L’appel divin à Mochè
L’Ét’ernel appela Mochè, et lui parla, de la Tente d’Assignation, en ces termes : Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : si quelqu’un d’entre vous veut présenter à l’Ét’ernel une offrande de bétail c’est dans le gros ou le menu bétail que vous pourrez choisir votre offrande. Si cette offrande est un holocauste pris dans le gros bétail, il l’offrira mâle, sans défaut, il le présentera au seuil de la Tente d’Assignation, pour être agréable à l’Ét’ernel. Il appuiera sa main sur la tête de la victime, et elle sera agréée en sa faveur pour lui obtenir propitiation Wayi-qra 1, 1-4..
Le houmache Wayi-qra, , est appelé Torat kohanim, car il traite des lois relatives au Bèt ha-miqdache, des sacrifices, ha-qorbanote, et des devoirs spécifiques aux Kohanim.
Le Midrache Wayi-qra Rabba rapporte :
L’Ét’ernel appela Mochè, et lui parla de la Tente d’assignation, en ces termes id. 1, 1..
Rabbi Tanhoum fils de anilaï dit en guise d’introduction Téhillim 103, 20. : Bénissez l’Ét’ernel, vous, ses anges, il s’agit des prophètes [appelés ainsi] suivant le texte Bémidbar 20, 16. :
Il a envoyé un mandataire mal’akh, qui nous a fait sortir d’Égypte. Il est dit également Divrè ha-Yamim 2, 36, 16. :
Mais ils raillaient les messagers de D’ieu.
Autre exemple similaire Chofétim 2, 4 5. :
Un envoyé de l’Ét’ernel s’en vint de Guilgal à Bokhim. Était-il un ange? S’agissant en vérité que de Pinhas, pourquoi l’appelle-t-on un ange? Parce que l’inspiration divine s’emparant de lui, son visage éclairait comme des flambeaux. Nos Maîtres enseignent à propos de la femme de Manoah : elle dit id. 13, 6. :
Un homme de D’ieu est venu à moi, et son aspect était comme celui d’un ange, fort imposant. Elle le prend pour un prophète alors qu’en réalité il s’agit d’un ange.
Rabbi Yohanane dit : Dès la maison paternelle, [nous savions] que les prophètes sont appelés anges ainsi qu’il est écrit Haggaï 1, 13. :
Or, aggaï envoyé de l’Ét’ernel; en vertu de sa mission divine.. Les prophètes sont donc appelés anges, mal’akhim, ainsi qu’il est dit Téhillim 103, 20. :
Bénissez l’Ét’ernel, vous, ses anges, héros puissants, qui exécutez ses ordres, attentifs au son de sa parole. D’habitude, une charge lourde pour une [personne], est légère pour deux; lourde pour deux, elle devient légère pour quatre. Est-il possible que ce qui est pesant pour soixante myriades soit léger pour un seul homme? Tout Israël debout devant le Mont Sinaï s’exprime ainsi Dévarim 5, 22. :
Si nous entendons une fois de plus la voix de l’Ét’ernel, notre D’ieu, nous sommes mortsalors que Mochè, lui, entendant la voix divine, demeure en vie! Sache donc qu’il en est ainsi car de tous, la parole ne fut adressée qu’à Mochè. Aussi est-il dit Wayi-qra 1, 1. :
L’Ét’ernel appela Mochè. On en déduit que les tsaddiqim, les Justes, dépassent par leur valeur les anges serviteurs, mal’akhè ka-charète, car ceux-ci entendant Sa voix, émus, battent en retraite. En revanche, les tsaddiqim peuvent entendre Sa voix tel qu’il est dit Yoèl 2, 11. :
L’Ét’ernel fait retentir Sa voix à la tête de Son armée, car innombrable est Sa horde, car forts sont ceux qui exécutent Ses ordres.
Sa horde, son camp, il s’agit des anges, des mal’akhim tel qu’il est dit Bérèchit 32, 3. :
Ceci est la légion du Seigneur!. Et qui est plus fort que [les anges]? Ce sont les tsaddiqim ainsi qu’il est dit :
car forts sont ceux qui exécutent Ses ordres.
Ceux qui exécutent Ses ordres. Il s’agit de Mochè. [D’ieu] lui demande de construire le Michekane, , et, Mochè se hâte de le faire. Pourtant il se tient à l’extérieur, craignant d’y pénétrer selon le texte Chémot 40, 35. :
Et Mochè ne put pénétrer dans la Tente d’Assignation, parce que la nuée reposait au sommet et que la majesté divine remplissait le Michekane.
