Yaâqov rencontre Rahèl
«Yaâqov se remit en chemin et alla vers la terre des enfants de l’Orient. Il vit un puits dans les champs; et là, trois troupeaux de menu bétail étaient couchés à l’entour, car ce puits servait à abreuver les troupeaux. Or la pierre, sur la margelle du puits, était grosse. Quand tous les troupeaux y étaient réunis, on faisait glisser la pierre de dessus la margelle du puits et l’on abreuvait le bétail, puis, on replaçait la pierre sur la margelle du puits. Yaâqov leur dit : «Mes frères, d’où êtes-vous?». Ils répondirent : «Nous sommes de Harane». Il leur dit : «Connaissez-vous Labane, fils de Nahor?». Ils répondirent : «Nous le connaissons». Il leur dit : «Est-il en paix?», et ils répondirent : «En paix, et voici Rahèl, sa fille, qui vient avec son troupeau». «Mais, reprit-il, le jour est encore long et il n’est pas l’heure de faire rentrer le bétail : abreuvez les brebis et menez les paître». Ils dirent : «Nous ne saurions, jusqu’à ce que tous les troupeaux soient rassemblés: on déplacera alors la pierre qui couvre l’orifice du puits et nous ferons boire les brebis». Comme il s’entretenait avec eux, Rahèl vint avec le troupeau de son père car elle était bergère. Lorsque Yaâqov vit Rahèl, fille de Labane, frère de sa mère, et les brebis de ce dernier, il s’avança, fit glisser la pierre de dessus la margelle du puits, et fit boire les brebis de Labane, frère de sa mère. Et Yaâqov embrassa Rahèl, et il éleva la voix en pleurant. Et Yaâqov apprit à Rahèl qu’il était parent de son père, qu’il était le fils de Rivqa. Elle courut l’annoncer à son père(1).»
Après que Yaâqov, fuyant la colère et la vengeance de Êssaw, eut été rassuré, par la vision prophétique, sur les intentions divines de le protéger, la sidra Wayè-tsè relate la rencontre de Yaâqov et de Rahèl auprès du puits.
C’est près d’un puits qu’Èliêzèr rencontre celle qui devait être l’épouse de Yitshaq; c’est également près d’un puits que Yaâqov fera la connaissance de Rahèl, sa future épouse. C’est aussi près d’un puits que Mochè rencontrera son épouse. Le puits est la source de vie. L’eau est l’élément vital autour duquel toute vie s’organise. La femme, tel un puits, est ce qui contribue à former et à fonder un foyer.
«Yaâqov se remit en chemin» rapporte :
«Rabbi Abba dit : le texte enseigne(4) :
«Un coeur paisible est un gage de vie pour le corps». Il souligne en fait qu’ayant reçu la bonne nouvelle, le coeur de Yaâqov prit en charge la marche de ses pieds. C’est bien ce que l’on dit communément le ventre porte les pieds.
«Il vit un puits dans les champs» : Rabbi Hama fils de Hanina donne à ce verset six interprétations. Voici un puits dans les champs, il s’agit du puits [qui suivait Israël dans le désert]. «Et là, trois troupeaux de menu bétail étaient couchés à l’entour», il s’agit de Mochè, Aharone et Myriam. Car ce puits servait à abreuver les troupeaux. De ce puits, chaque [chef de tribu] attirait l’eau vers sa bannière, sa tribu et sa famille. Or, la pierre, sur la margelle du puits, était grosse, Rabbi Hanina dit : l’ouverture du puits était à peine aussi grande qu’un petit crible. Quand tous les troupeaux étaient réunis, on faisait glisser la pierre pendant la durée du campement. Puis on replaçait la pierre sur la margelle du puits, pendant les déplacements, le puits revenait à sa condition.
Autre explication :
Voici un puits dans les champs, il s’agit de Tsione. Et là, trois troupeaux, ce sont les trois fêtes de pèlerinage. Car ce puits servait à abreuver. Ils y puisaient l’esprit saint. La pierre était grosse, il s’agit de la joie accompagnant l’acte de puiser l’eau [à Soukkot]. Rabbi Hochâya dit : «Pourquoi cette fête est-elle appelée la joie de Bèt ha-choèva, car c’est là qu’ils puisaient l’esprit saint». Quand tous les troupeaux étaient réunis, ils venaient de Lévo Hamate jusqu’au fleuve d’Égypte. On faisait glisser la pierre, ils découvraient le puits pour y puiser l’esprit saint. On replaçait la pierre, ils devaient ainsi attendre pour la fête suivante.»
