L’invasion acridienne en Mitsrayim

«L’Ét’ernel dit à Mochè : «Étends ta main sur le pays de Mitsrayim pour les sauterelles, afin qu’elles envahissent le pays de Mitsrayim, et qu’elles dévorent tout l’herbage de la terre, tout ce qu’a épargné la grêle. Mochè étendit sa verge sur le pays de Mitsrayim; alors, l’Ét’ernel dirigea un vent d’est sur le pays tout ce jour-là, puis toute la nuit. Le matin venu, le vent d’est avait amené les sauterelles. Elles se répandirent, les sauterelles, par tout le pays de Mitsrayim, et elles s’abattirent sur tout le territoire égyptien. C’était prodigieux : pareille quantité de sauterelles ne s’était pas encore vue, pareille quantité ne devait plus se voir. Elles dérobèrent si complètement la vue du sol qu’il en fut obscurci; elles dévorèrent tout l’herbage de la terre et tous les fruits d’arbres épargnés par la grêle; et il ne resta plus de verdure soit aux arbres, soit en herbe des champs, dans tout le pays de Mitsrayim.

Parô, en toute hâte, manda Mochè et Aharone et leur dit : «J’ai péché contre l’Ét’ernel votre D’ieu et contre vous. Eh bien! de grâce, pardonnez ma faute, cette fois seulement, et suppliez l’Ét’ernel votre D’ieu qu’il me délivre, à tout prix de ce fléau.

Mochè se retira de chez Parô et sollicita le Seigneur. Et le Seigneur fit tourner le vent qui souffla de l’ouest avec une grande violence, emporta les sauterelles et les noya dans la mer des Joncs : il ne resta plus une sauterelle sur tout le territoire de Mitsrayim. Mais le Seigneur endurcit le coeur de Parô, et il ne renvoya pas les enfants d’Israël(1)

Mochè commence à ressentir lassitude et découragement à force de voir Parô revenir, chaque fois, sur sa promesse de laisser partir Israël. Il ne comprend pas qu’un homme puisse tant risquer sa vie et celle de son peuple sur un coup de tête. Tant d’orgueil, tant d’obstination chez cet homme qui, dès la première plaie, aurait dû se soumettre à D’ieu. Mais, selon son habitude, aussitôt D’ieu relâche sa pression, Parô refuse d’obéir.

Mochè donne des signes de désespoir. Faut-il encore transiger avec un homme dont la mauvaise foi est notoire? Ne faut-il pas en finir une bonne fois pour toutes? Il comprend, certes, que D’ieu veuille punir Parô sévèrement pour avoir dépassé la mesure et asservi Israël avec tant de cruauté. D’ailleurs, punir Parô ne rime à rien puisque D’ieu annonce à Mochè qu’«Il avait appesanti son coeur et celui de ses serviteurs, à dessein d’opérer tous ces prodiges autour de lui?».

Il est vrai, et Rambane le souligne d’ailleurs, que D’ieu n’entend pas accepter le repentir de Parô obtenu sous la pression des plaies et des prodiges qu’Il réalise en Mitsrayim. De toute évidence, devant tant de prodiges, un homme aussi réfractaire que Parô finit par accepter l’autorité divine et se soumet à Sa volonté. Mais D’ieu appesantit le coeur de Parô pour rétablir un équilibre fragile. Parô prend alors en toute liberté sa résolution de laisser sortir Israël.

Frappant l’Égypte de fléaux, D’ieu vise de convaincre Israël, l’Égypte et toute l’humanité de Son existence et de Sa Providence. Pour les trois premières plaies : sang, grenouilles et vermine, il est dit(2) : «Afin que tu saches que nul n’égale l’Ét’ernel notre D’ieu». Pour les trois plaies intermédiaires : animaux malfaisants, mortalité des animaux, la peste, il est dit(3) : «Afin que tu saches que Moi, l’Ét’ernel, Je suis au milieu de cette province». Enfin, pour les quatre dernières plaies : grêle intense, sauterelles, ténèbres et mort des premiers-nés, il est dit(4) : «Afin que tu saches que nul ne M’égale sur toute la terre».