Le Saint béni soit-Il dit : il n’est pas convenable que Mochè qui a tant souffert pour le construire se tienne à l’extérieur! C’est pourquoi L’Ét’ernel appela Mochè. C’est bien ce qui est dit Téhillim 103, 20. :
Héros puissants, qui exécutez ses ordres, attentifs au son de sa parole.
Le midrache s’interroge sur la nature et le rôle que doit remplir le Michekane dans l’existence d’Israël. C’est là que réside, certes, la Chékhina, la présence divine, après la faute du veau d’or, hète ha-êguèl, rétablissant ainsi l’harmonie et la paix entre D’ieu et Israël. C’est à partir du Sanctuaire que D’ieu s’adresse à Mochè et à Israël.
Le Michekane, érigé, reçoit, en effet, la Chékhina. Mais Mochè, maître d’oeuvre et artisan de la résidence divine, n’ose toujours pas y pénétrer. Est-ce par pure retenue et pudeur ou simplement se sent-il indigne, incapable de jouir de la majesté divine?
De toute évidence, Mochè se doit d’être auprès de D’ieu, dans le Michekane. Interlocuteur de D’ieu, il est appelé à veiller au maintien de la communication entre D’ieu et Israël. À ce titre, il est naturel que Mochè se tienne en proximité de D’ieu plutôt qu’à l’extérieur du Michekane. Il se retient, pensant qu’il est loin de mériter l’insigne honneur d’être dans l’intimité du Créateur. D’ieu, remarquant la réserve et l’humilité de Mochè, l’invite à Le rejoindre au Sanctuaire.
Le Midrache s’attarde sur l’appel divin à Mochè. Il révèle toute l’affection et la considération que témoigne D’ieu à son serviteur. Si D’ieu demande de construire le Michekane, c’est bien pour jouer un rôle important auprès des hommes! Mochè est porteur du message divin. Prophète, il dépasse l’ange divin. Et l’appel est là pour signaler la relation privilégiée que les tsaddiqim, les justes, tel Mochè, entretiennent avec D’ieu.
Les mal’akhim, anges divins, sont incapables d’écouter la voix divine sans battre en retraite. En revanche, l’appel adressé à Mochè est destiné à le rapprocher d’avantage de D’ieu. Bien plus, là où les 600.000 hommes d’Israël et, parmi eux, un grand nombre de tsaddiqim, ne peuvent entendre la voix divine, sans trembler et craindre pour leur vie, Mochè, quant à lui, parvient non seulement à l’entendre mais à transmettre le message de D’ieu aux Bénè Yisraèl.
L’appel fait à Mochè prend une signification particulière : il met en valeur les sentiments d’affection et les relations d’intimité que D’ieu éprouve pour Mochè. Nos maîtres diront cf. voir Rachi sur le texte : Wayi-qra est un langage d’affection.
L’Ét’ernel appela Mochè, et lui parla, de la Tente d’Assignation, en ces termes.
L’Ét’ernel appela Mochè.
Tous les commentateurs, à la suite du midrache, s’interrogent sur la signification de l’appel.
Pour Rambane, Mochè n’ose pénétrer dans la Tente d’Assignation car c’est là que réside la chékhina. Il ne convient pas que Mochè pénètre sans y être invité.
Maor Wa-Chèmèche, soulignant après le Midrache Rabba que l’appel divin précède toujours les paroles et les prescriptions, s’interroge également sur la signification de l’appel.
À trois reprises, dit-il, Mochè se tient à l’écart. Dans la vision du buisson ardent, D’ieu lui fait violence. Si Mochè ne consent pas à accomplir la mission divine, aucun autre ne sera envoyé pour délivrer Israël.
Près de la mer rouge, Mochè refuse de procéder à son partage. D’ieu lui enjoint alors de passer à l’action car nul autre ne réalisera ce partage.
Pour pénétrer dans la Tente d’Assignation, Mochè s’est tenu en retrait jusqu’à l’appel de D’ieu.
Pour Maor Wa-Chèmèche, ce midrache signifie que les tsaddiqim, dans chaque génération, ne doivent nullement penser que leur niveau de perfection morale leur assure la pérennité de leur mission et ce, même si à plusieurs reprises, ils l’avaient accomplie. Bien qu’étant mieux préparé et plus apte que d’autres à accomplir cette mission, le tsaddiq doit faire preuve d’humilité et de modestie, refuser la mission à moins d’y être contraint par D’ieu. Aussi Mochè se tient-il à l’écart, n’étant pas préparé, croit-il, à transmettre la parole divine à Israël. D’ieu rappelle donc que nul autre prophète, à l’exception de Mochè, ne serait apte à la transmettre.
