L’arche de Noah

«Fais-toi une arche de bois de gofèr; tu distribueras cette arche en cellules et tu l’enduiras, en dedans et en dehors, de poix. Et voici comment tu la feras : trois cent coudées seront la longueur de l’arche; cinquante coudées sa largeur et trente coudées sa hauteur. Tu donneras du jour à l’arche que tu réduiras vers le haut, à la largeur d’une coudée; tu placeras la porte de l’arche sur le côté. Tu la composeras d’une charpente inférieure d’une seconde et d’une troisième. Et moi, je vais amener sur la terre le Déluge – les eaux – pour détruire toute chair animée d’un souffle périra. J’établirai mon pacte avec toi : tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, et ta femme et les femmes de tes fils avec toi(1)…»
La génération de Noah avait atteint une dépravation de moeurs telle que le Créateur ne pouvait lui consentir un sursis; son extermination est imminente. De toute la génération, Noah se distingue par sa conduite juste, intègre et parfaite. Aussi D’ieu, plutôt que de surprendre cette génération par sa rigueur implacable, décide-t-il, par l’intermédiaire de Noah, de la ramener à Lui.
Le midrache Tanhouma(2) s’exprime ainsi :
«Rav Houna dit au nom de Rabbi Yossi : pendant cent vingt ans le Saint béni soit-Il adressait ses avertissements à la génération du déluge pour l’inciter au repentir. Devant son refus, il recommande à Noah : «Fais-toi une arche de bois de gofèr». S’étant repenti, Noah se mit à planter des cèdres. Et lorsqu’on lui demande : «Ces cèdres pourquoi les plantes-tu?» Le Saint béni soit-Il s’apprête, répond-il, à détruire le monde par le déluge et me demande de construire une arche dans laquelle je me réfugierai avec ma famille. Tous se mirent à rire de ses paroles. Le voyant irriguer les cèdres plantés, ils lui demandent de nouveau «Que fais-tu?». Faisant toujours la même réponse, ils ne lui épargnent pas leurs moqueries. Après qu’il eut coupé et taillé les cèdres, ils se renseignent de nouveau sur les intentions [divines]. Noah les en informe, mais les admoneste. Devant leur refus de se repentir [le Saint béni soit-Il] les frappe de déluge tel qu’il est dit(3) :
«D’ieu effaça toutes les créatures qui étaient sur la face de la terre.»
Ce midrache tient, avant tout, à laver D’ieu de l’accusation de frapper par surprise la génération du déluge. Il use de patience et de longanimité, en donnant un répit de cent vingt ans. Ce sursis devait servir en fait à rappeler à tous l’extermination imminente à moins qu’un repentir sincère n’intervienne entre-temps. Aussi est-il étonnant que D’ieu n’ait point recommandé à Noah des cèdres déjà prêts. Le but visé était, en vérité, de montrer sa patience afin que cette génération comprenne que D’ieu ne veut point la mort du méchant mais plutôt son repentir.
Cependant, le midrache rapporté par Rachi(4) souligne l’impiété de cette génération qui, malgré l’anéantissement de la génération d’Ènoche, l’océan avait, en effet, débordé et submergé un tiers de l’univers, ne se soumet point à D’ieu et n’en tire aucune leçon. De plus les avertissements de Noah obtiennent l’effet contraire. Celui-ci s’attire critiques et railleries et ce, malgré la menace de la destruction certaine de la génération du déluge. Ceci confirme les paroles des sages(5) : «Les impies ne sont pas prêts à se repentir même aux portes de l’enfer.»
Toutefois l’attitude de Noah connaissant le projet divin d’exterminer cette génération nous surprend. Pour quelle raison s’abstient-il de prier et d’intercéder auprès de D’ieu pour sa génération? Il onvient à un tsaddiq, à un chef spirituel de prier pour sa génération. Abraham s’est efforcé, par ses prières, à sauver Sédome et Âmora de la destruction.
En vérité, Noah sait que sa prière serait inopérante, car pour sauver le monde de la destructicon il fallait la présence de dix tsaddiqim et ils n’étaient que huit : Noah, ses trois enfants et leurs épouses. Abraham s’arrête de prier dès lors qu’il est sûr de ne point trouver dix justes, tsaddiqim, dont le mérite sauverait Sédome et Âmora.
