Aharone, Kohène Gadol
«De ton côté, fais venir à toi Aharone ton frère, avec ses fils, du milieu des Bénè Yisraèl, pour exercer le sacerdoce en mon honneur : Aharone, avec Nadav et Abihou, Èl’âzar et Itamar, ses fils. Tu feras confectionner pour Aharone ton frère des vêtements sacrés, insignes d’honneur et de majesté. Tu enjoindras donc à tous les artistes habiles, que j’ai doués du génie de l’art, qu’ils exécutent le costume d’Aharone, afin de le consacrer à mon sacerdoce. Or, voici les vêtements qu’ils exécuteront : un pectoral, un èfod, une robe, une tunique à mailles, une tiare et une écharpe; ils composeront ainsi un saint costume à Aharone ton frère et à ses fils, comme exerçant mon ministère. Et ils emploieront l’or, l’azur, la pourpre, l’écarlate et le fin lin(1).»
Après la recommandation faite à Mochè de préparer l’huile pure devant servir à éclairer le Michekane, D’ieu lui demande de désigner Aharone, son frère, Kohène Gadol, Grand Prêtre. La préparation de l’huile et la désignation du Kohène Gadol incombent à Mochè si bien que le texte ne se contente pas de dire tsaw, ordonne, et ha-qrèv, approche, mais bien wé-atta té-tsawè, et toi, tu ordonneras, wé-atta ha-qrèv, et toi, fais venir Aharone. Tout se passe comme si Mochè est exclu de l’offrande du Michekane. Il ne participe en rien si ce n’est de transmettre les ordres divins pour l’exécution des travaux.
Nous pourrions, en effet, comprendre la non participation de Mochè car, n’ayant pas été coupable de la faute du veau d’or, il ne devait en aucune manière participer à la réparation. Cependant, ayant pris l’initiative de briser les tables de la Tora, Mochè avait l’obligation d’y remédier en prenant sur lui de préparer l’huile pure qui symbolise la Tora. Mochè, provoquant par ce geste l’oubli et l’absence de la Tora, devait se soucier désormais de l’existence de la Tora qui illuminerait les coeurs et les esprits des Bénè Yisraèl. La contribution de Mochè se situe donc au niveau de la perpétuation de la Tora(2).
Cependant, la désignation d’Aharone comme Kohène Gadol ne justifie pas cet ordre direct à Mochè. L’impression retenue est que Mochè devait apporter une contribution personnelle comme s’il avait été coupable, à ce niveau, de quelque faute.
Le Midrache tente de résoudre cette difficulté. Ainsi Chémot Rabba(3) rapporte :
«De ton côté, fais venir à toi Aharone ton frère». Mochè, descendu du Sinaï, voit Israël en adoration du [veau d’or]. Il remarque Aharone taillant [le veau] avec le burin. Il ne vise, en fait, qu’à les retenir jusqu’au retour de Mochè. Pensant qu’Aharone s’était associé à eux, Mochè lui en voulait. Le Saint béni soit-Il dit : «Mochè, je sais que l’intention d’Aharone est bonne.» Cela fait penser au fils d’un roi qui, malade d’orgueil, prit une pioche pour pénétrer par effraction dans le palais de son père. Son précepteur lui dit : «Ne te fatigue point, laisse-moi creuser». Le roi, l’ayant aperçu, lui dit : «Je sais combien ton intention est pure! Par ta vie, je ne donnerai la direction de mon palais qu’à toi». Ainsi, au moment où Israël lui dit(4) : «Allons! Fais-nous un dieu…», Aharone leur répondit : «Détachez les pendants d’or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles…». «Comme je suis Kohène, dit-il, c’est moi qui le ferai et lui offrirai des sacrifices», alors qu’il ne s’en est chargé que pour les retenir jusqu’au retour de Mochè. Le Saint béni soit-Il dit : «Aharone, je sais combien ton intention était pure. Je ne confierai les sacrifices de mes fils qu’à toi», ainsi qu’il est dit : «De ton côté, fais venir à toi Aharone ton frère.»
Où cette parole fut-elle adressée à Mochè? Dans le Michekane!»
Il est évident que le midrache vise essentiellement à lever l’hypothèque qui pèse sur Aharone pour son rôle déterminant dans la fabrication du veau d’or. Mochè n’arrive pas à comprendre qu’Aharone puisse tremper dans cette faute. À sa descente du Sinaï, Mochè adresse ce reproche cinglant à Aharone(5) : «Que t’avait fait ce peuple pour que tu l’aies induit à une telle prévarication?». Pour Mochè, Aharone aurait dû résister et ne point se prêter au désir idolâtre du peuple! Pour nos Maîtres(6), Mochè désapprouve Aharone car «Que de souffrances ils ont dû te faire subir et que tu as endurées avant que tu n’aies amené cette faute sur eux!».