Midrache important car il nous rappelle que la Tora ne fait pas le récit des événements. La Tora n’est pas un livre d’histoires ni le livre d’Histoire. Le Zohar, au nom de Rabbi Chimône Ben Yohaï, ne cesse de condamner quiconque penserait que la Tora renferme l’histoire des événements. Chaque passage de la Tora, si déjà chaque terme a son importance et renferme un enseignement particulier, doit contenir des secrets et des trésors qu’il s’agit de découvrir. C’est donc le but de l’auteur de ce midrache. Remarquons tout d’abord que Yaâqov, fort de la promesse divine de le protéger contre Êssaw et Labane, se sent transporté. «Yaâqov prit ses pieds.» Est-il possible de marcher en soulevant les deux pieds? Cela n’est possible que si l’on fait un saut! Mais la marche est tellement rapide, car investi des assurances formulées par D’ieu, qu’elle donne l’impression de s’effectuer avec les deux pieds à la fois. En fait, Yaâqov met tout son coeur, fort de l’appui de D’ieu, à accomplir les recommandations de son père et sa mère.
D’autre part, Yaâqov à peine arrivé à destination, que s’impose à sa vue la vision «du puits au milieu des champs». Pour le midrache, cette vision n’est en aucune manière banale ni fortuite. Yaâqov, venant chercher son épouse, voit déjà se dérouler à ses yeux l’avenir qui affectera sa descendance. «Le puits dans le champ» est le puits qui accompagne Israël dans ses déplacements dans le désert. Point n’est besoin de souligner l’importance capitale de l’eau dans le désert. Cette eau fera parfois l’objet de contestations de la part d’Israël qui, à deux reprises, en est privé. Chaque fois que la conduite des Bénè Yisraèl laisse à désirer sur le plan moral, chaque fois qu’ils s’écartent de la voie de D’ieu, cet élément vital vient à manquer. Ce puits est le puits donné à Israël grâce au mérite de Myriam. Il réapparaît, après la mort de Myriam, grâce au mérite de Mochè.
Les trois troupeaux sont Mochè, Aharone et Myriam. En effet, en s’identifiant aux Bénè Yisraèl, c’est à travers leurs mérites que les besoins d’Israël sont assurés.
L’ouverture du puits avait les dimensions d’un petit crible souligne, en réalité, le miracle se produisant lors de la répartition de l’eau à chaque tribu. Malgré les dimensions réduites de l’ouverture, le débit du puits était à ce point grand que chaque chef de tribu pouvait, grâce à son sceptre, attirer l’eau à son campement.
L’action de faire glisser la pierre sur la margelle ou de la replacer, souligne à la fois la fidélité et la constance du miracle. Mais, dans le souci de réduire le recours au miracle, les Bénè Yisraèl n’en profitaient point dans leurs déplacements.
Yaâqov est ainsi rassuré : ses enfants sortiront d’Égypte. Ils n’auront point à se préoccuper de leur alimentation en eau puisque le puits de Myriam sera là durant leur traversée du désert.
La deuxième explication décrit l’existence d’Israël s’organisant autour du Bèt ha-Miqdache. Le puits est le Temple qui dispense une vie spirituelle au peuple d’Israël. Il se situe dans un champ car Tsione, l’emplacement du Temple, est comparé à un champ selon les paroles du prophète Mikha(5) :
«À cause de vous, Tsione sera labourée comme un champ, Yérouchalayim deviendra un monceau de ruines, et la montagne du Temple, une hauteur boisée.»
Les trois troupeaux, rappellent les trois fêtes de pèlerinage. Chaque fête est un moment marquant de l’histoire d’Israël. Pèssah, est la libération du joug égyptien qui permet à Israël d’accéder au rang de peuple libre. Chavouôt, donne au peuple d’Israël une constitution. C’est la Tora qui organise toute sa vie dans ses moindres détails. Soukkot, tout en rappelant la traversée du désert où Israël fut à l’abri parce qu’enveloppé de nuées, enseigne qu’il est absolument nécessaire de placer toute sa foi et sa confiance en D’ieu. C’est seulement ainsi que le peuple d’Israël peut faire face à tous les défis de l’histoire.
C’est d’ailleurs lors des fêtes de pèlerinage que le peuple d’Israël, suivant la prescription de rendre visite à D’ieu trois fois l’an, puise l’esprit saint, l’inspiration divine qui l’assiste dans toute la période séparant une fête de l’autre. Sans l’inspiration divine, la vie sera vide de sens. Chaque acte a besoin d’un support spirituel pour que son contenu ait une signification.
Simhate Bèt ha-choèva, constitue la joie la plus parfaite, celle qui laisse son impression sur tous durant toute une année. Il est dit à la fin du Traité Soukka(6) :
«Celui qui n’a pas vu la joie accompagnant l’acte de puiser l’eau, n’a jamais assisté à une vraie joie de sa vie.»..
Son influence et son inspiration durent longtemps. Pendant une année, le peuple est assuré d’être guidé par la Tora, l’esprit saint et la perfection morale.
Ce sont là les préoccupations qui agitent l’esprit de Yaâqov peu avant de fonder un foyer. Ces visions ont le bonheur de calmer ses angoisses et le rassurer sur les chances d’une vie spirituelle pour sa descendance.
Yaâqov se remit en chemin et alla vers la terre des enfants de l’Orient.
Yaâqov se remit en chemin.
Texte surprenant car il est évident qu’en soulevant les pieds, on se met en marche? Il est vrai, comme le rapporte Rachi, que Yaâqov, ayant reçu la promesse de la protection divine, le coeur épanoui lui soulevant les pieds, allait léger dans sa marche.
Rav Alchikh fait remarquer cependant qu’il est impossible en marchant de soulever les deux pieds à la fois. Le désir de Yaâqov est vif à telle enseigne qu’il le transporte vers le point de destination, le pays des enfants de l’Orient. C’est donc l’âme de Yaâqov qui le soulève et le transporte. Sans doute, est-il possible d’affirmer que Harane, destination finale de Yaâqov, ait réalisé un saut pour venir à sa rencontre.
Or ha-Hayim se réfère au midrache rapporté par Rachi(7) :
«Èlifaz, fils d’Êssaw, s’était mis à la poursuite de Yaâqov sur l’ordre de son père pour le tuer, et il l’avait rattrapé. Comme Èlifaz avait grandi dans le giron de Yitshaq, il s’y est refusé. Il dit alors à Yaâqov : «Que vais-je dire à mon père?». Yaâqov lui dit : «Prends tout ce que j’ai et, comme on l’affirme, un pauvre est comme un mort.»
Aussi explique-t-il que Yaâqov, en partant, ne transportait rien d’autre que ses pieds.
Par ailleurs, pour Or ha-Hayim, Yaâqov n’eut rien à faire d’autre que de soulever les pieds pour se retrouver aussitôt au pays des enfants de l’Orient.
Le texte ne mentionne pourtant pas Harane, sa destination finale. D’ieu veut ainsi, avant qu’il n’atteigne Harane, que Yaâqov rencontre Rahèl dans le pays des enfants de l’Orient.
Le Baâl ha-Tourim rapporte :
«Sa mère lui dit : comme je suis belle et j’ai été choisie près d’un puits, ainsi en sera-t-il pour toi. Ceci te servira d’indication : quand tu verras près d’un puits une des filles de mon frère dont la beauté ressemble à la mienne, c’est elle qui te sera destinée.»
Il vit un puits dans les champs; et là, trois troupeaux de menu bétail étaient couchés à l’entour, car ce puits servait à abreuver les troupeaux. Or la pierre, sur la margelle du puits, était grosse.
Il vit un puits dans les champs.
Rambane voit dans ce récit un intérêt : Quiconque espère en D’ieu finit par voir ses forces renouvelées et plus grande sera la puissance de celui qui le craint. Yaâqov vient d’arriver d’un long voyage, fatigué et éprouvé après avoir fait trois fois le trajet. Malgré cela, il a pu déplacer la pierre qui couvrait le puits, chose que trois bergers ensemble n’avaient pu faire.
Pour Kéli Yaqar, les trois bergers des troupeaux qui se trouvaient auprès du puits, sont en fait Yitshaq, Yaâqov et Mochè qui rencontrent leur épouse auprès d’un puits. Le puits lui-même fait allusion à la femme tel qu’il est dit(8) : «Bois donc l’eau de ta citerne et l’onde qui coule de ta fontaine»
Trois troupeaux de menu bétail couchés à l’entour.