«Et D’ieu dit à Noah : «Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux», rapporte : «Le terme est arrivé pour les exterminer, le moment est venu pour dévaster [la terre], car leur corruption est montée devant moi. Tant de rigueur! Pourquoi donc? Parce que la terre, en raison de la conduite [des hommes], est remplie d’iniquité! Qu’appelle-t-on iniquité? Qu’appelle-t-on vol qualifié?
Rabbi Hanina dit : «Hamas, , iniquité, est le fait d’arracher à son propriétaire un objet valant moins d’une pérouta, la plus petite pièce de monnaie, alors que guèzèl, vol qualifié, se dit de l’objet valant [au moins] une pérouta.
Ainsi donc se comportent les gens de la génération du déluge : proposant à la vente ses lupins, aussitôt les uns après les autres se servent pour moins d’une pérouta de telle sorte qu’il lui est impossible de récupérer légalement son dû. Le Saint béni soit-Il leur dit : vous avez manqué de droiture dans votre comportement, je ne ferai point preuve de clémence à votre égard ainsi qu’il écrit(8) :
«Ah! le fil qui les soutenait est rompu, ils meurent sans avoir acquis la sagesse», c’est-à-dire sans avoir acquis la sagesse de la Tora, car(9) :
«Du matin au soir , ils se trouvent écrasés; sans qu’on y fasse attention ils périssent à jamais» c’est-à-dire sans qu’on y fasse attention à la justice tel qu’il est dit(10) : «Et voici les statuts que tu leur exposeras.»
Ce midrache a pour objet de répondre à l’interrogation du Talmoud(11) relative à la raison motivant la décision divine de détruire le monde. La violence de la génération du Déluge est à l’origine de la rigueur divine. Plus encore, cette violence s’est érigée en crime organisé. Tout se passe comme si tous les hommes, d’un commun accord, s’entendent pour dépouiller autrui de ses biens à la seule condition de ne point enfreindre les normes légales. Le résultat est que l’homme perdait son bien sans pouvoir recourir à la justice.
D’ieu leur applique la justice stricte, la rigueur. Il ne fait point appel à sa clémence. La sévérité divine frappe car tant que leur iniquité vise seulement les relations avec D’ieu, rien de grave ne les affecte mais aussitôt que les bonnes relations humaines et sociales ne sont plus respectées, plus rien ne retient D’ieu de passer à leur extermination. Si la justice n’est plus respectée, rien ne justifie plus l’existence du monde. Car la justice est un des principes fondamentaux qui régissent le monde et la société.
Cependant certains commentateurs retiennent à peine leur surprise devant la sévérité divine surtout pour une génération qui n’avait point reçu encore la Tora. Il existe, certes, des lois que la raison humaine impose; étant rationnelles, elles deviennent impératives pour tous. Mais de là à voir D’ieu réagir avec autant de rigueur! Pourquoi?
Chaâr Bat Rabbim, , sur la sidra tente par une parabole à expliquer le comportement divin. Cela fait penser, dit-il, à un propriétaire qui fit construire un grenier pour entreposer sa récolte. Ayant remarqué la présence de vers qui allaient abîmer sa récolte, le propriétaire fit procéder à leur élimination par le feu et l’eau bouillante. Et à la surprise devant la sévérité du châtiment infligé à ces vers qui, somme toute, sont par nature ravageurs, le propriétaire ne manque pas de répondre que son intention n’était nullement dirigée contre les vers. Son but se limite à nettoyer son grenier, à le débarrasser surtout de ce qui cause des dégâts à sa récolte. Ainsi, D’ieu en exterminant la génération du déluge n’ avait-il point l’intention de se venger mais de débarrasser le monde de ses destructeurs. Ce que D’ieu vise essentiellement, c’est bien la purification du monde.
De toute évidence, compte tenu des moyens d’apparence légale utilisés par la génération du déluge pour saper les bases de la société, seule la solution finale s’offrait à D’ieu, solution qui, par un nettoyage définitif, pouvait déboucher sur un meilleur projet de société qui sera recréée à partir de Noah et ses enfants.
Fais-toi une arche de bois de gofèr; tu distribueras cette arche en cellules et tu l’enduiras, en dedans et en dehors, de poix.
Fais-toi,
Pour quelle raison le texte emploie-t-il lèkha, ? Il aurait dû seulement dire Fais une arche, !
L’emploi de lèkha, , pour toi, est significatif. Pour Rachi, lèkha, signifie pour ton intérêt et ton bien,. Pourrions-nous appliquer ce sens ici?
Sans doute! Rachi établit une différence entre Abraham et Noah. Il dit en substance :
«Noah marchait avec D’ieu, : tandis que pour Abraham on dit(12) : «Marche devant moi», et(13) «J’ai marché devant Lui». Noah avait besoin d’un appui pour le soutenir. Abraham était assez fort et marchait dans sa piété de lui-même.»
La différence est qu’Abraham ne se contente pas d’être tsaddiq, juste et pieux, pour lui-même. Il rayonne autour de lui, enseigne à tous les hommes la voie qui mène à D’ieu, à la vérité et à la foi en D’ieu. Tandis que Noah se suffit d’être tsaddiq dans un environnement de méchants. Il n’entreprend rien qui puisse ramener sa génération à D’ieu. Lorsque D’ieu décrète l’extermination du monde, Noah est le seul tsaddiq méritant d’être épargné.
Toutefois malgré sa piété, n’ayant rien fait pour améliorer la conduite morale de sa génération, Noah courait le danger de subir le même châtiment que sa génération. Aussi D’ieu savait qu’en demandant à Noah de faire une arche à partir de cèdres qu’il a plantés, ses contemporains, le voyant occuper pendant cent vingt ans à cette construction et pressentant l’imminence du danger seront-ils prêts à faire pénitence. La construction de l’arche devait donner l’occasion à Noah de ramener la génération vers D’ieu.
Pour que Noah puisse être aussi sauvé, l’aide et l’appui de D’ieu lui étaient nécessaires.
Considérant les dimensions réduites de l’arche, il est impossible qu’elle puisse contenir toutes les espèces animales, reptiles, oiseaux et être vivants de la terre? Pour quelle raison donc D’ieu insiste-t-Il à faire l’arche alors qu’une solution plus simple pour sauver Noah et toutes les créatures se trouvant avec lui aurait pu être envisagée?
Rabbènou Béhayè s’interroge, en effet, sur les dimensions réduites de l’arche. Comment peut-elle contenir des créatures aussi imposantes que l’éléphant et le buffle?
Pour lui, cinquante arches suffiraient à peine. En vérité, dit-il tout cela tient du miracle. C’en était un, car un «lieu aussi réduit a pu contenir beaucoup.»
La construction de l’arche telle que décrite dans la Tora, avec ses dimensions, la disposition en cellules, se réduisant vers le haut à la largeur d’une coudée a de quoi nous surprendre! Pourquoi tous ces détails?
S’agissant d’un grand miracle, pourquoi D’ieu n’avait-il pas procédé autrement pour les sauver sans qu’il soit nécessaire de construire une arche, par exemple les faire planer dans les airs ou utiliser tout autre moyen puisque rien n’est impossible pour Lui?
Selon Rabbènou Béhayè, D’ieu insiste pour que l’homme utilise les moyens naturels en sa possession pour sortir d’une mauvaise situation et si ces moyens se révélaient insuffisants, le miracle est là pour intervenir. En effet, l’important est de réaliser autant que faire se peut l’économie du miracle. Ainsi dira-t-il : «Tous les miracles relatés dans la Tora ont pour base un élément naturel.»
Rambane, abordant la même question, dit que l’intention de D’ieu fut de frapper l’imagination des contemporains de Noah. Ainsi impressionnés par les dimensions relativement grandes de l’arche, feront-ils pénitence.
Mèâm Loêz souligne que la construction de l’arche différait de celle d’un bateau normal. Celui-ci large à sa partie supérieure et plus étroit dans sa partie inférieure arrive ainsi à flotter dans l’eau. L’arche, en revanche, large à sa partie inférieure, allait se réduisant à sa partie supérieure comme le texte le précise : «que tu réduiras, vers le haut à la largeur d’une coudée» afin, dit-il, que les eaux du déluge glissent sur l’arche et ne s’y accumulent point.
Tu distribueras cette arche en cellules.
