Qorah conteste la kéhounna guédola

Qorah conteste la kéhounna guédola«Puis il parla à Qorah et à toute sa faction, en ces termes : «Demain, le Seigneur fera savoir qui est digne de Lui, qui est le saint qu’Il admet auprès de Lui, celui qu’il aura élu, il le laissera approcher de Lui. Faites ceci : munissez-vous d’encensoirs, toi Qorah, et tout ton parti; mettez-y du feu et remplissez-les de parfum, devant le Seigneur, demain : or, l’homme que distinguera le Seigneur, c’est celui-là qui est saint. Assez donc, enfants de Léwi

Et Mochè dit à Qorah : «Or, écoutez, enfants de Léwi. C’est donc peu pour vous que le D’ieu d’Israël vous ait distingués de la communauté d’Israël, en vous admettant auprès de Lui pour faire le service du tabernacle divin, et en vous plaçant en présence de la communauté pour la servir? Il t’a donc approché de Lui, toi et tous tes frères, les enfants de Léwi, et vous réclamez encore le sacerdoce! En vérité, toi et toute ta bande, c’est contre l’Ét’ernel que vous vous êtes ligués; car Aharone, qu’est-il, pour que vous murmuriez contre lui?(1)»

Qorah agit, dans sa révolte contre Mochè et Aharone, de manière insidieuse et efficace. Il décide du moment de la révolte. Au lendemain de l’épidémie décimant les coupables de soulèvement consécutif à la faute des méraguélim, Qorah passe à l’attaque. Il s’attend à un manque de soutien à Mochè car on lui reproche de n’avoir rien entrepris pour apaiser la colère divine.

De plus, il choisit également ses alliés. Les fils de Réoubène, privés du droit d’aînesse, sont prêts à l’insurrection pour rétablir leur situation. Qorah n’admet pas, lui aussi, que Mochè nomme à la tête de la famille de Qéhate, Èlitsafane, fils de Ôuzièl, à sa place.

Ses arguments, bien que spécieux et démagogiques, frappent l’imagination du peuple. L’esprit de révolte s’empare du camp. Que faire d’un Kohène Gadol? Pourquoi un grand prêtre quand toute l’assemblée est sainte. Tout Israël a entendu D’ieu proclamer(2) : «Je suis l’Ét’ernel ton D’ieu» au mont Sinaï. Seul D’ieu doit diriger le peuple. Rien ne justifie la présence d’un roi, Mochè, et d’un Kohène Gadol, Aharone. La réponse de Mochè, importante certes, est analysée par le Midrache(3).

Abordant le texte(4) :

«Puis il parla à Qorah et à toute sa faction, en ces termes : «Demain matin, le Seigneur fera savoir qui est digne de Lui, qui est le Saint qu’il admet auprès de Lui; celui qu’il aura élu, il le laissera approcher de Lui.», il rapporte :

Pourquoi les renvoie-t-il [au lendemain] matin? Pour Mochè, leurs propos ont sûrement été dits sous l’effet du boire et du manger. Envisageant l’éventualité d’un repentir, [Mochè] les repousse disant :

«au matin, le Seigneur fera savoir…»

[Mochè] dit : Je ne suis pas autorisé à pénétrer [dans la Tente d’assignation], non en raison des sacrifices et des libations [offerts en ce moment], mais plutôt parce qu’il est, pour nous, l’heure de manger et de boire.»

Autre explication : Mochè leur dit :

Le Saint béni soit-Il a imprimé des limites à son monde. Pourriez-vous confondre le jour et la nuit contrairement à l’affirmation du texte(5) :

«Il fut soir, il fut matin…Et Il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres…» pour les besoins du monde. Distinguant la lumière des ténèbres, ainsi Il sépare Israël des autres peuples tel qu’il est dit(6) :

«Et Je vous ai séparés d’avec les peuples pour que vous soyez à Moi.» Il distingue également Aharone ainsi qu’il est dit(7) :

«Aharone et ses fils, revêtus pour toujours de fonctions éminemment saintes, formaient une classe à part…» Si donc vous arrivez à confondre, annulant cette distinction, la lumière et les ténèbres, vous pourrez également annuler la distinction [de Aharone]. Pour cette raison, il leur dit :

«Au matin, le Seigneur fera savoir qui est digne de Lui, qui est le Saint qu’Il admet auprès de Lui…» Il est déjà désigné «celui qu’Il aura élu, Il le laissera approcher de Lui!..»