Aux yeux de Mochè, Aharone est disqualifié. Il ne saurait être le Kohène Gadol que D’ieu attend. Peut-être Mochè se voit-il déjà investi de ces fonctions. Rappelons que lui-même était destiné à remplir les fonctions de Kohène Gadol. Mais, ayant refusé la mission divine de faire sortir les Bénè Yisraèl d’Égypte, D’ieu l’avait puni en accordant le Sacerdoce à Aharone. Voilà Mochè réhabilité!
Mais D’ieu reconnaît que l’intention d’Aharone consiste justement à retarder la confection du veau d’or dans l’espoir de voir Mochè de retour avant qu’Israël ne commette la faute. Il exige qu’on lui apporte les pendants des femmes et enfants sachant pertinemment qu’ils refuseraient de s’en défaire. Mais il ne pouvait prévoir que les hommes se détacheraient de leurs propres bijoux. Il se rattrape dans la construction de l’autel. Aharone le construit seul, refusant l’aide de tous afin d’éloigner autant que faire se peut l’échéance de la faute. Ce sont ces intentions pures qui n’échappent point à D’ieu qui recommande à Mochè de distinguer Aharone d’entre tous les enfants d’Israël afin de le désigner comme Grand Prêtre.
Le midrache Tanhouma rapporte(7), citant le texte(8) :
«Mais Toi, Seigneur, Tu es éternellement sublime». David dit : «Maître du monde, dès que Tu attribues une haute fonction à un homme, il la garde pour toujours!». Tu accordes la royauté à David, il la conserve à vie tel qu’il est dit(9) :
«Et David, mon serviteur, sera leur prince pour toujours.» Tu attribues la prêtrise à Aharone, c’est pour la conserver pour toujours, ainsi qu’il est dit(10) :
«Lui et sa postérité après lui posséderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité». C’est pourquoi le Saint béni soit-Il ordonne de désigner Aharone aux fonctions de Grand Prêtre. Ainsi : «Tu es, Seigneur, éternellement sublime». Qu’a-t-Il vu pour élever Aharone et sanctifier ses enfants?
Rabbi Mani de Chéav et Rabbi Yéhochouâ de Sèkhnine disent, au nom de Rabbi Léwi : «Voulant faire la faute [du veau d’or], Israël dit à Aharone «Lève-toi, fais-nous un dieu!». Hour, fils de Kalèb, s’interpose. Aussitôt, le peuple s’empare de lui et le tue. Aharone, voyant cela, fut pris de frayeur, tel qu’il est dit(11) : «Ce que voyant, Aharone érigea devant lui un autel», qu’il faut lire ainsi : «Aharone, pris de peur, comprit par celui qui était abattu devant lui(12).» Sache que Hour fut assassiné car, au moment où Mochè est monté au Sinaï, il leur dit(13) :
«Aharone et Hour sont avec vous, celui qui aura une affaire devra s’adresser à eux». Mais quand il descendit, tu ne trouves pas Hour cité ni vivant ni mort. Mais que veut dire(14) :
«Mochè dit à Aharone : Que t’avait fait ce peuple pour que tu l’aies induit à une telle prévarication?» Cela suppose que Hour fut assassiné(15). «Ce que voyant, Aharone érigea devant lui un autel». Prenant une plaque en or, il la jeta au feu tel qu’il est dit(16) : «Je l’ai jeté au feu, et ce veau en est sorti». Aharone craignait que le Saint béni soit-Il ne fût fâché contre lui. Aussi dit-il à Mochè(17) : «Or, voici comment tu procéderas à leur égard, pour les consacrer à Mon sacerdoce : prends un jeune taureau et deux béliers sans défaut», afin que Aharone et ses fils soient élevés à la dignité de la Grande Prêtrise car il est évident [pour le Saint béni soit-Il] qu’Aharone n’avait agi que par crainte. Aussi leur fait-Il savoir qu’il ne tient point rigueur à Aharone. C’est pourquoi : «Prends un jeune taureau pour expier la faute du veau qui est un jeune taureau».
