L’élection d’Israël

Après les recommandations de construire un sanctuaire pour Sa résidence, D’ieu ordonne de choisir l’huile d’olive pure pour l’éclairage. D’ieu est la lumière du monde. De Lui émanent le rayonnement et la clarté pour toute l’existence! Pourtant D’ieu réclame que l’on procède chaque jour à l’allumage du chandelier. La lumière est le symbole de la joie. Les relations d’amour entre Israël et D’ieu trouvent leur parfaite expression dans la joie la plus éclatante.

Le Midrache(1), citant le texte(2) :

D’ieu t’avait dénommé : “Olivier verdoyant remarquable par la beauté de son fruit…” rapporte : “C’est bien ce que le texte exprime(3) :

Comme elle se dresse magnifique, joie de toute la terre, la montagne de Sion!…” Que signifie yéfè nof, paysage magnifique? En grec, une fiancée est appelée namfi (nymphe) La joie de toute la terre. Tant que Bèt ha-Miqdache existe, nul, parmi Israël, n’était inquiet. Pourquoi? L’homme pénètre chargé de fautes et, offrant des sacrifices, en sort expié. Il n’y a pas de plus grande joie que d’en sortir parfait.

Ainsi donc : “Comme elle se dresse magnifique, joie de toute la terre!

Il écrit à propos de Tsor (Tyr)(4) :

Tsor, tu as dit : Je suis d’une beauté achevée.” C’est toi qui le dis; nul autre ne l’affirme. En revanche, tous font la louange de Yérouchalayim(5) :

Est-ce là [disent-ils] la ville qu’on appelait un centre de beauté, les délices de toute la terre?” Et il est écrit(6) :

La montagne de Sion, aux flancs dirigés vers le nord, la cité d’un roi puissant!” Il s’agit de l’endroit où on offre des sacrifices tel qu’il est dit(7) :

On l’immolera au côté nord de l’autel.” C’est pourquoi il est dit : “Olivier verdoyant remarquable par la beauté de son fruit.” De même que l’huile éclaire, ainsi le Bèt ha-Miqdache éclaire le monde entier ainsi qu’il est dit(8) :

Et les peuples marcheront à ta lumière.” Aussi est-ce la raison pour laquelle Israël est appelé Olivier verdoyant car il éclaire le monde. C’est pourquoi le Saint béni soit-Il dit à Mochè(9) :

Qu’ils Me choisissent une huile d’olive pure.” Non pas que J’ai besoin de vous mais éclairez-Moi comme Je vous avais éclairés. Dans quel but? C’est pour vous élever face aux nations qui diront : Israël éclaire Celui qui éclaire tout.

Ceci fait penser à un voyant et un non-voyant qui marchaient ensemble. Le voyant dit au non-voyant : appuie-toi sur moi. Le non-voyant poursuit ainsi son chemin. Arrivés à la maison, le voyant dit au non-voyant. Va allumer la lampe et éclaire-moi. Afin que tu ne sois point mon obligé, t’ayant accompagné, je te demande de m’éclairer. Le voyant n’est autre que le Saint béni soit-Il tel qu’il est dit(10) :

C’est que l’Ét’ernel promène Ses regards sur toute la terre.” Le non-voyant n’est autre qu’Israël comme il est dit(11) :

Nous errons comme des aveugles le long d’un mur comme des gens privés de leurs yeux nous marchons à tâtons; nous trébuchons en plein midi comme au crépuscule.” C’était lors [de la faute] du veau à la sixième heure. Malgré cela, le saint béni soit-Il les éclaire et les conduit tel qu’il est dit(12) :

L’Ét’ernel les guidait, le jour, par une colonne de nuée qui leur indiquait le chemin.” Le Michekane étant érigé, Il appelle Mochè et lui dit : “qu’ils Me choisissent une huile d’olive pure.” Israël répondit : c’est Toi qui éclaires ma lumière et Tu nous demandes d’éclairer devant Toi. C’est, reprit-Il, afin de vous élever que je vous demande de M’éclairer comme Je vous ai éclairés. C’est pourquoi il est dit : Olivier verdoyant.”

De toute évidence ce midrache tente de relever tout ce qui fait la beauté d’Israël. Mais quelle signification accorde-t-il à la beauté. La beauté physique consiste en l’ensemble de traits et caractéristiques qui s’imposent par leur singularité mais également par l’harmonie qui s’en dégage. Cette beauté est d’autant plus appréciée que l’impression qu’elle laisse est intense.

