La vache rousse

L’Ét’ernel parla à Mochè et à Aharone en ces termes : Ceci est un statut de la loi qu’a prescrit l’Ét’ernel, savoir : Avertis les enfants d’Israël de te choisir une vache rousse, intacte, sans aucun défaut, et qui n’ait pas encore porté le joug. Vous la remettrez au Kohène Èl’âzar; il la fera conduire hors du camp, et on l’immolera en sa présence. Le Kohène Èl’âzar prendra du sang de l’animal avec le doigt, et il fera, en les dirigeant vers la face de la Tente d’assignation, sept aspersions de ce sang. Alors on brûlera la vache sous ses yeux: sa peau, sa chair et son sang on les brûlera avec sa fiente. Le Kohène prendra du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate, qu’il jettera dans le feu où se consume la vache Bé-midbar 19, 1-6…

La sidra Houqat, traite tout au début de la prescription de la vache roussepara adouma, que le Kohène brûle, en prenant soin de jeter dans le feu, du, bois de cèdre, de l’hysope, et de l’écarlate. Les cendres obtenues, diluées dans l’eau lustrale, l’eau dans laquelle une femme nidda, femme impure par ses menstrues, se trempe pour se purifier, servent à la purification de toute personne rendue impure au contact d’un mort. Cependant l’exécution des diverses opérations rendait le Kohène sacrificateur impur. Ce paradoxe, impurifiant les purs qui la préparent et purifiant les impurs entraîne pour Rachi l’enseignement suivant :

Le satane et les nations du monde objectent à Israël disant : Quelle sorte de mitswa est-ce, et quel en est le sens? Aussi est-il écrit à son propos Houqa,, décret, c’est un statut qui émane de Moi. Tu n’as pas le droit de la critiquer.

Le Yalqout Houqat paragr. 759. écrit :

Ceci est un statut de la loi Bé-midbar 19, 2., Rabbi Yitshaq introduit ainsi Qohèlète 7, 23. :

Tout cela, je l’ai expérimenté avec sagacité; je disais : je voudrais me rendre maître de la sagesse! Mais elle s’est tenue loin de moi.

Chélomo dit: j’ai étudié et compris toute la Tora. Mais parvenu au texte traitant de la vache [rousse], l’ayant analysé, examiné et soulevé des questions, je me suis dit: je voudrais me rendre maître de la sagesse et elle s’est tenue loin de moi!

Il est dit id. 8, 1. :

Qui est comparable au sage et connaît [comme lui] le sens des choses? Il s’agit de Mochè à propos duquel il fut écrit Michelè 21, 22. :

Le sage escalade une ville pleine de guerriers et fait tomber la citadelle où elle mettait sa confiance. Il connaît le sens des choses car il a expliqué la Tora à Israël.Ce midrache tente de comprendre la logique qui sous-tend la prescription de para adoumala vache rousse. Chélomo, le plus sage de tous les hommes, cherche en vain à pénétrer le sens profond de cette prescription. En fait, il s’agit de savoir s’il est possible de connaître toutes les raisons intimes et fondamentales des mitswot. Est-il permis cependant d’envisager un examen approfondi des mitswot pour tenter de connaître le sens de la mitswa et sa raison? Ce débat est celui qui agite et divise les esprits à propos de la démarche philosophique du Guide des Egarés de Rambam. Plusieurs maîtres lui reprochent de chercher à établir la signification de chaque mitswa. Pour eux, la logique humaine a des limites et il n’est point possible de tout comprendre. C’est là l’affirmation de Chélomo. La prescription de para adouma le dépasse par sa logique. Et s’il est impossible pour un esprit aussi éclairé de pénétrer le sens de cette mitswa, il le serait davantage pour un autre. Point n’est besoin d’insister pour en découvrir la raison. Mais est-ce à dire qu’une telle mitswa demeure une énigme pour tous? Non! Mochè parvint à en connaître la signification. Toutes les générations, devant préparer la vache rousse, se contenteront de se référer à la raison connue de Mochè. En affirmant Ils prendront pour toi, le texte souligne que toutes les vaches rousses seront attribuées à Mochè, autrement dit réalisées selon son enseignement.