Pour le midrache, Mochè, mettant la révolte sur le compte du vin, tente de repousser Qorah au lendemain. La nuit aurait apaisé les esprits. Pour nos maîtres, Qorah, ayant invité les 250 présidents des Sanhèdrines à un grand festin, s’assure, par ce biais, de leur appui.

Mochè sait que les paroles de Qorah, quoique subversives, sont la conséquence d’un festin arrosé de vin qui peut détourner le coeur et l’esprit de l’homme. Il émet donc le souhait de voir Qorah et son assemblée réaliser un véritable repentir.

Les mobiles de Qorah ne sont point désintéressés. La frustration ressentie après la nomination d’Èlitsafane conduit Qorah à un geste aussi inconsidéré que désespéré. Peut-être, après réflexion, finira-t-il par se calmer et surtout se ressaisir.

Dans une querelle, encore plus lors d’une révolte, les enchères, les exigences et les conditions, les plus folles et les plus injustifiées, sont avancées. Qorah s’attend que Mochè ait recours à D’ieu. Mais Mochè le renvoie au lendemain. Il ne convient pas non plus de chercher à connaître la volonté divine à un moment où l’on se lève de table. Communiquer avec D’ieu sous-entend le détachement de la matière.

Par cette remarque, Mochè indique que toute révolte contre lui et Aharone s’adresse, en réalité, à D’ieu. D’ailleurs, il est tout à fait significatif de voir Mochè réagir, aux propos de Qorah, avec dignité et détachement. Tout se passe comme si Mochè ne se sent point concerné par de tels propos. Cela seul suffirait pour alerter Qorah et le dissuader de poursuivre son projet néfaste et malheureux.

La seconde explication que propose le midrache est plus explicite sur les intentions de Qorah. Mochè répond à ses assertions en invoquant l’oeuvre créatrice de D’ieu. Le matin est différent de la nuit. L’un est le règne de la lumière, l’autre est celui des ténèbres. Tous deux, participant à la Création, sont nécessaires au monde. Mais l’on ne peut imaginer un règne où se confondent les deux principes. L’existence du monde elle-même pourrait être remise en cause. Assimiler le holprofane, au qodèchesaint, ne ferait que mener le monde à sa propre destruction. Ces frontières sont nécessaires et importantes. Que peut Qorah face à l’existence de telles limites?

Qorah admet que la nature comporte des principes aussi distincts : lumière et ténèbres, jour et nuit. Il comprend également qu’Israël soit distinct des autres peuples. Cette distinction venant à disparaître, l’existence d’Israël et, par suite, celle du monde seraient remises en cause. La distinction d’Israël obéit à une loi nécessaire, à une condition sine qua non pour que l’oeuvre divine ait une existence.

La distinction, établie au niveau de la nature et des peuples, rend nécessaire une autre distinction au sein d’Israël lui-même.

Aharone et ses fils sont des Kohanim. Ils ont la charge des choses saintes. Israël ne saurait oser, sous peine de mort, se charger des fonctions et de la mission d’Aharone. Nul ne peut prétendre également le supplanter et le remplacer.

Pourquoi s’attaquer alors à Aharone quand la raison veut qu’il soit impossible de changer ou annuler les lois de la nature. Aharone trouve sa place dans l’économie générale de la Création. D’ieu l’a choisi. Il est l’élu parce qu’il est saint. Et si c’est D’ieu qui l’a élu et approché de Lui, toute révolte contre Aharone est une révolte contre D’ieu.

Le midrache(8) poursuit :

«Ainsi leur dit Mochè : Si Aharone, mon frère, s’était emparé de la Kéhounna, vous auriez bien agi de vous soulever contre lui. Mais, à présent que le Saint béni soit-Il lui a accordé dignité et puissance, la royauté étant à Lui, quiconque s’insurge contre Aharone, n’est-ce pas qu’il se révolte en fait contre le Saint béni soit-Il?» C’est pourquoi il est écrit(9) :

«Car Aharone, qu’est-il pour que vous murmuriez contre lui?» Viens voir la piété d’Aharone le juste. Lorsque Mochè avait versé sur sa tête l’huile d’onction, Aharone, tremblant et saisi de frayeur, dit : «Mochè, mon frère! Peut-être suis-je inconvenant pour l’onction et, de ce fait, je commets un sacrilège en me servant de l’huile [sainte] qui me rend passible de mort par retranchement, karète?»

Le Saint béni soit-Il avait dit en effet(10) :

«[L’huile d’onction] ne doit point couler sur le corps du premier venu…» Mais le texte atteste(11) :

«Ah! qu’il est bon, qu’il est doux à des frères de vivre dans une étroite union! C’est comme l’huile parfumée sur la tête qui découle sur la barbe, la barbe d’Aharone, et humecte le bord de sa tunique; comme la rosée du Hèrmone qui descend sur les monts de Sion…!»

Il compare l’huile d’onction à la rosée du Hèrmone. De même qu’il n’y a point de sacrilège [à se servir] de la rosée du Hèrmone, ainsi n’y aurait-il pas de sacrilège pour l’huile qui coule sur Aharone. Aussi, pour cette raison, le texte souligne-t-il «C’est contre l’Ét’ernel que vous vous êtes ligués.»

Ce texte établit de manière précise la piété d’Aharone. Il mérite d’être promu par D’ieu aux fonctions de Kohène Gadol. Quiconque se soulève contre lui sait qu’il se révolte, en vérité, contre D’ieu. Mochè s’efforce en vain à faire comprendre cela à Qorah et à son assemblée.

Puis il parla à Qorah et à toute sa faction, en ces termes : «Demain, le Seigneur fera savoir qui est digne de Lui, qui est le saint qu’Il admet auprès de Lui, celui qu’il aura élu, il le laissera approcher de Lui.

Puis il parla à Qorah et à toute sa faction, en ces termes;

S’adressant à Qorah et à son assemblée, Mochè livre deux messages. Le premier intéresse Qorah qui conteste la Kéhounna et le choix d’Aharone; le deuxième s’adresse aux fidèles de Qorah. Ceux-ci devaient se munir le lendemain d’encensoirs pour offrir l’encens à D’ieu.

L’intention de Mochè, selon Rav Alchèkh, est de bien préciser qu’il ne cherche nullement à défendre ses prérogatives et son honneur. Il demande uniquement que D’ieu désigne Son élu. En parlant ainsi, Mochè tente d’éviter surtout que le peuple ne sympathise avec la cause de Qorah. Ce qui, en soi, est grave pour le peuple.

Mais Sforno, s’appuyant certes sur le sens de dabbèrparler durement, dit que Mochè signifie à Qorah et à sa faction qu’il saisit bien le but de leur complot. Devant une telle situation, ils ne peuvent compter évidemment sur l’effet de surprise.

Au matin, le Seigneur fera savoir qui est digne de Lui.

Or ha-Hayim s’interroge sur le report au lendemain matin, au lieu de chercher, par la même offrande faite à ce moment précis, à prouver le choix divin. Pour lui, la raison réside dans le fait que l’offrande de l’encens du soir se fait à un moment où la rigueur divine, règne. Le peuple trouverait à redire et ne manquerait pas de reprocher à Mochè ce choix comme inconvenant.

Le soir, selon le Zohar(12), est le temps de la rigueur. Le peuple condamnerait Mochè pour l’avoir choisi, sachant d’avance qu’il leur est défavorable.

Or ha-Hayim, d’accord avec le midrache, pense que Mochè donne un délai de réflexion à Qorah et à son assemblée pour réaliser leur repentir.

Toutefois selon le midrache(13), Mochè signifie également à Qorah que la nature elle-même, dans son ensemble, est en désaccord avec cette révolte. Elle ne mène, en fait, qu’au chaos et à la destruction du monde. Le midrache s’exprime ainsi :

«Raba enseigne : quel est le sens du texte(14) :

«Le soleil, la lune s’arrêtent dans leur orbite, à la lumière de tes traits qui volent, à la clarté fulgurante de ta lance»? Il indique que le soleil et la lune, s’étant retirés à Zéboul, un des sept cieux, dirent :

«Maître du monde, si Tu fais justice au fils de Âmram, nous sortirons! Sinon, nous nous retirerons. Alors, Il les a pourchassés de ses flèches, ainsi qu’il est dit :

«À la lumière de tes traits, ils marchent.»

Le Saint béni soit-Il leur dit : «Vous n’avez jamais défendu Mon honneur. En revanche, vous défendez l’honneur d’un être humain. Depuis, ils ne sortent qu’une fois pourchassés.»

Ainsi donc, si Mochè les repousse au lendemain matin, c’est pour signaler le risque de voir le soleil refuser d’accomplir son devoir. La lune elle-même ne peut refuser qu’en accord avec le soleil puisque sa clarté n’est que le reflet de l’éclat du soleil.

Pour Kéli Yaqar, le terme boqèrau matin, n’est nullement un complément circonstanciel de temps qui indiquerait donc le moment où la preuve du choix divin sera établie. Ce serait plutôt un sujet : «le matin établira qui a raison dans cette querelle.»

Qorah conteste à la fois la prêtrise et les offrandes faites aux Kohanim(15). Pour lui, Aharone s’est arrogé le droit de prélèvements et d’offrandes. Mais, après la disparition de Qorah, D’ieu vient instituer de manière non équivoque ce droit à Aharone. Le texte dit(16) : «Moi-même aussi, Je te confie le soin de mes offrandes.»

Rachi explique :

«Hinnè, voici Je te confie, exprime la joie, comme à propos de(17) :

«Voici, hinnè, déjà [Aharone] s’avance à ta rencontre et, à ta vue, il se réjouira dans son coeur.»

Ces offrandes, D’ieu les confie à Aharone à un moment de la journée où règne la joie. Il s’agit du matin comme Rachi le dit à propos de la manne(18) qui tombait le matin. Pour Mochè, Qorah saura, contrairement à ce qu’il prétend, que les offrandes consenties à Aharone ne sont pas seulement un droit divin, mais elles lui furent attribuées avec joie.

Mochè est, certes, contraint à fournir ces justifications car il comprend qu’on le suspecte d’avoir, de son propre chef, accordé ces prérogatives à Aharone. Aussi dira-t-il à juste raison(19) : «Je n’ai jamais pris à un seul d’entre eux son âne, je n’ai jamais fait de mal à un seul d’entre eux.» Mochè atteste donc qu’il n’a jamais reçu un présent corrupteur pour nommer l’un d’entre eux à une fonction, ni fait du mal pour obtenir ce présent.

Qui est digne de Lui,

Pour Rachi, la dignité désigne le service des Léwiim.

Qui est saint,

La sainteté désigne le service de Kéhounna.

Or ha-Hayim trouve injustifié que l’on mentionne la contestation des Léwiim quand seule la Kéhounna d’Aharone est visée.

En vérité, Qorah s’allie aux représentants de Réoubène pour revendiquer pour eux le droit d’aînesse dont ils furent privés au profit des Léwiim. En effet, D’ieu écarte les aînés du service au Bèt ha-Miqdache après la faute du veau d’or.

En outre, celui qu’Il aura élu, Il le laissera approcher de Lui, précise les deux niveaux de revendication de Qorah à propos d’Aharone.

Le premier, Aharone ne mérite pas cette dignité car de bien plus convenables et plus parfaits que lui se trouvent parmi le peuple.

Le deuxième, il existe, sans doute, dans le peuple des personnes capables de le seconder dans son service.

Ainsi, pour Or ha-Hayim, Mochè souligne-t-il :

«Aharone est digne, déjà dès la Création, de servir D’ieu. De plus, Aharone est saint car il s’est sanctifié. Il a donc un mérite personnel. Pour ces deux raisons, Aharone constitue le choix définitif de D’ieu. Quant à le seconder, D’ieu seul choisira celui qu’Il aura jugé de servir.»

Faites ceci : munissez-vous d’encensoirs, toi Qorah, et tout ton parti; mettez-y du feu et remplissez-les de parfum, devant le Seigneur, demain : or, l’homme que distinguera le Seigneur, c’est celui-là qui est saint. Assez donc, enfants de Léwi!

Faites ceci : munissez-vous d’encensoirs, toi Qorah et tout ton parti.

Rachi, citant Tanhouma, dit :

«Pour quelle raison [Mochè] leur dit-il cela? Il les avertit : «C’est dans les moeurs des peuples d’avoir de nombreux rites et de nombreux prêtres qui ne se rassemblent pas tous dans le même temple.

Quant à nous, nous n’avons qu’un seul D’ieu, une arche sainte, une Tora, un autel et un grand prêtre. Et vous, 250 hommes, demandez la kéhounna Guédola, Je me déclare d’accord. Voici pour vous le service le plus estimé : la combustion de l’encens qui est le sacrifice le mieux apprécié. Mais un poison s’y trouve par lequel Nadav et Abihou ont été brûlés». C’est pourquoi il les avertit :

«Or l’homme que distinguera D’ieu, c’est celui qui est saint.»

Il est déjà dans son état de sainteté. Toutefois ne savons-nous pas que celui que D’ieu choisira est saint? Mochè précise : Je vous en avertis afin que vous ne vous rendiez pas coupables, celui qu’Il choisira en sortira vivant, et vous tous périrez.»

Pour Haâmèq Davar, Mochè leur demande de passer aussitôt à l’acte en se munissant d’encensoirs afin de procéder à l’examen qui révèlera l’identité du Saint, autrement dit du Kohène Gadol.

Mettez-y du feu et remplissez-les de parfum, devant le Seigneur, demain .

Haâmèq Davar remarque que le texte souligne ba-hènedans les encensoirs, et non âlè-hènepar-dessus, afin que les encensoirs soient pleins de braises comme au jour le plus saint de l’année, Yom Kippour.

Devant le Seigneur,

Tout sera dévoilé le lendemain car celui qui est saint sera choisi. Les autres périront.

Assez, enfants de Léwi.

Mochè les avertit de nouveau afin de leur éviter une mort certaine. La tribu de Léwi sert déjà dans le Temple. Elle ne peut prétendre à un autre service. La Léwiya est pour les enfants de Léwi et non la Kéhounna.

Pour Rav Alchèkh, Mochè s’attend à un sursaut de conscience des descendants de Réoubène. Étant simplement des Yisraèl, ils ne sauraient se servir des encensoirs, réservés exclusivement aux Kohanim.

Voyant qu’ils perdent toute son estime, Mochè leur dit assez, enfants de Léwi, , autrement dit, il est grave de prétendre passer de Léwi à Kohène. Ceci étant, il serait encore plus grave pour ces représentants de Réoubène qui veulent sauter du niveau de Yisraèl à celui de Kohène.

En outre, assez, enfants de Léwi, est un cri de douleur qu’exprime Mochè face à la révolte des fils de Léwi qui ne l’avaient jamais habitué auparavant à une telle attitude de révolte.

Pour le péché du veau d’or, ce sont eux qui se sont rassemblés autour de Mochè pour exécuter les coupables d’idolâtrie.

Lors de la révolte des explorateurs, les fils de Léwi s’étaient opposés au retour des Bénè Yisraèl en Égypte.

Mochè s’attend donc à un repentir sincère des Léwiim. Mais il n’espère pas pouvoir agir sur les 250 alliés de Qorah.

Et Mochè dit à Qorah : «Or, écoutez, enfants de Léwi. C’est donc peu pour vous que le D’ieu d’Israël vous ait distingués de la communauté d’Israël, en vous admettant auprès de Lui pour faire le service du tabernacle divin, et en vous plaçant en présence de la communauté pour la servir? Il t’a donc approché de Lui, toi et tous tes frères, les enfants de Léwi, et vous réclamez encore le sacerdoce!

Mochè dit à Qorah : «Or, écoutez, enfants de Léwi».

Rambane souligne que les propos de Mochè s’adressent à la fois à Qorah et à toute la tribu de Léwi. Le but est de leur adresser des paroles conciliantes afin de circonscrire la révolte. Mochè veut à tout prix éviter que d’autres tribus rejoignent Qorah. Il mesure la gravité de leur révolte qui pourrait emporter des innocents. L’avertissement de l’encens à lui seul aurait suffi à Qorah pour se retirer à temps.

Pour Rav Alchèkh, en s’adressant à Qorah en présence de toute sa tribu, Mochè veut le contraindre à renoncer à sa prétention à la Kéhounna. En disant en présence de Qorah «Écoutez, enfants de Léwi!», Mochè lui fait un procès d’intention car il n’est pas exact que toute l’assemblée soit sainte comme il tente de le faire croire. En admettant même que Mochè soit coupable d’avoir désigné, de son propre chef, Aharone aux fonctions de Kohène Gadol, il n’y a point de raison à voir la tribu de Léwi distinguée de toutes les tribus d’Israël! Aussi, souligne-t-il :

C’est donc peu, pour vous, que le D’ieu d’Israël vous ait distingués de la communauté d’Israël?