Mais il existe des beautés qui font l’unanimité. Elles sont par essence belles. C’est à ce niveau que se situe la beauté d’Israël. Il le compare à l’olivier verdoyant. Pourquoi l’olivier? Il est le seul arbre qui, en toutes saisons hiver comme été, garde un feuillage verdoyant. Alors que les autres arbres perdent leurs feuilles en automne, l’olivier demeure habillé de verdure. De plus, le fruit est beau et recherché. Certes il est amer mais le séjour dans l’eau saumâtre le rend doux et apprécié. Son huile, pour la consommation comme pour l’éclairage, est nécessaire voire indispensable. Mieux encore, il est une des rares plantes avec la vigne qui ne supportent pas de greffe. Israël est comparé à ces plantes dont la beauté et le fruit le rendent indispensable à l’humanité. Comme eux, il ne peut accepter de greffe. Il y a toujours rejet de tout corps étranger qui tente de se greffer à lui.

Remarquable par la beauté de son fruit, l’arbre est beau et le produit aussi. Cela est rare! La beauté a tendance à tourner la tête. Rarement la beauté se marie avec la bonté. Le beau est souvent porté à l’orgueil, à la méchanceté. Mais plus le beau est bon et plus il est apprécié. Il faut donc, pour viser l’idéal et l’absolu, que le produit soit aussi beau que l’arbre. Israël est beau, ses actions, sa conduite sont belles. Tout resplendit en lui. Même le pays, les villes et surtout la montagne de Sion resplendissent.

Israël, par sa fidélité à la Tora et aux mitswot s’érige en peuple aimé et apprécié de D’ieu. Ainsi s’exclame le Roi Chélomo(13) : “Tu es toute belle mon amie, et tu es sans défaut.” La beauté pour Israël est d’être fidèle à D’ieu. Cette fidélité n’est pas affaire simple. Elle nécessite une conduite morale parfaite. Or l’homme est appelé souvent, parce que sollicité par le yètsèr ha-râ, à fauter et à désobéir. Est-ce à dire pour autant qu’il perd sa beauté, sa perfection?

Non! Sion, joie de toute la terre, est là pour rétablir l’équilibre moral et ramener l’harmonie. En effet, le rôle du Bèt ha-Miqdache consiste à purifier le peuple d’Israël de son imperfection morale. Grande est la joie qui en résulte. Car offrant des sacrifices pour expier ses fautes, Israël en sort parfait et lavé de toutes ses impuretés.

Israël s’accorde parfaitement à ce paysage exceptionnellement beau, le Bèt ha-Miqdache, auquel il recourt pour réparer ses imperfections. La beauté remarquable de Yérouchalayim et du Bèt ha-Miqdache est attestée par tous. Tout le monde reconnaît la mission de Yérouchalayim.

Tsor, sa rivale, se dit belle mais nul ne reconnaît sa beauté. Que représente Tsor pour l’humanité? Pour tous, Tsor est orgueilleuse, fière et ambitieuse. Elle est la source de toute imperfection morale. Que retient d’une telle ville l’humanité en dehors de ses débordements et sa débauche! Ce qui compte c’est la beauté physique. Ses références et son idéal demeurent tout ce qui se rattache à la matière à la beauté physique. Comme la matière, elle sera vouée à la ruine, à l’anéantissement. Elle ne peut renaître de ses ruines.

En revanche, Yérouchalayim est belle. Sa beauté est celle de ses vertus. Les valeurs constituent son être. Elle ne vit que pour D’ieu, les mitswot et la Tora. L’air ambiant inspire la crainte et l’amour de D’ieu. Le Bèt ha-Miqdache est ce pôle d’attraction pour qui recherche la parole de D’ieu et la perfection morale.

Bien plus, arrivera le jour où tous les peuples marcheront guidés par la lumière et l’enseignement du Bèt ha-Miqdache. Israël et le Bèt ha-Miqdache sont tous deux cet Olivier verdoyant. Ils sont la lumière pour le monde.