Aussi, étant donnée la logique peu commune de cette mitswa est-il conseillé d’éviter tout ce qui peut battre en brèche notre système rationnel. Toutefois, devant toute critique venant du Satane et des Nations, il n’y aurait aucune honte à affirmer que même Chélomo fut dépassé par cette prescription.

Le Hinnoukh écrit à propos de cette mitswa Paragr. 397. :

Bien que mon coeur m’avait dicté d’écrire des significations symboliques traditionnelles des prescriptions précédentes et ce, en toute simplicité, après avoir pris soin d’avertir que mon intention était d’instruire mes enfants ainsi que mes jeunes compagnons, D’ieu les protège, à propos de la mitswa de para adouma,, j’ai baissé les bras et j’eus peur d’ouvrir la bouche même si je ne devais en parler que de son sens littéral. J’ai constaté que nos Maîtres avaient longuement parlé à propos de son sens caché et profond. Mais combien de remèdes se rattachent aux herbes du champ, au bois des cèdres du Liban, à l’hysope des pans de murs. Tous ces remèdes agissent dans les deux sens, refroidissant les fiévreux et réchauffant les frigides.

Et sachant la nature de l’âme, son principe, ses affections et sa santé, nous comprendrions le principe de la vache [rousse] qui, au moment de sa préparation, rend l’âme malade en l’impurifiant et, une fois devenue cendres, soigne la maladie relative à l’impureté.

Ces paroles du Hinnoukh sont basées sur le Tanhouma cf. Tanhouma sur la sidra paragr. 1. :

Que soit béni le nom du Roi des rois, le Saint béni soit-Il qui a créé son monde avec sagesse et intelligence dont la grandeur est infinie et les prodiges sans limites… pour t’instruire que par toute chose le Saint béni soit-Il exécute Sa volonté; Il n’a rien créé qui soit en vain. Parfois Il accomplit Sa volonté par une grenouille, par un moustique, par un frelon, ou par un scorpion Le midrache cite plusieurs exemples et le commentaire Êts Yossèf dit qu’il existe dans la création des remèdes dont certains donnent aussi bien la mort que la vie.. Le midrache poursuit Tanhouma sur la sidra paragr. 1. :

Deux personnes, l’une voyante et l’autre aveugle, se trouvaient en chemin. Elles s’installèrent pour se restaurer, prirent de l’herbe du champ qui était à portée de main. Aussitôt le voyant devint aveugle, et l’aveugle voyant.

Cet exemple illustre donc le principe essentiel de la Para adouma qui agit dans les deux sens: impurifiant le pur et purifiant l’impur.

Le midrache Wayi-qra Rabba Chap. 18. affirme par ailleurs :

L’être humain blesse à l’aide du bistouri et soigne à l’aide d’un pansement. Mais le Saint béni soit-Il n’est pas ainsi : Il soigne à l’aide de l’instrument qui blesse.

Ainsi si l’homme blesse son prochain, le remède appartient à D’ieu. Mais quand D’ieu frappe, il soigne de la même manière qu’il a blessé.

De nos jours pour soigner la morsure d’un serpent ou la piqûre d’un scorpion, l’on utilise pour le remède le poison qui provient du serpent ou du scorpion. Le Talmoud Yoma 83a. cite l’enseignement suivant : Quiconque a été mordu par un chien enragé ne doit pas manger de la rate [de ce même chien]. Rabbi Matia fils de Harache le permet.

Rachi explique :

Bien que les médecins utilisent ce remède, ce n’est point un remède efficace pour qu’il soit permis de donner au malade à consommer une partie de bête impure. Mais Rabbi Matia fils de Harache le permet car il considère ce remède efficace.