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Rabbi Yéhouda dit que chaque étage comptait 120 cellules, soit au total 360, pour les trois étages. Alors que Rabbi Néhèmya dira 300 dans chaque étage, au total 900. Il est intéressant de remarquer que l’un comme l’autre cherchait à faire correspondre le nombre de cellules à un multiple du chiffre neuf représentant la valeur numérique de Èmèt, vérité, qui est le sceau de D’ieu. La génération du déluge, ayant fauté principalement par l’idolâtrie, la débauche et la violence, s’était de ce fait écartée de la vérité, du Èmèt.
Tu l’enduiras en dedans et en dehors de poix.
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Rachi, faisant le parallèle avec le berceau de Mochè, dit :
«Les eaux du Nil étant calmes, il suffisait de mettre de l’argile à l’intérieur et du bitume à l’extérieur. En outre, il ne fallait pas que ce «juste» [Mochè] soit incommodé par la mauvaise odeur du bitume. Mais dans le cas de Noah les eaux du déluge sont violentes, il fallait du bitume à l’intérieur et à l’extérieur.»
Et voici comment tu la feras : trois cent coudées seront la longueur de l’arche; cinquante coudées sa largeur et trente coudées sa hauteur.
Voici comment tu la feras.
Les dimensions de l’arche sont détaillées pour nous enseigner, dira Kéli Yaqar, que le déluge n’a frappé le monde que pour la débauche et les mauvaises moeurs de cette génération. Le midrache(14) précise :
«Par tout où tu trouves mauvaises moeurs et idolâtrie, une catastrophe générale s’abat sur le monde et détruit les bons et les mauvais.»
Dans ce cas également, D’ieu décide de détruire le monde car «la terre était corrompue, toute créature, ayant perverti sa voie sur la terre.» Par la débauche, le nom de D’ieu résidant parmi le couple la lettre yod, présent dans iche, , homme, et Hè, , présent dans Icha, , femme, est profané. D’ieu reprenant les lettres Yod et Hè de Son Nom, il ne reste plus que Èche, le feu. C’est le feu qui dévore le couple. Le déluge qui détruisit le monde se composait en fait d’eaux bouillantes et sulfureuses car toutes les sources avaient éclaté. Remarquons que le nom de D’ieu présent dans le couple a pour valeur numérique 15 que nous retrouvons à plusieurs reprises dans la sidra. Ainsi(15) : «De quinze coudées plus haut les eaux s’étaient élevées, et les montagnes avaient disparu.» Plus loin(16), «La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours»; c’est-à-dire dix fois quinze. En outre les dimensions de l’arche montrent que pour chaque étage la superficie est de quinze mille coudées carrées. Mais bien que la sentence ait été prononcée à cause de la violence, la débauche était à l’origine de ce châtiment.
Cependant reste à savoir pour quelle raison D’ieu a-t-il prévu trois étages dans l’arche. Même si nous nous rallions à l’explication voulant que le supérieur soit réservé à l’homme, l’intermédiaire aux bêtes et l’inférieur aux déchets et détritus, ces compartiments auraient pu être également aménagés sur la longueur et non répartis en trois étages. Pourquoi donc ces trois étages?
Kéli Yaqar souligne que ces trois étages rappellent en fait les trois mondes car pendant le déluge, les astres n’ayant pas été en fonction, l’arche devait être la réplique de ces trois mondes.
Tu donneras du jour à l’arche que tu réduiras vers le haut, à la largeur d’une coudée; tu placeras la porte de l’arche sur le côté. Tu la composeras d’une charpente inférieure d’une seconde et d’une troisième.
Tu la termineras en haut à la largeur d’une coudée.
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Le sommet de l’arche était donc d’une coudée sur une coudée, l’unité parfaite, rappelant ainsi l’unité de D’ieu. Plus on s’écarte du sommet plus on retrouve des êtres plus complexes. Ainsi plus proches de D’ieu, les anges multiples et divers mais faits à partir d’un seul élément constitutif : eau, air ou feu. Le monde intermédiaire, celui du ciel où il y a multiplicité, est constitué par deux éléments eau et feu. Chamayim, cieux, se décompose en èche, feu, et mayim, eau. Dans le monde terrestre, les êtres sont constitués de quatre éléments : feu, air, eau et sable. Au-dessus règne le Créateur dans son unité parfaite. C’est pourquoi le sommet était d’une unité parfaite.
Tsohar, , jour.
D’après nos maîtres, il s’agit d’une fenêtre. Mais d’autres optent pour une pierre précieuse qui donnait la lumière. Noah distinguait le jour de la nuit par l’éclat de la pierre précieuse. La nuit, elle scintillait davantage.
Et moi, je vais amener sur la terre le Déluge – les eaux – pour détruire toute chair animée d’un souffle périra.
Et moi, je vais amener sur la terre le Déluge, les eaux.
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Et moi,
Ce terme est superflu car en disant , je vais amener, nous comprenons que D’ieu décide d’amener sur la terre le déluge. Pourquoi cette répétition?
Rachi dit :
«Je [D’ieu] suis prêt à donner mon accord à ceux qui depuis longtemps me mettaient en garde, disant : «Qu’est-ce l’homme pour que tu t’en souvienne(17)?»
Sforno justifie l’emploi de Et moi, , par la succession des faits. Aussitôt que Noah achève la construction de l’arche, D’ieu amène le déluge.
Pour Or ha-Hayim, les agents destructeurs étaient prêts à entrer en action; ils n’attendaient que l’autorisation de D’ieu. Il est vrai que la principale cause de destruction était le déluge mais pour le Zohar(18), nombreuses étaient les puissances destructrices qui étaient prêtes à entrer en action.
Déluge d’eau,
Pourquoi D’ieu a-t-il détruit le monde par l’eau?
Le châtiment de la génération du déluge fut par l’eau car ses fautes principales étaient : idolâtrie débauche et vol qualifié.
Pour l’idolâtrie, D’ieu dit(19) :
«Ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne peuvent retenir des eaux.»
À propos de la débauche, celui qui commet l’adultère sera condamné à mourir par strangulation qui, selon le Talmoud(20), correspond de nos jours à la noyade.
À propos du vol consistant à s’approprier les biens d’autrui, la raison commande qu’il soit puni par les pluies abondantes où chaque goutte pénètre dans le domaine de sa voisine contrairement aux pluies bienfaisantes où chaque goutte respecte le domaine de l’autre. Nous retrouvons ici le principe du châtiment qu’applique D’ieu : mesure pour mesure, autrement dit appliquer le principe de réciprocité.
J’établirai mon pacte avec toi : tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, et ta femme et les femmes de tes fils avec toi…
J’établirai mon pacte avec toi.
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Pourquoi un pacte entre D’ieu et Noah était-il nécessaire?
Rachi dit :
«Il fallait qu’un pacte pour que les fruits ne pourrissent ni ne moisissent et aussi pour que les méchants de sa génération ne tuent pas Noah.»
Pour Or ha-Hayim, Noah avait besoin de ce pacte pour deux raisons : donner l’assurance à Noah de ne pas subir le même châtiment que sa génération. Il ne mourra donc pas. Mais lui donner aussi l’assurance de ne point l’oublier dans l’arche ainsi qu’il est dit(21) : «D’ieu se souvint de Noah.»
Ainsi donc le mauvais comportement de l’homme fait que D’ieu, clément et compatissant, réagisse avec rigueur et le châtie alors que le bon comportement transforme la rigueur divine en clémence. Tout au début, D’ieu n’attendait qu’un geste de bonne volonté. Les eaux commencèrent à tomber avec miséricorde. Si les hommes font pénitence, elles seront des pluies de bénédiction. D’ieu n’a jamais voulu la mort du méchant. Il n’attend que sa pénitence et son retour.
1. Bérèchit 6, 14-18.
2. Tanhouma, Noah paragr. 5.
3. Bérèchit 7, 23.
4. Bérèchit 6, 4.
5. T. B. Êroubine 19a.
6. Bérèchit Rabba paragr. 31, 5.
7. Bérèchit 7, 13.
8. Iyob 4, 2.
9. id. 4, 20.
10. Chémot 21, 1.
11. Sanhèdrine 108a.
12. Bérèchit 17, 1.
13. id. 24,40.
14. Bérèchit Rabba 26, 5.
15. Bérèchit 7, 20.
16. id. 7, 24.
17. Téhillim 8, 5.
18. Zohar I 62b.
19. Yirmiya 2, 13.
20. Kétoubot 30a.
21. Bérèchit 8, 1.