Mission extraordinaire : Être le guide de l’humanité. En recommandant aux Bénè Yisraèl de choisir pour l’éclairage du Miqdache de l’huile d’olive pure, D’ieu nous surprend! En effet n’est-Il pas la source de lumière? C’est Lui qui éclaire le monde! Le midrache s’étonne “Ai-je besoin de lumière?” dit l’Ét’ernel. Bien plus, remarque Kéli Yaqar les fenêtres du Bèt ha-Miqdache vont en s’évasant vers l’extérieur contrairement aux fenêtres des maisons qui, pour capter la clarté du jour, sont plus évasées vers l’intérieur. C’est que, dit-il, le Bèt ha-Miqdache est la lumière du monde. De là diffuse la lumière pour le monde et les hommes. La lumière extérieure n’y pénètre pas.

Il demande, cependant, d’éclairer le Bèt ha-Miqdache parce que Lui-même avait éclairé Israël durant tout son séjour dans le désert. Israël comme les Nations doivent se souvenir de toutes les attentions divines à l’égard d’Israël. Une colonne de nuée le jour et une colonne de feu la nuit pour le conduire et diriger sa marche dans le désert constituent en fait une preuve éclatante de l’élection d’Israël. Il faut, en effet, qu’Israël soit un cas particulier pour que D’ieu en prenne soin.

La parabole du voyant et non-voyant est édifiante. La sollicitude et la bienveillance du voyant qui assiste, dirige et conduit, illustre les sentiments d’amour et d’affection qui l’animent pour le non-voyant. Il se contente, une fois arrivés à la maison, de demander au non-voyant d’allumer sa lampe et éclairer. Pourquoi? N’est-il plus en mesure de s’éclairer ou de continuer à éclairer le non-voyant? Non, assurément! Car si déjà il a montré sa capacité en chemin sera-t-il moins capable en ville? En vérité le seul souci du voyant est de ne pas obliger son compagnon. Il veut lui laisser toute sa dignité. Il lui permet de le servir pour qu’il éprouve la satisfaction d’être utile, de servir et ne point être toujours dépendant.

Ainsi agit D’ieu à l’égard d’Israël. Pris en charge par D’ieu qui satisfait le moindre de ses besoins durant la longue traversée du désert, Israël se doit, le Michekane construit, de veiller surtout à l’éclairer. L’éclairage à l’huile d’olive pure dure du soir au matin.

La lampe centrale du chandelier, demeurant allumée bien qu’ayant la même quantité d’huile que les autres lampes, constitue la preuve de l’assistance divine et de la présence de la Chékhina montrant ainsi sa préférence pour Israël. Israël a de la difficulté à comprendre que D’ieu lui demande d’éclairer le lieu de Sa résidence, étant Lui la source de toute clarté!

“Tu éclaires ma lumière.” Mais D’ieu le fait dans le but d’élever davantage Israël aux yeux de toutes les Nations puisqu’il a le privilège d’éclairer la résidence divine.

Le midrache suit ainsi un parcours très subtil pour nous amener précisément par la prescription d’éclairer le Miqdache ou le Michekane à la notion d’élection d’Israël. La beauté de l’olivier n’est prise en considération que par rapport à son produit. L’huile est la Tora qui éclaire le monde et les hommes. La Tora n’est accessible qu’à la condition de consentir des sacrifices. Elle ne livre sa beauté et sa connaissance qu’à celui qui accepte de subir toutes les pressions. Les olives elles-mêmes ne donnent leur huile dispensant clarté et joie qu’après les avoir soumises à la pression. C’est par la connaissance de la Tora qu’Israël parvient à la perfection et se hisse à un niveau moral très haut. Telle l’huile remontant toujours à la surface des liquides, Israël, grâce à la Tora, s’élève à la dignité la plus haute parmi les nations sans jamais risquer de s’assimiler à elles.

Israël et le miqdache sont l’olivier verdoyant. Tous deux attirent par la beauté de l’idéal qu’ils incarnent. L’enseignement d’Israël, de la Tora, est là pour accéder à la connaissance de D’ieu. Bien qu’étant la lumière pour le monde, la Tora, confiée à Israël, contribue à l’élever parmi les peuples. Ainsi D’ieu témoigne un attachement particulier à Israël.

1. Chémot Rabba chap. 36 paragr. 2.

2. Yirmiya 11, 16.

3. Téhillim 48,3.

4. Yéhèzqèl 27,3.

5. Èkha 2,15.

6. Téhillim 48,3.

7. Wayi-qra 1,11.

8. Yéchâya 60,3.

9. Chémot 27,20.

10. Divrè ha-Yamim 2.16,9.

11. Yéchâya 59,10.

12. Chémot 13,21.

13. Chir ha-Chirim 4, 7.

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