Tous ces exemples illustrent bien que ce principe, pour incompréhensible qu’il puisse paraître, existe dans la nature. Plusieurs raisons et explications furent avancées à propos de Para adouma. Mais le sens profond relève de D’ieu Lui-même qui prescrit cette mitswa. Il nous appartient de l’accomplir même si notre esprit est incapable d’en saisir le sens profond : C’est un décret émanant de Moi que tu n’as pas le droit de critiquer.

L’Ét’ernel parla à Mochè et à Aharone en ces termes : Ceci est un statut de la loi qu’a prescrit l’Ét’ernel, savoir : Avertis les enfants d’Israël de te choisir une vache rousse, intacte, sans aucun défaut, et qui n’ait pas encore porté le joug.

L’Ét’ernel parla à Mochè et à Aharone en ces termes.

Ce texte soulève des questions.

Il s’agit de comprendre la raison qui motive D’ieu à cacher le sens de cette prescription, recommandant uniquement de la réaliser comme un décret, sans explication rationnelle!

Essayons en premier de comprendre le midrache que rapporte Yalqout Chimôni sur la sidra :

Un païen [Kouti], interpellant Rabbane Yoanane Ben Zakaï, lui dit :

Ce que vous faites donne à penser à la sorcellerie. Vous prenez une vache que vous brûlez, vous la pilez et prenez ses cendres. On asperge celui d’entre vous qui a été impur au contact d’un mort, de deux ou trois gouttes et vous lui dites : tu es pur!

[Rabbane Yoanane] lui répondit :

De ta vie as-tu jamais été habité par un mauvais esprit?

– Non.

– As-tu vu quelqu’un d’autre qui ait été habité par un tel esprit?

– Oui, bien sûr!

– Que lui fait-on?

– On apporte des racines d’herbes que l’on brûle à ses côtés et on lui jette de l’eau. Aussitôt l’esprit le quitte.

– Que tes oreilles entendent bien ce que ta bouche vient de dire. Cet esprit est l’esprit de l’impureté tel qu’il est écrit Zékharya 13, 2. :

Je ferai disparaître, l’esprit de l’impureté de la terre.

Lorsque le [Kouti] est sorti, les disciples lui dirent:

– Notre Maître, celui-ci tu l’as repoussé avec un roseau [un argument simple], mais à nous que diras-tu?

– Par votre vie, le mort n’impurifie pas et l’eau ne purifie pas mais le Saint béni soit-Il a dit : J’ai décrété un statut, J’ai établi un décret. Tu n’as pas le droit de critiquer Mon décret.Rav Alchèkh, analysant ce midrache, y trouve non seulement une réponse à la contradiction relevée à propos de para adouma, purifiant les impurs et impurifiant les purs, comme étant un double décret. Aussi est-ce la raison de la répétition : houqa ha-qaqtij’ai décrété un statutguèzèra gazartij’ai établi un décret.

Mais le processus lui-même de la purification ne peut se comprendre à partir d’une logique humaine. Car comme le souligne Hatam Sofèr, l’explication avancée par Rabbi Mochè ha-Darchane voulant que la prescription de la vache rousse n’est en fait que la réparation de la faute du veau d’or : vienne la mère [la vache] et nettoie l’impropreté occasionnée par le fils [le veau], est insuffisante. Il s’agit plutôt d’un décret. Toutes les explications avancées ne sauraient rendre compte en effet du sens profond de cette mitswa, un sens que seul Mochè détenait comme le souligne le verset par l’expression pour toi, faisant référence à Mochè.

Aussi comprenons-nous que lèmor se rapporte au Satane et aux peuples qui s’objectent à Israël pour cette mitswa. La réponse à faire est simple: Voici le statut de la Tora qu’a ordonné l’Ét’ernel et pas autre chose.

L’Ét’ernel parla à Mochè et à Aharone

Il est inhabituel d’associer Aharone à Mochè pour une injonction divine. Pour cette prescription Aharone est présent aux côtés de Mochè.