Cela fait penser aux trois partenaires qui interviennent dans la naissance d’un être humain : l’homme, la femme et D’ieu. C’est pourquoi les trois ensemble boivent à ce puits.
Or la pierre sur la margelle du puits était grosse,
Le puits fait allusion à la femme. Le texte souligne la discrétion et la réserve, vertus essentielles de la femme telle que la décrit le Roi Chélomo(9) : «C’est un jardin clos que ma soeur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée.» Ainsi, comme Yaâqov vient y chercher celle qui sera son épouse, le texte insiste sur les vertus et les qualités de la femme. Rahèl répond à toutes ces exigences.
La pierre était grosse.
Rachebam explique que la pierre était grande pour éviter la chute d’un homme dans le puits ou pour empêcher toute personne étrangère d’y puiser. Il est donc nécessaire que tous se rassemblent pour la déplacer.
Or ha-Hayim y voit, quant à lui, la preuve de la puissance et la force de Yaâqov qui la fera glisser comme dit le midrache(10) : «Comme quelqu’un qui débouche une bouteille.»
Il leur dit : «Connaissez-vous Labane, fils de Nahor?». Ils répondirent : «Nous le connaissons».
Connaissez-vous Labane, fils de Nahor.
Labane est le fils de Bétouèl et pourtant Yaâqov dira fils de Nahor! Pourquoi?
Comme Bétouèl était un impie haï par tous, Labane ne voulait pas se faire passer pour son fils, mais plutôt pour celui de Nahor à cause du prestige dont jouissait Abraham son frère.
Mais Yaâqov se renseigne auprès des bergers sur la personnalité de Labane. Il veut savoir si Labane possède les qualités et les vertus de Nahor ou s’il est aussi impie et traître que Bétouèl son père. Les bergers répondent tout simplement : , «Nous le connaissons!». Autrement dit nous saisissons le sens de tes paroles et si tu veux savoir plus, tu n’as qu’à t’interroger sur le fait que sa fille Rahèl soit obligée de conduire son troupeau et non un berger. Ce qui laisse supposer que nul ne peut s’entendre avec Labane pour s’occuper de son troupeau(11).
Il leur dit : «Est-il en paix?», et ils répondirent : «En paix, et voici Rahèl, sa fille, qui vient avec son troupeau».
Il leur dit : «Est-il en paix?
Yaâqov s’inquiète des relations que les bergers pourraient avoir avec Labane puisqu’ils le considèrent comme un impie, traître et inique.
Ils répondirent «en paix».
Ne voulant plus continuer à parler, ils lui dirent : «Voici Rahèl qui vient avec son troupeau»,
Mais, reprit-il, le jour est encore long et il n’est pas l’heure de faire rentrer le bétail : abreuvez les brebis et menez les paître.
Le jour est long, il n’est pas l’heure de faire rentrer le bétail.
Yaâqov étant homme de vérité, entend reprocher leur fait à ces bergers qui, étant salariés, n’ont point terminé le travail d’une journée. Et, si jamais le bétail leur appartient, ce n’est point le moment de le faire rentrer. Yaâqov attire donc leur attention sur la perte de temps qui se fait soit au détriment du propriétaire soit à celui de leur bétail.
Ils dirent : «Nous ne saurions, jusqu’à ce que tous les troupeaux soient rassemblés: on déplacera alors la pierre qui couvre l’orifice du puits et nous ferons boire les brebis».
Ils répondent : «Nous ne saurions, jusqu’à ce que tous les troupeaux soient rassemblés».
Alors tous les bergers s’uniront pour faire glisser la pierre qui couvre le puits. Ce n’est qu’ensuite qu’ils pourront abreuver les troupeaux.