Est-ce donc peu, mikhèm, de vous, . Il est surprenant que le texte emploie mikhèm, de vous, et non la-khèmepour vous!

Mochè souligne la gravité de cette révolte. Il est indécent pour un homme gratifié d’un privilège, qu’il réclame un privilège encore plus grand. Les Léwiim sont chargés de la fonction de Léwiya, il n’est point correct qu’ils réclament celle de la Kéhounna.

Et Kéli Yaqar d’ajouter que Méâteêtre peu nombreux, précise que la tribu de Léwi est la moins nombreuse parce qu’elle s’occupe des choses saintes. L’arche les décimait. Mochè s’étonne qu’elle veuille encore la Kéhounna au risque de voir sa tribu diminuée davantage. Et si Aharone arrive à se maintenir malgré le danger que représente une telle fonction, c’est bien parce qu’il est modeste et humble.

En vous admettant auprès de Lui pour faire le service du tabernacle divin.

parce qu’étant D’ieu de tout l’ensemble d’Israël, en toute égalité, la tribu de Léwi doit concevoir, dit Rav Alchèkh, qu’Il la distingue de toute la communauté, pour l’admettre auprès de Lui pour faire le service du tabernacle divin, et la placer en présence de la communauté pour Le servir.

Il t’a donc approché de Lui

Or ha-Hayim remarque le passage du terme hivdil, , Il t’a distingué, à celui de waya-qrèbIl t’a approché.

Il y a donc deux niveaux d’élection. Le premier, la tribu de Léwi est distincte de tout Israël et le deuxième est celui de Qéhate choisi d’entre tous les Léwiim pour s’occuper de tous les objets appartenant au Saint des Saints. C’est comme si l’élection de Léwi ne tient que sur celle de Qéhate. Aussi dit-il «Il t’a donc approché de Lui, et tous tes frères enfants de Léwi avec toi». Cependant, vous réclamez encore la Kéhounna!

Qorah ne doit pas s’insurger, selon Rav Alchèkh, contre la dignité et les prérogatives d’Aharone. Il ne peut réclamer pour lui la Kéhounna puisqu’il n’a rien de plus que tous les autres fils de Léwi. Il ne saurait également la réclamer pour la tribu de Léwi. Il y a donc impossibilité de gravir les échelons de Léwiya à Kéhounna.

En vérité, toi et toute ta bande, c’est contre l’Ét’ernel que vous vous êtes ligués; car Aharone, qu’est-il, pour que vous murmuriez contre lui?

En vérité, toi et toute ta bande, c’est contre l’Ét’ernel que vous vous êtes ligués.

Mochè révèle que Qorah ne remet pas en cause Aharone, humble et modeste, ne cherchant aucune prérogative. Mais il s’insurge contre l’Ét’ernel Lui-même qui l’a désigné. Mochè ne peut donc souscrire aux propos de Qorah qui prétend défendre les intérêts divins.

Mochè s’adresse tout le long à Qorah. Mais Qorah ne réagit à aucun moment. Il oppose un silence méprisant pour ne pas donner prise à Mochè de démonter toute sa position devant ses alliés.

La haine secrète le gène de la division. Même les paroles apaisantes et conciliantes de Mochè faisant appel au bon sens et à la discipline, ne sont d’aucun effet sur Qorah qui sera prêt à tout perdre et à mettre en danger toute sa communauté par haine et par jalousie.

1. Bé-midbar 16, 5-11.

2. Chémot 20, 2.

3. Bé-midbar Rabba chap. 18, paragr. 6.

4. Bé-midbar 16, 5.

5. Bérèchit 1, 5.

6. Wayi-qra 20, 26.

7. Divrè ha-Yamim I 23, 13.

8. Bé-midbar Rabba chap. 18, paragr. 8.

9. Bé-midbar 16, 11.

10. Chémot 31, 32.

11. Téhillim 133, 1, 2 et 3.

12. II, 33b.

13. Tanhouma sur Qorah, paragr. 11.

14. Habaqouq 3, 11.

15. Yalqout 16, 1.

16. Bé-midbar 18, 8.

17. Chémot 4, 14.

18. id. 16, 7.

19. Bé-midbar 16, 15.

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