Aharone, ayant confectionné le veau d’or, pense être écarté de la possibilité de réparer cette faute. Mais D’ieu l’associe à Mochè pour souligner qu’il est l’égal de Mochè qui, n’ayant pas fauté, n’a rien à se reprocher.

Cependant D’ieu accorde à Aharone une telle considération parce qu’Il veut bien tenir compte de la souffrance de Mochè pour son frère. Selon Rabbi Mochè ha-Darchane, Aharone participe à cette grâce à la prière de Mochè. En effet, la mitswa de la vache rousse, dit-il, a été attribuée à Èl’âzar et non à Aharone parce que suivant la règle: Èn qattègor naâssa sannègorun accusateur ne peut devenir défenseur, celui-ci devait être exclu de l’exécution de cette mitswa.

Ceci est un statut de la loi qu’a prescrit l’Ét’ernel

Zot houqat ha-toravoici le statut de la Tora.

N’est-il point plus judicieux de dire : houqate ha-parale statut de la vache, ou, houqate ha-taharale statut de la pureté? Pourquoi donc avoir employé ha-tora ? En disant houqat ha-tora et non houqat ha-tahara, Or ha-Hayim considère que le statut de la toum’a wé-taharaimpureté et pureté, concerne surtout Israël et non les autres peuples comme l’enseigne Rambam Michenè Tora, Lois sur l’impureté relative au mort, chap. 1, paragr. 13. : Un Kouti ne saurait être impur au contact d’un mort soit par toucher, par le port ou en étant sous le même toit que lui.

Lèmoren ces termes

La Tora utilise toujours cette formule pour indiquer l’ordre de transmettre le message. Mais dans ce cas, Aharone est déjà associé à Mochè. Quant aux Bénè Yisraèl, le texte dit explicitement dabbèr èl bénè Yisraèlparle aux enfants d’Israël. A qui s’adresse donc lèmor? Cette différence dans la conductibilité de la toum’a est consécutive, selon Or ha-Hayim, à l’acceptation de la Tora. Aussi le texte précise-t-il : Voici le statut de la Tora : parle aux enfants d’Israël. Parce que les enfants d’Israël ont reçu la Tora, que la toum’a et la tahara leur ont été ordonnées.

En effet, en s’apparentant à la Tora, l’intellect suprême, le niveau spirituel par excellence, les Bénè Yisraèl sont-ils devenus un pôle d’attraction pour les forces de la toum’a qui ne peuvent tirer leur existence qu’en s’attachant à ce qui est saint et pur. Tant que le Bèn Yisraèl vit, la Tora qu’il étudie et les mitswot qu’il réalise sont là pour l’aider à lutter contre les forces de la toum’a. Une fois mort et livré à lui-même, ces forces s’attachent à son cadavre. Aussi est-ce la raison pour laquelle il dégage une impureté qu’il transmet, par contact, à toute personne qui le touche, le porte ou se trouve sous le même toit.

En revanche, les autres peuples, n’ayant pas de Tora, ne sont en aucune manière un pôle d’attraction pour la toum’a. Le Talmoud Baba Métsiâ 114b. citant le texte Bé-midbar 19, 14. :

Un homme, Adam, qui vient à mourir dans la tente affirme : Israël est Adam et non les Nations. Un Bèn Yisraèl mourant dans une demeure rend tout ce qui s’y trouve, tamè, impur. Chose qui n’arrive pas quand le mort est un Kouti.

Imaginons deux pots, l’un plein de miel et l’autre d’ordures. Exposés à l’air libre, les mouches et les insectes s’attaquent surtout au miel. Il en va ainsi du Bèn Yisraèl. Tant qu’il vit, il arrive à neutraliser la toum’a; mort il ne saurait lui échapper.

La Tora agit alors comme pôle d’attraction mais surtout comme antidote de la toum’aWé-yiqhou èlèkhaIls prendront pour toi

Pourquoi attribuer l’exécution de cette prescription à Mochè? Le texte aurait avantage à dire plus simplement ils prendront.