Parô donne l’occasion à D’ieu de se révéler à toute la terre. À cause de l’obstination de Parô, D’ieu multiplie les fléaux dont le résultat est de sanctifier le nom de D’ieu. Cependant, tout compte fait, chaque fléau frappant Mitsrayim répond au besoin de châtier les Égyptiens selon le principe cher à D’ieu «mesure pour mesure», le châtiment correspond parfaitement à la faute.

Le Midrache(5), citant(6) :

«L’Ét’ernel dit à Mochè : «Étends ta main sur le pays de Mitsrayim pour les sauterelles», rapporte :

Pourquoi [D’ieu] envahit-Il [l’Égypte] de sauterelles? Les [Égyptiens], ayant fait des Bénè Yisraèl des semeurs de blé et d’orge, D’ieu envoie des sauterelles pour détruire tout ce qu’Israël avait semé.

«Mochè étendit sa verge».

Pourquoi le Saint béni soit-Il accorde-t-Il un délai aux fléaux et ne frappe-t-Il pas de suite [les Égyptiens]? Afin qu’ils se repentent.

«Elles se répandirent, les sauterelles, par tout le pays de Mitsrayim… elles dérobèrent si complètement la vue du sol… Parô manda en toute hâte Mochè et Aharone et leur dit : «J’ai péché contre l’Ét’ernel votre D’ieu»,

Contre l’Ét’ernel car je n’ai point laissé partir Israël et «contre vous» pour vous avoir chassés de devant moi. J’avais l’intention de vous offenser en souhaitant :

«Ainsi D’ieu sera avec vous.»

«Eh bien! de grâce, pardonnez ma faute… Mochè se retira de chez Parô… Et le Seigneur fit tourner le vent… et il ne resta plus une sauterelle sur tout le territoire de Mitsrayim».

Que veut dire plus une sauterelle? Rabbi Yohanane dit : «Lorsque les sauterelles apparurent, les Égyptiens se réjouirent disant : «nous allons ramasser plein des cruches». Le Saint béni soit-Il dit : «Impies, le fléau qui vous frappe vous procure de la joie!» Aussitôt «l’Éternel fit tourner le vent qui souffla de l’ouest avec une grande violence, emportant les sauterelles».

Que veut dire :

«Il ne resta plus une sauterelle sur tout le territoire de Mitsrayim? Même les salées et les cuites se trouvant dans les marmites et dans les cruches prirent leur envol et partirent.

«Mais l’Ét’ernel endurcit le coeur de Parô.»

Pour le midrache, l’invasion des sauterelles illustre le principe divin consistant à infliger un châtiment qui correspond à la faute. Les Égyptiens font des Bénè Yisraèl pendant des années des cultivateurs et des paysans. Au lieu de les laisser s’épanouir dans l’étude de la Tora, les Égyptiens les traitent de la manière la plus ignoble. Le travail de la terre est des plus accablants et des plus pénibles. Mitsrayim devient, grâce à d’Israël, le grenier du Moyen-Orient, faisant ainsi son orgueil. Mais D’ieu entend lui infliger un châtiment exemplaire et l’appauvrir.

Cependant, D’ieu ne frappe pas sans avertir. Et, malgré l’avertissement, Il donne encore un délai de réflexion supplémentaire. «L’Ét’ernel dirigea un vent d’est tout ce jour-là, puis toute la nuit» avant d’envahir le pays de sauterelles. Mais Parô n’entend pas raison. Tout le monde constate l’obstination de Parô qui fait preuve d’impiété et de méchanceté. Le vent souffle pendant vingt quatre heures porteur de sauterelles. Mais, dès le premier signe de repentir, ce vent se tourne vers l’ouest pour réemporter les sauterelles.

Les Égyptiens, malgré le fléau qui les frappe, trouvent la situation moins dramatique. Ils pourraient utiliser les sauterelles pour se nourrir et pallier ainsi à la perte des récoltes de blé et d’orge. Le ravage des sauterelles les laisse indifférents. Parô, comprenant la faillite économique à laquelle il expose son peuple, demande grâce à Mochè! Mais son peuple se complaît dans cette situation.