Cet enseignement confirme donc Aharone dans sa dignité de Kohène Gadol. D’ieu ne peut tenir rigueur à Aharone qui, au moment où la situation semble désespérée, décide, plutôt que de sacrifier vainement sa vie sans parvenir à ramener les Bénè Yisraèl de leurs projets idolâtres, d’assumer à lui seul la faute dans l’espoir de leur éviter le poids d’une telle culpabilité. Agissant ainsi, Aharone gagne l’estime de D’ieu qui voit en lui le serviteur digne de représenter les Bénè Yisraèl.
De ton côté, fais venir à toi Aharone ton frère, avec ses fils, du milieu des Bénè Yisraèl, pour exercer le sacerdoce en mon honneur : Aharone, avec Nadav et Abihou, Èl’âzar et Itamar, ses fils.
De ton côté, fais venir à toi Aharone, ton frère, avec ses fils, du milieu des enfants d’Israël.
Or ha-Hayim s’interroge sur l’emploi de wé-atta, et toi, apparaissant inutile. De plus, le texte souligne de faire venir Aharone au lieu de procéder directement à son investiture en tant que Kohène Gadol. Ne pouvait-il se contenter de dire fais venir seulement et non fais venir à toi!
Mochè, destiné à être Kohène Gadol, avait refusé de remplir la mission de D’ieu. En châtiment pour sa désobéissance, D’ieu le prive de la prêtrise au profit d’Aharone(18). Aussi, au moment de l’investiture d’Aharone, D’ieu demande-t-Il à Mochè non seulement de l’investir parce qu’Il le lui ordonne, mais de montrer qu’il est prêt à céder lui-même la prêtrise à Aharone. Aussi souligne-t-on «Et toi, fais venir à toi Aharone», en signe de réparation morale pour avoir tant résisté à la volonté de D’ieu. En rapprochant Aharone auquel il remet les fonctions qui lui étaient destinées, Mochè expie la faute de son insubordination.
Fais venir à toi Aharone.
La faute de Mochè provoque l’éloignement d’une parcelle de l’âme de son origine. Cet éloignement est d’autant plus grand que la faute est importante. Et, bien que Mochè ait reçu son châtiment en le privant de la kéhounna, la prêtrise, la faute n’était pas pour autant réparée. Aussi D’ieu recommande-t-Il à Mochè d’agir de telle sorte que s’effectue un rapprochement de son âme vers son origine, là où, par sa faute, il y eut un éloignement. Ainsi, pour la réparation de sa faute, Mochè se doit de rapprocher Aharone pour l’investir des fonctions du Kohène Gadol.
Mais, pour Kéli Yaqar, wé-atta précise que Mochè fut à l’origine de la nomination d’Aharone au poste de Kohène Gadol. N’était la prière de Mochè comme il est dit(19) : «Aharone aussi avait gravement irrité l’Ét’ernel qui voulait l’anéantir : j’intercèdai pour Aharone aussi dans ce temps-là», Aharone aurait été écarté de la kéhounna, de la prêtrise.
Du milieu des enfants d’Israël.
Bien que les Bénè Yisraèl étaient coupables de la faute du veau d’or, Aharone eut le mérite, grâce à l’intervention de Mochè, de servir comme Kohène Gadol.
Kéli Yaqar avance toutefois une autre explication. Aharone doit certes à la prière de Mochè d’accéder à cette dignité car, en élevant Aharone, c’est Mochè, lui-même, qui est honoré.
De plus, le mérite des Bénè Yisraèl intervient car pour leur servir de Kohène, ils avaient besoin d’un prêtre capable de les aimer et de poursuivre la paix comme Aharone.
Pour exercer le sacerdoce en mon honneur.
Cette forme est rarement employée puisque le waw, est en plus. Lékhahano, est à la place de lékhahène.
Baâl ha-Tourim, remarquant que cette forme revient par trois fois dans le texte, y voit une allusion aux trois Batè-Miqdache, appelés à être en service en Israël. Deux furent déjà détruits, nous sommes dans l’attente du troisième.
Mais Rabbènou Béhayè rappelle que trois waw donnent une valeur numérique de 18. C’est, pour signaler, le nombre de dix-huit Grands Prêtres ayant servi dans le premier Temple.
Par trois fois, le nom d’Aharone revient pour souligner, selon Baâl ha-Tourim, que seuls Aharone, Èl’âzar et Itamar seront consacrés Kohanim. Nadav et Abihou périront le jour de l’inauguration du Michekane.
Haâmèq Davar justifie l’emploi de pour toi, fais venir à toi Aharone, par le fait que la Tora est plus importante que la Kéhounna et la royauté. Aussi D’ieu demande-t-Il à Mochè d’élever à lui Aharone, de lui conférer une dignité. Bien qu’il s’agisse du service divin, il n’en demeure pas moins qu’il est moins important que l’étude de la Tora. Seul Mochè pouvait agir ainsi en raison de la science de la Tora qu’il détient.