En disant ils prendront pour toi le midrache Bé-midbar Rabba sur le texte. rapporte au nom de R. Yossi fils de anina que toutes les vaches rousses futures te seront attribuées.

Maor wa-Chèmèche y décèle l’importance du rôle de Mochè qui, malgré l’absence du Bèt ha-Miqdache et des cendres de la vache rousse, la Tora de Mochè agit comme substitut. Aussi cette prescription est-elle précédée de la phrase introductive Voici le statut de la Tora… pour bien souligner que l’étude de la Tora remplace parfaitement tout ce qui se rapporte à la vache rousse.

Pour Or ha-Hayim, quiconque accomplit cette mitswa, parce qu’elle représente un décret divin, houqate ha-torale statut de la Tora, décret sans explication rationnelle apparente, est considéré comme ayant accompli toute la Tora que l’Ét’ernel a ordonnée.

C’est évident, car quiconque est prêt à accomplir un décret montre en fait qu’il est prêt à accomplir la Tora dans toute sa totalité.

Vous la remettrez au Kohène Èl’âzar; il la fera conduire hors du camp, et on l’immolera en sa présence. Le Kohène Èl’âzar prendra du sang de l’animal avec le doigt, et il fera, en les dirigeant vers la face de la Tente d’assignation, sept aspersions de ce sang. Alors on brûlera la vache sous ses yeux: sa peau, sa chair et son sang on les brûlera avec sa fiente.

Sforno tente, à partir de ce texte, d’enseigner comment réaliser la téchouvale repentir. Pour lui, la prescription de la vache rousse, bien que n’étant plus actuelle, n’en continue pas moins à enseigner les principes de la téchouva.

Ainsi, dit-il, tous les intervenants dans la préparation des cendres de la vache rousse depuis le Kohène qui la jette au feu, brûle le bois de cèdre, l’hysope et l’écarlate, recueille les cendres jusqu’à l’individu qui touche au cadavre ou le transporte seront impurs. Mais le Kohène qui asperge et sanctifie est pur.

De même, cette vache, devant être entièrement rousse, rappelle la situation de faute et de culpabilité selon les paroles Yéchâya 1, 18. : Si vos fautes sont rouges comme l’écarlate, elles blanchiront comme la neige.

Le Talmoud Yoma 67a. rapporte que, pour le sacrifice du bouc émissaire, on attachait aux portes du sanctuaire une bande rouge. Devenant blanche, elle procure joie et bonheur car c’est là le signe du pardon divin; ils sont mécontents dès lors qu’elle demeure rouge.

Aussi convient-il de prêter attention au fait que la voie royale dans la conduite morale est celle du juste milieu. Car les extrêmes sont à éviter. Chélomo dit Michelè 28, 18. : Qui marche dans l’intégrité sera sauvé, mais qui suit des voies tortueuses tombera d’un coup. Il faut comprendre, en fait, que suivre les voies tortueuses mène à tomber dans l’un des extrêmes.

Par ailleurs, parvenir au juste milieu, la voie royale, n’est possible qu’en prenant la direction opposée. Pour redresser un bâton la première opération serait de le tordre dans le sens opposé. Ainsi également agit-on vis-à-vis des malades id. 20, 30. : De cuisantes blessures sont comme un onguent pour le méchant.

Enfin les cendres de la vache ne sont utilisées que pour purifier de l’impureté au contact d’un cadavre.

L’étude de la Tora et l’application des mitswot procurent la vie à ceux qui s’y adonnent tel qu’il est dit Dévarim 32, 47. : Car elle [la Tora] est votre vie. Celui qui s’en détache pour suivre les futilités, penche vers la mort ou sera considéré comme mort tel que le précise le Talmoud Bérakhot 18b. : Même de leur vivant, les impies sont désignés comme morts.