Ce qui fâche D’ieu c’est de voir les hommes à ce point insoumis à Lui. Le désastre s’abat de jour en jour sur Mitsrayim. L’étau se ferme davantage sur eux. Rien ne les change. Bien au contraire, la situation fait leur affaire. On peut saler et préparer des sauterelles qui serviront d’aliments et de nourriture. Cette attitude provoque la colère de D’ieu qui, au moment de faire disparaître ce fléau, débarrasse Mitsrayim même des sauterelles cuites et salées se trouvant dans les marmites.

Ce dernier détail, au lieu de provoquer l’obéissance de Parô, endurcit plutôt son coeur. En effet, il n’était pas enclin à se soumettre à D’ieu. Le fait même de voir les sauterelles conservées s’envoler finit par le convaincre que ce fléau est, non pas une plaie véritable, mais un tour d’illusionniste. Et Parô renonce à l’obéissance pour repartir de plus belle dans sa révolte contre D’ieu. Là où D’ieu veut lui prouver Son existence et Sa Providence, en redonnant la vie à des sauterelles mortes qui s’envolent, Parô, au contraire, y puise une raison à son insoumission. Aussi sera-t-il l’objet de plaies plus graves et plus cruelles.

L’attitude de Parô rappelle une fois de plus l’affirmation du Talmoud(7) : «Les impies, même aux portes de Guéhinam, enfer, ne sont pas prêts à faire téchouva, un repentir». Parô assiste à l’anéantissement de son peuple et de son pays, et il n’est point prêt à s’améliorer.

L’Ét’ernel dit à Mochè : «Étends ta main sur le pays de Mitsrayim pour les sauterelles, afin qu’elles envahissent le pays de Mitsrayim, et qu’elles dévorent tout l’herbage de la terre, tout ce qu’a épargné la grêle.

Étends ta main sur le pays d’Égypte pour les sauterelles.

L’emploi de la préposition , , dans ba-arbè, , pour les sauterelles, soulève une difficulté. En effet, le verset est elliptique du verbe amener. La lecture du texte donne : «Étends ta main sur le pays d’Égypte pour amener les sauterelles.»

Rachi propose, pour donner une structure logique au verset, que ba-arbè est employé au lieu de : pour la plaie des sauterelles.

Selon Sforno, D’ieu ordonne à Mochè d’étendre la main vers le côté où se trouvent les sauterelles, autrement dit du côté de Mitsrayim. Mochè transmet donc aux sauterelles l’ordre de quitter leur lieu afin d’envahir Mitsrayim.

Mais Mèâm Loêz rappelle que sur la verge de Mochè étaient inscrites les dix plaies. D’ieu demande à Mochè de tenir la verge à l’endroit où se trouve l’inscription arbè .

Toutefois Rav Alchèkh rappelle que la grêle avait épargné le blé et l’épeautre. C’est miracle qu’ils n’aient pas souffert! D’ieu épargne ces récoltes afin de les réserver aux sauterelles. Ainsi s’exprime le texte(8) :

«Elles anéantiront le reste des ressources que vous a laissées la grêle non celles qui sont restées , elles dévoreront toutes les plantes qui croissent pour vous dans les champs.»

Ces plantes et les récoltes de blé étaient destinées aux sauterelles. D’ieu demande à Mochè de faire le geste qu’il faut pour donner le signal aux sauterelles pour attaquer les récoltes. Elles sont, cependant, prêtes à entrer en action.

Qu’elles envahissent le pays de Mitsrayim.

Le fait même d’envahir le pays de Mitsrayim est une plaie. Car leur nombre, à lui seul, suffit pour gêner et paralyser toutes les activités des Égyptiens.

Q Qu’elles dévorent tout l’herbage de la terre, tout ce qu’a épargné la grêle.

En disant l’herbage de la terreêssèv ha-arèts, et non l’herbage des champsêssèv ha-sadè, , le texte inclut la verdure des champs et des arbres. Tout herbage a disparu. C’est pourquoi le texte souligne plus loin(9) : «Et il ne resta plus de verdure soit aux arbres, soit en herbe des champs, dans tout le pays de Mitsrayim».

Tout ce qu’a épargné la grêle.

Pour Haâmèq Davar, l’emploi de la particule ète, disjoint les deux éléments de la phrase. Ce qu’a épargné la grêle ne fut point l’herbage de la terre. Car après le passage de la grêle, une autre verdure et un autre herbage avaient poussé. Le ète se rapporte donc à la récolte de blé et d’épeautre épargnée par la grêle.

Mochè étendit sa verge sur le pays de Mitsrayim; alors, l’Ét’ernel dirigea un vent d’est sur le pays tout ce jour-là, puis toute la nuit. Le matin venu, le vent d’est avait amené les sauterelles.

Mochè étendit sa verge sur le pays de Mitsrayim, et l’Ét’ernel dirigea un vent d’est.

Chaque fois que la Tora écrit Wa-Chèm, ‘, et l’Ét’ernel, cela signifie D’ieu et Son tribunal. Est-ce à dire que D’ieu consulte Sa cour pour la plaie des sauterelles? Surprenant qu’Il l’ait fait juste à l’occasion de cette plaie!

Pour Mèâm Loêz D’ieu prend, en effet, conseil de toute Sa cour avant de frapper par les sauterelles, parce que les serviteurs de Parô, montrant plus de souplesse, commencent à se soumettre. Le tribunal céleste ne comprendrait donc pas que D’ieu puisse les châtier! Consultant l’ensemble des anges, D’ieu obtient vite leur accord. Ils se rendent à l’évidence : la déclaration des conseillers de Parô est fallacieuse et leur soumission empruntée.

L’Ét’ernel dirigea un vent d’est

Le texte précise diriger au lieu de faire souffler. Diriger suppose que D’ieu évite d’envoyer un vent violent. Mais le vent a soufflé normalement tout le jour et toute la nuit pour montrer aux Égyptiens que même par les voies de la nature D’ieu peut frapper également les Égyptiens. Il n’était point nécessaire de faire intervenir le miracle. D’ieu s’élève davantage en utilisant les phénomènes naturels pour châtier les impies(10).

Un vent d’est.

Selon Rabbènou Béhayè, le vent d’est est un vent destiné au châtiment. Concernant la mer Rouge, il est écrit(11) : «Et l’Ét’ernel fit reculer la mer, toute la nuit, par un vent d’est impétueux.» A propos de l’exil des deux tribus, il est dit(12) : «Tel que le vent d’est, je les disperserai devant l’ennemi.»

Pour l’exil Yéchâya dit(13) :

«C’est avec modération que tu as puni ce peuple en le congédiant, alors qu’au jour de la tempête tu as fait souffler un vent [d’est] puissant.»

Pour le châtiment du temps de Gog et Magog, le roi David dit(14) : «Par le vent d’est, tu as brisé les vaisseaux de Tarsis».

Dans le cas de ce fléau, en dirigeant le vent d’est, D’ieu signale Sa colère et Sa volonté de châtier tous les Égyptiens.

Elles se répandirent, les sauterelles, par tout le pays de Mitsrayim, et elles s’abattirent sur tout le territoire égyptien. C’était prodigieux : pareille quantité de sauterelles ne s’était pas encore vue, pareille quantité ne devait plus se voir.

Elles se répandirent, les sauterelles, par tout le pays de Mitsrayim.

En précisant que les sauterelles se répandirent par tout le pays de Mitsrayim, le texte suggère que même le territoire de Gochène, lieu de résidence des Bénè Yisraèl, fut également frappé. Est-ce à dire que l’invasion des sauterelles n’a pas épargné, comme les autres fléaux, les Bénè Yisraèl?

Pour Chaâr Bat Rabbim, s’agissant de la huitième plaie, Israël se trouve à quelques semaines de la délivrance. Les Bénè Yisraèl, employés aux travaux des champs, ont labouré et semé également les champs entourant Gochène. Cette terre, fertile par excellence, produisait beaucoup de blé. L’épargnant, D’ieu ne priverait aucunement l’Égypte de récolte. Aussi, pour ne pas laisser la possibilité aux Égyptiens de se nourrir à même le blé semé dans les champs de Gochène, D’ieu a frappé sans distinction tout le territoire égyptien.

C’était prodigieux, pareille quantité de sauterelles ne s’était pas encore vue, pareille quantité ne devait plus se voir.

Rachi dit à propos de l’invasion de sauterelles du temps de Yoèl, il est écrit(15) :

«Comme elle [invasion], il n’y en eut jamais»Nous apprenons, dit-il, qu’elle a été plus grave que celle du temps de Mochè parce qu’elle comportait plusieurs espèces, à la fois Arbè, , Yèlèq, , Hassil, , et GazamMais celle de Mochè n’avait qu’une seule espèce de sauterelles et, comme telle, il n’y en a eu et il n’y en aurait plus jamais de pareille.»

Mais Rambane s’étonne des propos de Rachi car David, reprenant dans ses Psaumes le récit des prodiges réalisés par D’ieu en Mitsrayim, affirme que, du temps de Mochè, l’invasion comportait plusieurs espèces. Le texte dit en effet(16) : «Il dit, et des sauterelles vinrent, des locustes en nombre infini.»

Pour Mèâm Loêz, David laisse entendre que l’invasion acridienne du temps de Mochè se composait de sept espèces : ArbèsolâmhargolhagavGazam,  yèlèq, et hassil. Il cite pour preuve le fait que le texte de la Tora mentionne arbè, sept fois. Peut-être que cette espèce était plus répandue et plus nombreuse que toutes les autres. C’est pourquoi la Tora affirme que l’invasion des sauterelles du temps de Mochè était exceptionnelle par le nombre d’espèces et la quantité incalculable d’arbè, .

De plus, l’espèce arbè ne s’attaque qu’à la récolte n’étant pas capable de mâcher des aliments solides et durs. En revanche, les autres, équipées de mâchoires, peuvent broyer. Elles envahissent les maisons pour y dévorer tout aliment ainsi que le texte dit(17) : «Elles rempliront tes maisons et les maisons de tous tes serviteurs, et celles de toute l’Égypte». Ainsi donc, l’invasion du temps de Yoèl ne peut se comparer à celle de Mochè.

Cette plaie comportait deux prodiges.

Le premier, Arbè ne s’attaquant d’habitude qu’aux récoltes des champs, s’attaque en Égypte aux demeures qu’il envahit.

Le deuxième, les maisons du peuple, démunies de protection, devaient souffrir en premier. Bien au contraire, le palais de Parô fut d’abord envahi, ensuite les demeures de tous ses serviteurs et conseillers pour s’attaquer finalement à celles du peuple.

Elles dérobèrent si complètement la vue du sol qu’il en fut obscurci; elles dévorèrent tout l’herbage de la terre et tous les fruits d’arbres épargnés par la grêle; et il ne resta plus de verdure soit aux arbres, soit en herbe des champs, dans tout le pays de Mitsrayim.

Elles dérobèrent si complètement la vue du sol.

Il est évident que D’ieu, pour frapper l’Égypte de ce fléau, veuille que toutes les sauterelles existant à cet instant précis envahissent Mitsrayim. Elles sont si nombreuses qu’elles cachent complètement la vue du sol, étant l’une sur l’autre.

Et il ne resta plus de verdure… dans tout le pays de Mitsrayim.

Cette plaie a son côté positif. L’Égypte avait des guerres avec les pays voisins à propos de frontières. Comme cette plaie concerne l’Égypte, il est clair que les territoires, annexés de force par les Égyptiens, soient épargnés. Ainsi D’ieu administre-t-Il à toutes les nations la preuve de Sa justice immanente.

Parô, en toute hâte, manda Mochè et Aharone et leur dit : «J’ai péché contre l’Ét’ernel votre D’ieu et contre vous. Eh bien! de grâce, pardonnez ma faute, cette fois seulement, et suppliez l’Ét’ernel votre D’ieu qu’il me délivre, à tout prix de ce fléau.