Rav Alchèkh remarque l’absence du sujet du verbe, Wayi-qra, Il appela. L’Ét’ernel, sujet à la fois de Wayi-qra et de Way-dabbèr, n’apparaît que lorsque la parole fut adressée à Mochè.
En réalité, dit-il, point n’est nécessaire de le mentionner car en remontant au passage précédent il est précisé Chémot 40, 34. : Alors la nuée enveloppa la Tente d’Assignation, et la majesté du seigneur remplit le Michekane. L’appel ne saurait provenir que de D’ieu.
Pour les Maîtres du Midrache, un grand honneur dépassant celui attribué à Abraham lors du sacrifice d’Yitshaq fut réservé à Mochè. Le mal’akh, l’ange divin, appelle auparavant Abraham et ensuite D’ieu s’adresse à lui comme ferait un roi pour convoquer son ami en lui envoyant un messager. Dans le cas de Mochè, l’appel, la convocation se fait directement par D’ieu Lui-même. L’absence de l’appelant, le fait de ne pas mentionner Son Nom, répond au seul souci de respecter D’ieu.
Kéli Yaqar remarque que Wayi-qra, comporte l’alèf final en petit caractère par rapport aux autres lettres. Se référant au midrache Bérèchit Rabba chap. 52, paragr. 6., il souligne la modestie de Mochè qui compare sa prophétie à celle de Bil’âm. À propos de Bil’âm la Tora emploie Bémidbar 23, 4. Wayi-qar, signalant la contingence de la parole divine qui s’adresse toujours à lui par accident. Mochè veut écrire à son propos wayi-qar également et non wayi-qra. Mais devant l’insistance de D’ieu, Mochè use de compromis en écrivant l’alèf petit.
Ce compromis se justifie, cependant, car pour Mochè la prophétie était à la fois essentielle et contingente. En effet, de par son essence Mochè est préparé à recevoir la névoua, la prophétie. Mais grâce à Israël, Mochè atteint une névoua contingente, d’un degré et d’une nature supérieurs puisqu’il est seul à mériter de parler à D’ieu dans un face à face cf. Chémot 33, 11.. Aussi est-ce la raison pour laquelle le midrache Sifrè sur wé-zot ha-bérakha 39. partant du texte Dévarim 34, 10. :
Mais il n’a plus paru, en Israël, un prophète tel que Mochè, précise : mais chez les autres nations, il a paru. Quel est-il? Bil’âm!
Ce midrache souligne que si Bil’âm eut le mérite d’être le prophète des nations, c’est uniquement pour leur transmettre l’affection dont jouit le peuple d’Israël.
Mochè faillit connaître une disgrâce. Après la faute du veau d’or, il courut le risque de perdre la névoua. Ainsi s’exprime D’ieu Chémot 32, 7. : Va, descends! car on a perverti ton peuple que tu as tiré du pays d’Égypte! Et Rachi d’expliquer : descends de ta grandeur! car Mochè n’est Mochè que par rapport à Israël.
Pour Or ha-Hayim, l’absence du sujet de Wayi-qra révèle que D’ieu, quoique l’appelant d’une voix puissante, ne se fait entendre que de Mochè. En effet, le texte n’écrit pas à dessein : L’Ét’ernel appela Mochè, pour bien souligner que, malgré la proximité d’Aharone, des Anciens et du peuple, malgré la puissance de la voix divine, l’appel n’est entendu que de Mochè.
En outre le midrache Wayi-qra Rabba chap. 1, paragr. 8. rapporte les propos d’Aharone, de ses fils et des Anciens : Nous ne saurons lequel d’entre nous est préféré que lorsque D’ieu, le convoquant, lui adresse la parole. Aussi n’est-il point nécessaire de mentionner le sujet de Wayi-qra puisque tous sont en attente de l’appel qui désigne l’élu de D’ieu.
Et lui parla de la Tente d’Assignation.
S’adressant à Mochè, point n’est besoin de préciser Èlaw, à lui.
Or ha-Hayim enseigne qu’Èlaw souligne justement que seul Mochè est en mesure d’entendre la voix divine. Èlaw exclut les Bénè Yisraèl et l’expression de la Tente d’Assignation exclut également les kohanim pouvant être présents.