Tu feras confectionner pour Aharone ton frère des vêtements sacrés, insignes d’honneur et de majesté.
Des vêtements sacrés, insignes d’honneur et de majesté.
Les vêtements d’Aharone ne seront, souligne Or ha-Hayim, insignes d’honneur et de majesté que si Mochè les fait confectionner à l’intention d’Aharone. D’ieu veut accorder ce crédit à Mochè afin qu’il puisse exprimer toute la joie et la satisfaction de voir son frère élevé à cette dignité.
Cependant, il se demande comment ces vêtements constitueraient-ils des insignes d’honneur et de majesté! Car si l’intention est de préciser qu’Aharone en tirerait gloire et majesté, le texte aurait dû s’abstenir de l’indiquer.
En réalité ces vêtements réservés à Aharone et, plus tard, au Kohène Gadol, sont insignes d’honneur et de majesté. Ce qui n’est pas le cas pour les autres Kohanim. Ainsi, nous pouvons comprendre le passage du Talmoud(20) :
«On a demandé à Rabbi Âqiba : Avec quels habits Mochè avait-il servi pendant les sept premiers jours d’investiture du Michekane? N’ayant pas su répondre, il alla au bèt ha-midrache, académie, s’informer. On lui répondit : avec une tunique blanche qui ne comporte pas de laine».
Ce texte administre la preuve que seul Aharone est tenu de servir avec ces vêtements. Autrement, son service sera nul et non avenu. Ainsi, les vêtements ne sont pas pour le service puisqu’il pouvait se faire avec une tunique blanche, mais bien insignes d’honneur et de majesté.
En outre, le Kohène Gadol devait servir avec huit vêtements, quatre en lin blanc et quatre en or. Les vêtements blancs, insignes de majesté, et les vêtements en or, insignes d’honneur. Selon le Zohar(21) :
«Les vêtements blancs représentent les quatre lettres du tétragramme, du nom Ha-Chèm, et les vêtements en or représentent les quatre lettres du nom A-donay, -. Ha-Chèm se rattache la majesté et à A-donay l’honneur.»
Ainsi donc, le texte indique les niveaux de la qédoucha, sainteté. D’abord l’honneur qui se rattache aux vêtements en or, ensuite la majesté se rattachant aux vêtements blancs.
De plus, Aharone possède la faculté en servant, avec ces huit habits, d’expier les huit principaux péchés d’Israël. Mochè n’a servi qu’avec la tunique blanche pour expier les fautes d’Aharone et ses fils(22).
Cependant, pour Haâmèq Davar, il est normal qu’Aharone se conduise avec une piété et une sainteté hors du commun. Il devait donc avoir des signes extérieurs qui le distinguent des autres sans, pour autant, concevoir de l’orgueil. Les Bénè Yisraèl se devaient de remarquer la dignité des fonctions d’Aharone.
Pour Chaâr Bat Rabbim, le Kohène Gadol se distingue par sa sainteté, étant seul à pénétrer le jour de Kippour au Saint des Saints, montrant par là qu’il était proche de D’ieu, et par la gloire dans ce monde puisque ses habits rappellent, par leur richesse et leur finesse, les habits royaux. Le Kohène Gadol détient l’honneur de D’ieu puisqu’il en était proche, et doit la majesté à ses relations avec les hommes.
Rabbènou Béhayè affirme que le Kohène Gadol porte ces habits en signe d’honneur et de gloire pour D’ieu qui réside dans Bèt ha-Miqdache, et en signe de majesté pour Israël, le Miqdache étant désigné par Bèt Tif’artènou, , la demeure de notre majesté.
Tu enjoindras donc à tous les artistes habiles, que j’ai doués du génie de l’art, qu’ils exécutent le costume d’Aharone, afin de le consacrer à mon sacerdoce.
Tu enjoindras donc à tous les artistes habiles, que j’ai doués du génie de l’art.
Il est à remarquer avec le Hatam Sofèr que té-dabbèr, s’applique à la parole dure et autoritaire. Hakhmè lèv, artistes, est au pluriel, alors que millètiv, je l’ai doué, est au singulier.
L’Ét’ernel demande à Mochè d’attirer l’attention des artistes par des paroles autoritaires et dures pour qu’ils n’entachent point l’exécution de leurs travaux par des sentiments de fierté et d’orgueil en constatant la beauté. Car la sagesse et l’habileté dans l’exécution revient à D’ieu qui l’accorde aux artistes. Agissant ainsi, ils pourront exécuter le costume d’Aharone.