Parô, en toute hâte, manda Mochè et Aharone et leur dit : «J’ai péché contre l’Ét’ernel votre D’ieu et contre vous.»

Parô reconnaît avoir fauté à l’égard de D’ieu pour s’être révolté à plusieurs reprises; il reconnaît également avoir fauté à l’égard de Mochè et Aharone en les chassant de son palais.

Eh bien! de grâce, pardonnez ma faute, cette fois seulement

En précisant cette fois seulement, Parô laisse entendre, bien qu’ayant fauté à plusieurs reprises, il ne reconnaît qu’une faute. N’a-t-il point fauté aussi bien à l’égard de D’ieu qu’à l’égard de Mochè?

pour Rav Alchèkh, Parô sait que D’ieu agit avec beaucoup de longanimité vis-à-vis de l’homme coupable et impie. Mais D’ieu s’empresse de châtier quiconque s’insurge contre son prophète. Ainsi Yarob’âm, bien qu’adorant des idoles et offrant des sacrifices sur leurs autels, ne fut point inquiété. Mais, menaçant l’envoyé de D’ieu, il eut la main paralysée. Aussi Parô supplie Mochè de lui pardonner parce que sa conduite, inqualifiable aussi bien à son égard qu’à l’égard de Aharone, lui vaudrait un châtiment certain.

Qu’il me délivre, à tout prix, de ce fléau

Parô supplie Mochè d’enlever ce fléau qui met les Égyptiens à genoux. En effet, les sauterelles, ne se contentant pas de dévorer la récolte, piquaient à mort toute personne.

Seulement, .

Cet adverbe indique la restriction. Parô demande, en fait, d’être débarrassé seulement des sauterelles vivantes qui causent des dégâts. Il voudrait, en revanche, pouvoir garder celles qui furent cuites et salées.

Mochè se retira de chez Parô et sollicita le Seigneur. Et le Seigneur fit tourner le vent qui souffla de l’ouest avec une grande violence, emporta les sauterelles et les noya dans la mer des Joncs : il ne resta plus une sauterelle sur tout le territoire de Mitsrayim. Mais le Seigneur endurcit le coeur de Parô, et il ne renvoya pas les enfants d’Israël.

Mais D’ieu fit tourner le vent qui, cette fois, souffla de l’ouest emportant les sauterelles, même les cuites, et les noya dans la mer des Joncs.

Il ne resta plus une sauterelle sur tout le territoire de l’Égypte.

Rambane, citant Rabbènou Hanan’èl, souligne que, depuis la prière de Mochè en vue de faire disparaître les sauterelles, jamais plus Mitsrayim ne fut frappée d’invasion acridienne. Et si jamais des sauterelles passent par le territoire de Mitsrayim, elles ne font aucun ravage. C’est là un prodige divin qui laisse son empreinte jusqu’à nos jours.

Pour Mèâm Loêz, emportant également les sauterelles cuites dont les Égyptiens voulaient se nourrir, D’ieu signifie Son intention de se moquer d’eux. Le texte avertit en effet :

«Afin que tu racontes à ton fils, à ton petit-fils, ce que j’ai fait aux Égyptiens et les merveilles que J’ai opérées contre eux.»

Malgré tout, Parô ne renvoya pas les enfants d’Israël. Car, en voyant s’envoler les sauterelles salées, Parô avait conclu non pas à un fléau mais à une illusion. C’est ainsi que D’ieu endurcit son coeur pour le frapper de nouveau.

1. Chémot 10, 12-20. 

2. Chémot 8, 6.

3. Chémot 8, 18. 

4. Chémot 9, 14. 

5. Chémot Rabba 13, 6.

6. Chémot 10, 11. 

7. T.B. Êroubine 19a.

8. Chémot 10, 5. 

9. id. 15.

10. Haâmèq Davar.

11. Chémot 14, 21. 

12. Yirmiya 18, 17.

13. chap.27, 8. 

14. Téhillim 48, 8.

15. Yoèl 2, 2. 

16. Téhillim 105, 34. 

17. Chémot 10, 6. 

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