De la Tente d’Assignation,
Pour une construction plus logique, le verset s’énoncerait ainsi : L’Ét’ernel appela de la Tente d’Assignation Mochè et lui parla. Autrement dit, il eût été préférable de mentionner en premier le lieu marquant la provenance de la voix divine avant de mentionner l’interlocuteur.
Mais l’enseignement de Torat Kohanim, précisant que chaque fois que D’ieu s’adresse à Mochè, l’appel divin de la Tente d’Assignation précède, justifie donc le fait que le lieu soit mentionné en dernier.
En outre, Torat Kohanim signale que la voix divine ne dépasse jamais la Tente d’Assignation. En effet, le texte retarde la mention du lieu pour enseigner à la fois que l’appel précédait toute parole divine et que l’appel ne dépassait pas la Tente d’Assignation.
Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : si quelqu’un d’entre vous veut présenter à l’Ét’ernel une offrande de bétail c’est dans le gros ou le menu bétail que vous pourrez choisir votre offrande.
Parle aux enfants d’Israël et dis-leur.
Que signifie la répétition parle et dit, dabbèr wé-amarta? Pourquoi également ce changement : c’eût été mieux d’écrire dabbèr wé-dibbarta, ou èmor wé-amarta ?
Comme le texte entend parler de deux catégories de sacrifices, ceux qui sont offerts à titre de nédava, offrande facultative et ceux à titre obligatoire pour l’expiation des fautes, l’emploi des deux termes se justifie.
En effet, dabbèr, signifiant parole rudoyante s’applique à l’offrande des sacrifices obligatoires pour expier les fautes. En revanche wé-amarta, parole douce se rapporte aux sacrifices facultatifs émanant de la bonne volonté de l’homme.
Wé-amarta dérive du verbe amor, signifiant également élever à une dignité, il s’applique aux sacrifices facultatifs qui, n’étant pas offerts dans le but d’expier des fautes, ne peuvent que hausser l’homme à un niveau spirituel élevé cf. Or ha-Hayim..
Si quelqu’un d’entre vous veut présenter à l’Ét’ernel offrande de bétail.
Dans sa tentative de justifier l’emploi de adam, un homme, Rachi dit que pour offrir des sacrifices, l’homme devra agir comme Adam ha-richone, le premier homme, qui n’offre un sacrifice à D’ieu que de ses biens et non du guèzèl, du vol, car, étant seul, tout le monde lui appartenait. Ainsi l’homme ne doit-il offrir que de ce qui lui appartient en propre et non à autrui, autrement dit à quelqu’un mikkème, d’entre vous.
Sforno explique mikkème, d’entre vous, par, mè-âtsmékhème, de votre être. Ainsi l’homme, avant d’offrir un sacrifice, doit-il au préalable reconnaître son iniquité et soumettre son être à D’ieu. Car quel intérêt à offrir des sacrifices quand ils ne sont pas accompagnés de soumission?
Aussi est-il dit Hochèâ 14, 3. : Nous voulons remplacer les taureaux par cette promesse de nos lèvres. Il est également dit Téhillim 51, 4. : Les sacrifices [agréables] à D’ieu, c’est un esprit contrit.
Le texte emploie tout au début, au singulier si quelqu’un d’entre vous veut présenter…, ki yaqriv, pour finir par un pluriel vous pourrez choisir votre offrande, taqrivou ète qorban’khème, fait dire à Rachi que deux individus peuvent offrir un sacrifice en association.
Kéli Yaqar pense que cette formulation, singulier et pluriel, attire l’attention sur deux écueils à éviter lors de l’offrande d’un sacrifice. Ce sont les deux défauts de Qayine et de Hèvèl, premiers hommes à présenter une offrande à D’ieu. Qayine prend l’initiative d’offrir du produit de la terre, non du précieux mais du vil. Hèvèl, quant à lui, offre, certes, des premiers-nés de son bétail, du précieux et du meilleur mais il ne fait que suivre l’exemple de son frère.
Aussi le texte recommande-t-il d’agir à l’exemple d’Adam et se considérer seul au monde. L’intention et la volonté d’offrir un sacrifice ne sont nullement en réaction à l’action de l’autre mais plutôt une initiative personnelle. La spontanéité et le soin mis à choisir l’offrande constituent les véritables critères d’un Qorbane la-Chèm, un sacrifice dédié à D’ieu. C’est pourquoi le Talmoud Chabbat 28b. souligne que le boeuf offert en sacrifice par Adam n’avait qu’une seule corne. Car Adam, étant seul au monde, n’agit que de sa propre initiative.
Pour éviter le défaut de Qayine le texte précise dans le gros ou le menu bétail et non de ce qui est peu précieux mais plutôt comme avait agi Hèvèl en offrant du meilleur de son bétail.
Cependant Or ha-Hayim, citant le Midrache Tanhouma sur le texte, justifie l’emploi de Adam, à la place de iche, par l’intention du texte d’exiger de l’homme coupable d’une faute morale un comportement rappelant celui d’Adam qui, pour réparer sa faute, offre un sacrifice.
De plus, il accorde à Adam, un titre de noblesse. Adam indique en effet une importance par rapport à Iche cf. Zohar III, 48, 2.. La meilleure offrande, pour Adam, l’homme parfait, consiste à rapprocher de D’ieu les impies qui, par leur révolte, s’en sont éloignés.
Le terme mikkème, d’entre vous, désigne ceux qui se sont détachés de leur racine véritable et qui, par leur conduite, ont perdu leur identité essentielle. En les rapprochant de D’ieu, le tsaddiq réalise le meilleur qorbane, dont la signification est, en fait, rapprochement. Agissant ainsi, il n’a nullement besoin d’un sacrifice. Ainsi le Talmoud dira-t-il Yoma 87a. : Quiconque ramène les pécheurs à l’innocence, ne sera jamais la cause du péché. Et, point de faute point de sacrifice.
Si cette offrande est un holocauste pris dans le gros bétail, il l’offrira mâle, sans défaut, il le présentera au seuil de la Tente d’Assignation, pour être agréable à l’Ét’ernel.
Si cette offrande est un holocauste pris dans le gros bétail, il l’offrira mâle, sans défaut, il le présentera.
Kéli Yaqar tente d’expliquer la raison qui fait que pour ôla, holocauste, la victime est toujours un mâle; hatate, expiatoire, elle est une femelle; les chélamim, rémunératoires, elle est mâle ou femelle.
La ôla est offerte pour réparer toute faute qui se réalise au niveau de la pensée. Comme la faute n’est pas passée de l’intention à l’acte, ce qui revient à dire que l’homme ayant su maîtriser son yètsèr ha-râ, son mauvais penchant, s’est comporté comme un homme véritable. C’est pourquoi pour son holocauste, il doit offrir un mâle.
Mais pour hatate, l’homme commet la faute même au niveau de l’acte, se comportant ainsi comme une femelle. Parce qu’il n’a pas su se maîtriser, son sacrifice sera constitué par une femelle.
Les chélamim, sacrifices rémunératoires, ne répondant pas à la réparation d’une faute, sont mâles ou femelles et leur abattage se fait dans tout endroit de la âzara, parvis de Bèt ha-Miqdache. En revanche, pour hatate l’abattage se fait au côté nord de la âzara car le nord symbolise le yètsèr ha-râ que l’homme n’a pas su maîtriser.
En outre, la ôla réparant les fautes situées au niveau de l’esprit, de la pensée comparé au mâle, son qorbane, le sacrifice, sera un mâle. La hatate réparant les fautes situées au niveau du homèr, de la matière, comparée à la femelle, le qorbane sera une femelle. Les chélamim comme leur nom l’indique réalisent la paix, chalom, entre l’autel, les Kohanim et le propriétaire du sacrifice sont mâle ou femelle puisqu’ils satisfont les trois.
Il appuiera sa main sur la tête de la victime, et elle sera agréée en sa faveur pour lui obtenir propitiation.
Il appuiera sa main sur la tête de la victime.
La sémikha, l’appui sur la tête de la victime consiste à faire prendre conscience au pécheur que la bête sacrifiée prend en fait sa place. Le sacrifice est en remplacement du coupable car c’est son châtiment que supporte l’animal.
Pour Kéli Yaqar, l’expiation réside essentiellement dans cette sémikha. Aussi le texte poursuit : elle sera agréée en sa faveur pour lui obtenir propitiation.
Par ce sacrifice l’Ét’ernel sera disposé, selon Rambane à pardonner au coupable. Tout se passe comme si une réconciliation entre D’ieu et l’homme intervient de telle sorte qu’Il ne sera plus irrité contre l’homme. C’est là le sens de l’expiation.
Ainsi la faute entraîne une rupture d’harmonie et d’unité entre D’ieu et l’homme. Pour ramener cette harmonie l’homme se doit par l’offrande de son sacrifice de prendre conscience du ravage moral qu’il a provoqué à tous les niveaux. Le retour à l’innocence est la condition première au retour à l’harmonie essentielle de l’homme et de la création.