Le Kohène prendra du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate, qu’il jettera dans le feu où se consume la vache.

Le Kohène prendra du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate

Pour nos maîtres, le bois de cèdre représente l’orgueil alors que l’hysope symbolise la modestie. Et comme on doit leur associer l’écarlate, la Tora considère autant l’orgueilleux que le modeste coupables car chacun opte pour un extrême Sota 5a. .

Par contre, quiconque dirige le peuple se doit pour le bien de ses sujets avoir une certaine fierté. Le Talmoud condamne Chaoul pour avoir négligé de réclamer d’Israël le respect et l’honneur qui lui reviennent. Il est dit à ce propos Chémouèl I 10, 27. : Et ils le [Chaoul] méprisèrent et ne lui offrirent point de présents. Chaoul s’y montra indifférent.

Après toutes ces remarques, on pourrait affirmer que cette mitswa, bien qu’étant un décretindéniable, possède une raison et un sens profonds que seul D’ieu et, sans doute, Mochè, connaissent.

Toutefois il s’en dégage un enseignement relatif à la téchouva nécessaire à tout pécheur. Pour ce faire, l’homme doit tendre à l’extrême opposé, autrement dit agir dans le sens contraire des actes qui avaient impurifié son coeur afin d’atteindre la voie du juste milieu et se purifier. Cette conduite, valable pour le pécheur, ne convient certes pas au juste et au vertueux. Bien au contraire, elle pourrait le rendre impur comme le Talmoud Taânit 11a. dit à propos du nazir, qui, s’abstenant du vin, mérite d’être appelé pécheur parce qu’il faute contre son âme en la privant du vin.

L’eau lustrale, composée des cendres de la vache et de l’eau, deux extrêmes pouvant engendrer une voie intermédiaire, montre que, par le choix d’une telle voie, le pécheur répare ses fautes. Cette réparation consiste en une purification, tel qu’il est dit Wayi-qra 16, 30. : Vous serez purs de tous vos péchés devant l’Ét’ernel.

Reste à réfléchir sur la signification de ces assertions : tout homme impur au contact d’un mort impurifie le michekane en y pénétrant, de même quiconque est impur en étant présent dans la demeure d’un cadavre impurifie le sanctuaire de D’ieu.

Pour Sforno, il s’agit de toute personne dont la mauvaise conduite impurifie et son coeur et son âme, résidence divine, en ce sens que l’âme représente l’image de D’ieu, pour s’attacher aux valeurs négatives. C’est cela même l’impureté au contact du mort.

Quiconque pénètre dans un lieu où se trouve un cadavre s’attache, en fait, à la matière qui souille le sanctuaire de D’ieu parce que la matière l’empêche d’atteindre l’objectif réel, être saint et proche de D’ieu.

Cette impureté ne saurait exister qu’au niveau d’Israël dont le cadavre, l’être physique, par le rôle important qu’il joue dans l’application des mitswot est susceptible de se rendre coupable de fautes et péchés. Le péché représente l’impureté de l’être physique.

Mais les sages, en indiquant la voie aux pécheurs, agissent comme le Kohène qui asperge d’eau lustrale l’impur pour le purifier. Aussi, les sages dont le rôle est de sanctifier les impurs sont-ils protégés contre la toum’a et, par suite, assurés de ne jamais être impurs.

Le principe de para adouma établit clairement que la faute est d’autant plus grave que le coupable possède une conscience morale aiguë. Ainsi, la faute du veau d’or apparaît-elle aux yeux d’Israël insignifiante parce que selon Ibn Èzra, Kouzari et Abrabanèl, l’intention était seulement d’attirer la Gloire de D’ieu à résider sur la matière, l’or. Alors qu’Aharone dont les intentions étaient pures se reprochait toujours d’avoir commis cette faute. Voici donc Para adouma qui expie la faute du veau d’or en purifiant les impurs, Israël, et rend impur Aharone qui était pur.

Leave a Reply

Discover more from

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading