tout à ce que je t’indiquerai, c’est-à-dire au plan du tabernacle et de toutes ses pièces; et vous l’exécuterez ainsi Chémot 25, 1-9.
Cette sidra traite de la Térouma, offrande, que les Bénè Yisraèl devaient prélever sur leurs biens afin de construire le Michekane, temple mobile, qui les accompagnait lors de leurs déplacements dans le désert.

D’ieu, s’étant révélé à Israël sur le Mont Sinaï, a fait don de la Tora. Le Michekane constitue le lieu de résidence aussi bien de la Tora que de la Chékhina, de la présence divine.

Le Midrache Tanhouma, rapportant le verset Chémot 25, 1-2. :

L’Ét’ernel parla à Mochè en ces termes : invite les enfants d’Israël à me préparer une offrande, rapporte : le texte enseigne Michelè 4, 2. :

Car je vous donne d’utiles leçons : n’abandonnez pas mon enseignement, ma Tora.

Lèqah tov, constitue une bonne acquisition. L’usage veut que deux négociants établis dans une ville s’approvisionnent l’un en soie et l’autre en tissus brodés or. S’étant rencontrés, l’un propose à son ami : veux-tu faire l’échange? Il lui répondit : bien. Ils firent l’échange : donnant des soies, il reçoit les broderies. Il s’avère que chacun ne possède qu’un article. Mais la Tora n’est pas ainsi. Quand l’un apprend l’ordre Zéraîm, , semences, et l’autre étudie Néziqine, , dommages et, décidant de faire l’échange, l’un enseigne à l’autre Zéraîm pendant qu’il reçoit l’enseignement de Néziqine, il se trouve que chacun possède les deux ordres. Pourrait-on faire une acquisition mieux que celle-ci? Aussi est-il dit Car je vous donne une bonne acquisition!

Autre explication. Celui qui achète une marchandise et se met en route, il craint les brigands [qui peuvent la lui arracher.] Mais la Tora ne saurait être ainsi : se peut-il que les brigands puissent arracher la Tora de son coeur? C’est donc cela : Une bonne acquisition.

Nos maîtres racontent qu’un bateau transportait des négociants. Parmi eux, se trouvait un sage. Ils lui demandèrent. De quelle nature est ta marchandise?. Il répondit : C’est un mystère. Ils répliquèrent : Pourquoi ne nous la montres-tu pas? Il reprit : En ville, je vous la montrerai. Alors s’étant mis à chercher en vain la marchandise dans tout le bateau, ils se moquèrent de lui. Mais [à l’arrivée] les douaniers leur ont confisqué tout ce qu’ils possédaient si bien qu’ils n’avaient plus rien à manger ni à porter.

Le sage, quant à lui, s’installe dans l’académie et commence à enseigner, ce qui lui vaut d’être respecté et pris en charge pour tous ses besoins. Ses compagnons de voyage le prièrent alors d’intervenir pour eux. Qui lui a permis d’être sauvé? N’est-ce point la Tora qu’il gardait dans son coeur? C’est donc cela Une bonne acquisition

Autre explication : Car c’est une bonne acquisition. Lorsqu’un homme fait un emprunt pour acheter une marchandise à exporter, il peut lui arriver de faire une perte. Mais la Tora n’est pas ainsi. Un homme apprend ici, un chapitre, là un autre chapitre tout en faisant face à ses dépenses. C’est cela : une bonne acquisition.

Le Saint béni soit-Il dit :

La Tora m’appartenait, vous l’avez prise. Prenez-Moi donc avec elle. C’est ce que dit le verset : Qu’il Me prenne une offrande.

Ce midrache établit un lien logique entre la construction du Michekane qui doit recevoir la présence divine avec le don de la Tora. Tout indique qu’en donnant la Tora, D’ieu accepte de placer sa résidence également parmi les hommes.

Mais le midrache insiste sur l’importance considérable de la Tora dont l’acquisition est à nulle autre comparable. L’échange ne constitue jamais une perte, plutôt un enrichissement. Le maître transmet son enseignement certes, mais il continue à le garder. Mieux encore, il le propose à plusieurs acquéreurs. Telle une bougie qui enflamme des centaines d’autres bougies sans rien perdre de sa flamme, ainsi le maître ne subit aucune altération mais augmente, par ce biais, ses connaissances.

La Tora est bien loin d’être un poids et un handicap pour le sage. Il transporte aisément ses connaissances que nul ne saurait lui ravir. Étant rationnelles, ses connaissances sont universelles et, par conséquent, ont cours partout où il se trouve. Ainsi s’exprime le roi Chélomo Michelè 3, 14. : Car le trafic en vaut plus que celui de l’argent, et les fruits que [la sagesse] donne l’emportent sur l’or fin.

L’Ét’ernel parla à Mochè en ces termes : Invite les enfants d’Israël à me préparer une offrande de la part de quiconque y sera porté par son coeur, vous recevrez mon offrande.

L’Ét’ernel parla à Mochè en ces termes : Parle aux enfants d’Israël…

Or ha-Hayim s’interroge sur l’emploi de lèmor, , pour dire. En disant lèmor, le but est de transmettre à quelqu’un. Mais si par la suite le texte dit : Parle aux enfants d’Israël cela suppose que lèmor est en plus.

Nos maîtres, dit-il, enseignent Yoma 4b. :

D’où tire-t-on que nul n’est autorisé à rapporter ce qui a été dit? Selon le texte :

L’Ét’ernel parla à Mochè en ces termes.

C’est pourquoi, pour l’autoriser à rapporter Ses propos aux Bénè Yisraèl, l’Ét’ernel trouve nécessaire de lui préciser Parle aux enfants d’Israël..

En disant lèmor, et dabbèr, l’Ét’ernel lui enjoint l’ordre et l’obligation de transmettre. Sans quoi Mochè aurait pu penser que c’était facultatif. Mais dabbèr signifie précisément l’obligation.

Lèmor dérivant du verbe amor, dire, signifie également être élevé à une dignité cf. Rachi sur Dévarim 26, 17. Ce qui fait dire à Or ha-Hayim que toutes les nominations pour des fonctions d’autorité ne seront attribuées qu’aux Bénè Yisraèl, excluant ainsi êrèv rav, , le ramassis de peuples qui avait suivi Israël. C’est pourquoi lèmor est suivi de dabbèr èl Bénè Yisraèl. C’est dire que l’offrande ne sera prélevée que des Bénè Yisraèl et non de êrèv rav.

Et qu’ils me prennent une offrande.

Cette proposition commence par wé-yiqhou, et qu’ils me prennent, comportant, contre toute logique, le waw conjonctif.

Le waw, conjonctif de wé-yiqhou se justifie, pour Or ha-Hayim, car le verset parle de deux offrandes. Il est dit, en effet, térouma, et téroumati, alors qu’il en existe trois : deux offrandes composées d’un, demi-chèqèl, une pour les socles d’argent du Michekane, l’autre pour l’achat des sacrifices quotidiens, la troisième pour l’offrande du Michekane, qui se fera selon la générosité des donateurs. Ainsi le waw est employé pour inclure la contribution du demi-chèqèl que seuls les mâles, à partir de 20 ans, offraient et qui devait servir à l’achat des qorbanot cf. Chémot 30, 11-16., des sacrifices.

En outre, le waw, précise que l’offrande ne peut être faite que si, au préalable, elle est dictée par un élan généreux du coeur. Le waw coordonne et qu’ils prennent pour moi une offrande à la proposition qui suit de la part de quiconque y sera porté par son coeur.

Wé-yiqhou, Tiqhou.

Wé-yiqhou, de la troisième personne du pluriel, le texte passe à la deuxième personne du pluriel tiqhou, .

D’ieu demande, selon Kéli Yaqar, de nommer des collecteurs d’offrandes, des trésoriers, qui avant de réclamer aux autres leur contribution s’acquitteront de la leur. Cette attitude a l’avantage de donner l’exemple aux autres. Mais la personne qui ne désire pas contribuer, parce que manquant de générosité, les trésoriers ne devraient pas les contraindre pour éviter des querelles.

Cependant, s’adressant à Mochè et à Aharone, D’ieu dit : vous prendrez, vous-mêmes, cette contribution car vous voyant ils n’oseront pas vous la refuser. C’est pourquoi le texte change de la troisième à la deuxième personne du pluriel.

Le waw conjonctif de wé-yiqhou s’explique également par le fait que les quêteurs, posant en premier le geste de donner, susciteront l’offrande de ceux dont le coeur sera animé de générosité. Car yiddébènnou, dérivant en fait de nédava, don généreux, fait allusion aux donateurs qui répondent chaleureusement.

Mais yiddébènnou, se transforme, par permutation du en, en yeddéwènnou, dérivant de déway, souffrance. Ainsi ceux qui, n’étant pas généreux, n’acceptent pas de gaîté de coeur de contribuer, seront sollicités par Mochè et Aharone auxquels ils n’oseront pas refuser.

Rav Alchèkh tente d’expliquer ce changement en se basant sur une analyse fine de la nature humaine. Contribuer est toujours une action soulevant un problème car le yètsèr ha-râ, s’interpose chaque fois que le donateur veut mettre la main dans la poche pour faire un don. Le secret pour réussir, selon lui, serait de prélever une somme d’argent, la mettre de côté et qui sera destinée uniquement pour les donations. Ainsi le moment venu il n’y aura aucune difficulté à faire son don puisque cette somme appartient déjà aux oeuvres charitables.

La lecture, selon Rav Alchèkh, est ainsi : qu’ils prennent pour moi, autrement dit qu’ils prélèvent préalablement en l’absence de toute sollicitation afin que le moment venu, vous prendrez mon offrande sans difficulté.

Li, , pour Moi, pour mon Nom.

Li, , pour moi, Rachi explique pour Mon Nom ils prélèveront de leur argent un don. Est-il possible de réaliser un don pour le Nom de D’ieu?

La manière d’agir, préconisée par Rav Alchèkh, présente également l’avantage de dédier ce don à D’ieu Lui-même sans que s’y mêle une intention étrangère, prestige ou gloire, surtout quand la donation est faite en présence de tiers.

Qu’ils prennent pour moi une offrande… …

Comme une offrande se donne par définition, l’emploi de yitténou, qu’ils donnent, est mieux indiqué que wé-yiqhou.

Hatam Sofèr rappelle, en effet, que D’ieu est le maître de tout, comme dit le prophète Haggaï 2, 8. : À Moi appartient l’argent, à Moi l’or, dit l’Ét’ernel Tsébaot. Mais en vérité D’ieu met à la disposition des justes, tsaddiqim, son monde Bérakhot 35a.. Les réchaîm, les impies, eux ne peuvent en aucune manière prétendre posséder le monde car D’ieu leur refuse toute forme d’acquisition matérielle. C’est pourquoi le texte emploie wé-yiqhou, qu’ils acquièrent le monde, l’or et l’argent, à l’aide de leurs bonnes actions afin qu’ils puissent procéder à la donation. Ainsi est-il nécessaire avant de donner ce qui est essentiellement à D’ieu, ce qui Lui appartient, il faudrait au préalable l’acquérir par l’accomplissement des mitswot et les bonnes oeuvres.

Mais pour le midrache Tanhouma sur la sidra paragr. 3., le Michekane, servant de lieu de résidence pour la Tora, quiconque l’étudie est considéré comme ayant acquis et pris D’ieu Lui-même.

De la part de quiconque y sera porté par son coeur.

Pour Sforno, D’ieu recommande de n’accepter l’offrande que d’un homme généreux, porté par l’élan de son coeur, et non contraindre qui que ce soit.

Vous prendrez mon offrande. .

Il eût été plus logique de dire son offrande, , et non mon offrande, .

En vérité ce que l’homme offre c’est seulement l’élan de son coeur, car l’offrande elle-même, or ou argent, appartient à D’ieu. Ici, D’ieu agit en père qui veut enseigner à son jeune fils d’offrir et donner de ce que le père l’avait précédemment gratifié. Pour l’habituer, il prend la main de son fils pour la mettre dans la sienne. Ainsi ce qui compte c’est la générosité car l’offrande elle-même Lui appartient cf. Rav Alchikh..

Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et cuivre; étoffes d’azur, de pourpre, d’écarlate, de fin lin et de poil de chèvre; peaux de bélier teintes en rouge, peaux de tahache et de bois de chittim, huile pour le luminaire, aromates pour l’huile d’onction et pour la combustion des parfums; pierres de choham et pierres à enchâsser, pour l’èfod et pour le pectoral.

Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux.

Selon Kéli Yaqar, le but de cette offrande est d’expier la faute du veau d’or. Celle-ci était composée en fait de trois aspects : l’adoration du veau d’or après l’avoir accepté comme divinité; l’offrande des sacrifices; l’offrande des bijoux pour sa confection. Pour les deux premiers, les Bénè Yisraèl étaient d’égale culpabilité et responsabilité. Pour le troisième, leur contribution n’était point égale, chacun ayant apporté ses bijoux. Pour la réparation de cette faute, Israël se devait d’emprunter la voie qui avait conduit à la faute. Ainsi les deux premières offrandes seront égales, chacune du montant d’un demi-chèqèl. L’une est destinée pour les socles du Michekane appelés adanim, , pour réparer la faute d’avoir accepté le veau d’or comme adone, maître et dieu. La deuxième destinée pour les sacrifices quotidiens vient réparer la faute d’avoir sacrifié au veau d’or. Mais la troisième offrande est laissée à la générosité de chacun comme pour le veau d’or.

Que vous prendrez.

La Tora ne dit pas Voici l’offrande qu’ils donneront pour enseigner : quiconque offre prend en retour beaucoup plus qu’il ne donne.

Et voici l’offrande.

Sforno explique que wé-zot, et voici, exclut tout autre article qui ne fera pas partie des 13 articles désignés ici. Et ce, même s’il peut être vendu ou échangé contre un des 13 articles mentionnés.

Pour Baâlè ha-Tosséfot, ces 13 articles, or, argent, cuivre etc… correspondent aux 13 sortes d’habits dont D’ieu gratifiera, selon Yéhèzqèl, Israël dans l’avenir.

Or, argent et cuivre.

L’offrande d’un homme jouissant de sa santé est comparée à l’or, celle qu’il donne pendant qu’il est malade est comparée à l’argent, celle qu’il donne après la mort est comparée au cuivre.

Le midrache Tanhouma recense en effet 13 articles qui entrent dans la construction du tabernacle. Rachi parle également de 13 articles.

Mais tout compte fait, il y a quinze. Pour Réèm Rabbi Èliyahou Mizrahi., les laines teintes azur, pourpre et cramoisi constituent un seul article.

Cependant en retenant le nombre de quinze articles, Rabbènou Béhayè, Rabbi Yitshaq Ârama dans la Âqèda et Don Yitshaq Abrabanèl diront tous que le Michekane est une réplique, un modèle réduit, des trois mondes. Le chiffre 15 est la valeur numérique des 2 premières lettres, du Nom de l’Ét’ernel par lesquelles Il créa les mondes. Ce monde fut créé par la lettre Hè, et le monde futur par la lettre Yod, .

Bèt ha-Miqdache, est construit de telle sorte qu’il représente les 3 mondes : l’inférieur, ce monde; l’intermédiaire, celui des astres, et le monde céleste, celui des mal’akhim. C’est pourquoi le roi Chélomo 15ème génération à partir d’Abraham en est le constructeur. En outre de la âzara des femmes à la âzara des hommes, il existe 15 marches.

Et ils me construiront un sanctuaire, pour que je réside parmi eux, semblable en tout à ce que je t’indiquerai, c’est-à-dire au plan du tabernacle et de toutes ses pièces; et vous l’exécuterez ainsi.

Et ils me construiront un sanctuaire, pour que je réside parmi eux.

L’homme lui-même est un monde réduit. Aussi pour cette raison le texte dit-il : Ils Me feront un sanctuaire et Je résiderai parmi eux. Il ne dit point Je résiderai à l’intérieur du sanctuaire mais parmi eux car étant eux-mêmes, la réplique du monde, la Chékhina,, la présence divine, sera à l’intérieur de chacun. Pour Israël, la Chékhina réside à l’intérieur du Sanctuaire.

Mais le midrache Tanhouma poursuit :

L’offrande de l’or représente Babèl pour laquelle il est dit Danièl 2, 38. :

Tu es la tête en or, l’argent représente les Perses,

Les dix mille quintaux d’argent Esther cf. chap. 3, 9. promis par Hamane à Ahachvéroche, le cuivre représente les Grecs, les peaux de bélier teintes en rouge représentent Édome N.B. Rapprocher Édome, de méouddamim, teintes en rouge..

Le Saint béni soit-Il dit : quand bien même vous seriez sous le joug de ces quatre royaumes, par votre vie, Je vous délivrerai. Il est écrit aussitôt après :

De l’huile pour luminaire. il s’agit du machiah, , messie fils de David.

Ce midrache enseigne que malgré la destruction du Bèt ha-miqdache et les exils successifs, l’huile, symbole de la Tora, finira par apporter la délivrance à Israël.

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