Haâmèq Davar souligne que la sagesse ne se trouve pas dans les coeurs, elle siège dans le cerveau. Pour lui, la sagesse du coeur n’est autre que la crainte du ciel.
Le singulier de millètiv, pour lui, se rapporte à Aharone. Mochè se doit donc d’expliquer aux artistes qu’Aharone mérite de porter de tels habits en raison de sa profonde crainte du ciel. Il faut donc exécuter le costume d’Aharone pour le sanctifier.
Or ha-Hayim marque sa surprise devant la recommandation de D’ieu à Mochè d’enjoindre à tous les artistes d’exécuter les travaux après qu’il eut dit «tu feras confectionner».
D’ieu attire, en fait, l’attention de Mochè de ne point se contenter de la confection des habits. Pour parvenir au but désiré, Il exige plus de lui. Il incombe à Mochè de veiller à l’ouvrage et à son exécution par les artistes afin de témoigner de sa joie et de sa bienveillance pour la dignité et pour la promotion d’Aharone. De plus, il se doit d’expliquer tous les détails de l’exécution des travaux, non pas à un ou deux artistes qui se chargeront de l’expliquer à leur tour aux autres, mais bien à tous les artistes.
Or, voici les vêtements qu’ils exécuteront : un pectoral, un èfod, une robe, une tunique à mailles, une tiare et une écharpe; ils composeront ainsi un saint costume à Aharone ton frère et à ses fils, comme exerçant mon ministère.
Or, voici les vêtements qu’ils exécuteront.
Le Talmoud(23) rapporte :
«La mitswa des sacrifices est juxtaposée à celle des habits de kéhounna pour nous indiquer que les habits de kéhounna expient les fautes [des Bénè Yisraèl] à l’instar des sacrifices. Ainsi, le hochène, pectoral, expie les fautes relatives à la justice. Èfod, les fautes d’idolâtrie, une robe, pour la médisance dite en public, la tunique, pour le meurtre, la tiare, pour l’orgueil, l’écharpe, pour les mauvaises pensées du coeur, la plaque d’or pur, pour l’effronterie et les caleçons, pour les impudicités.»
Cependant, le texte cite six vêtements au lieu de huit, ne mentionnant ni caleçons ni plaque d’or.
Pour Baâl ha-Tourim, les caleçons ne sont point insignes d’honneur et de majesté et la plaque d’or n’est point, à proprement parler, un vêtement.
Mais pour Or ha-Hayim, plaque et caleçons sont tous deux mentionnés. L’un, pour sa très haute importance puisqu’il porte gravé Qodèche la-Chèm, figure dans le texte qui précise «Ils exécuteront les vêtements d’Aharone pour le sanctifie». D’autre part, le caleçon est inclus par le waw conjonctif de wé-èllè, et voici les vêtements. Il ne le mentionne pas de manière explicite parce qu’il constitue l’habit commun.
L’investiture d’Aharone tourne donc autour de Mochè. C’est grâce à l’intervention de Mochè qu’Aharone assume les fonctions de Kohène Gadol. Cependant, la faute d’Aharone et sa participation dans la confection du veau d’or ne vise en réalité qu’à aiguiser la conscience morale de celui qui, par la suite, rétablirait l’harmonie entre D’ieu et Israël par la réparation des fautes. Comment, en effet, aurait-il fait pour comprendre les angoisses du coupable si lui-même n’avait jamais connu de telles angoisses?
- Chémot 28, 1-5.
- Chaâr Bat Rabbim.
- chap. 37,2.
- Chémot 32, 1.
- Chémot 32, 21.
- cf.Rachi.
- Té-tsawè paragr. 10.
- Téhillim 92, 9.
- Yéhèzqèl 37, 25.
- Bémidbar 25, 13.
- Chémot 32, 5.
- N.B. Le midrache lit wayi-ra, il craignit, au lieu de way-ar, il vit, et wayi-bène, il comprit, de bina, intelligence, plutôt que de binyane, construction, mi-zabouah, de celui qui fut assassiné, plutôt que de mizbèah, autel.
- Chémot 24, 14.
- Chémot 32, 21.
- N.B. Ce disant, Mochè laisse entendre que Aharone, lui, n’avait rien subi.
- Chémot 32, 24.
- Chémot 29,1.
- cf. Chémot Rabba 3,17.
- Dévarim 9, 20.
- Âvoda Zara 34a.
- vol. 2, 227 a.
- Zébahim 88b.
- Ârakhine 16 a.