Chaâr Bat Rabbim, à la suite du midrache, donne une lecture différente de ce texte. Ainsi il vit à travers une vision prophétique voici un puits dans les champs, il s’agit du Bèt ha-Miqdache qui assure bénédiction, bonheur et prospérité au monde. Dans les champs, fait allusion à Tsione. Ayant couché à l’entour les trois troupeaux, ce sont Kohanim, Léwiim et Israël qui tirent leur existence de ce puits. Cette influence bénéfique du Bèt ha-Miqdache durait tant que le yètsèr ha-râ, le mauvais penchant, n’avait pas de prise sur les Bénè Yisraèl. Mais, dès qu’il a pu exercer sur eux son emprise, cette prospérité cessa et le Bèt ha-Miqdache fut détruit. Ainsi dit le texte : Or la pierre, le yètsèr ha-râ, comparé à la pierre, se trouvait sur la margelle du puits, [et] était grosse. Les membres de la grande Assemblée, ayant constaté les ravages commis par le yètsèr ha-râ, se sont concertés et ont décidé de l’annuler et le faire disparaître. C’est ce que précise le texte : Quand tous les troupeaux y étaient réunis, on faisait glisser la pierre, autrement dit ils résolurent de faire disparaître le yètsèr ha-râ. Le résultat fut que l’on abreuvait de nouveau le bétail, Israël, en lui assurant bénédiction et prospérité. Cependant, la haine gratuite, la division, qui s’est installée parmi Israël lors du deuxième Bèt ha-Miqdache, avait ramené de nouveau le yètsèr ha-râ qui provoque une fois de plus la destruction du Temple. C’est ce qu’exprime «puis on replaçait la pierre sur la margelle du puits».
Le midrache Èkha Rabbati, exprime toutefois l’idée que, de tous les Ancêtres, seul Yaâqov ressent la détresse de ses enfants dans l’exil autant que la joie de leur délivrance. Il est dit(12) : «Quand le Seigneur ramènera les captifs de son peuple, Yaâqov jubilera, Israël sera dans la joie». Aussi, Yaâqov en disant, «Mes frères, d’où êtes-vous?», leur demande-t-il : Quelle est donc la faute qui a causé un exil aussi long? Ils répondent : «De Harane!», Harane fait penser à harone af, colère, intransigeance et division existant à tous les niveaux de la société.
Mais Yaâqov indique la voie qui peut ramener la paix et l’harmonie entre tous afin de hâter la venue du Machiah, Messie : «Connaissez-vous Labane, fils de Nahor!», autrement dit le repentir car Labane, signifie rendre blanc. Seul le repentir peut atténuer les souffrances précédant la venue du Machiah ! C’est en les exhortant à rétablir la paix avec D’ieu, que le retour de l’exil s’effectuera.
Ils répondirent «Paix», nous avons une confiance absolue que D’ieu réalisera cette délivrance grâce aux prières et au mérite de Rahèl, selon les paroles de Yirmiya(13) :
«Ainsi parle le Seigneur : «Une voix retentit dans Rama, une voix plaintive, d’amers sanglots. C’est Rahèl qui pleure ses enfants, qui ne veut pas se laisser consoler de ses fils perdus! Or, dit le Seigneur, que ta voix cesse de gémir et tes yeux de pleurer, car il y aura une compensation à tes efforts, dit l’Ét’ernel, ils reviendront du pays de l’ennemi.»
Mais Yaâqov insiste : la délivrance peut se faire avant le délai prévu. Il ne faut point attendre pour réaliser la téchouva, le repentir nécessaire à cela. Aussi dit-il :
«Abreuvez les brebis et les menez paître!»
Israël reprend : la délivrance ne sera effective que si tous se rassemblent, unissant leurs efforts, pour faire rouler et enlever la pierre qui couvre le puits. L’unité réalisera la délivrance, car elle est capable de faire disparaître à jamais le yètsèr ha-râ.
Comme il s’entretenait avec eux, Rahèl vint avec le troupeau de son père car elle était bergère.
Comme il s’entretenait avec eux,
Yaâqov eut la vision de la délivrance symbolisée par la venue de Rahèl à la tête du troupeau des Bénè Yisraèl qu’elle ramène à leur terre. L’ayant vue, Yaâqov se précipite pour découvrir le puits et abreuve les brebis c’est à dire, Israël, qui appartiennent de nouveau à D’ieu après la téchouva réalisée.
Ainsi donc Yaâqov assiste-t-il, lors de sa rencontre avec Rahèl, à tous les événements qui affecteront le peuple d’Israël. Les destructions du Bèt ha-Miqdache, les exils, et la délivrance finale faisant aussi bien sa joie que celle de Rahèl, se déroulent devant ses yeux. Cependant, un message capital est à retenir : la délivrance peut se réaliser dès lors que nous l’aurons décidée. Il suffit de refaire l’unité du peuple grâce à l’amour gratuit du prochain et à la téchouva.
1. Bérèchit 29,1-12.
2. Bérèchit Rabba Chap. 70, paragr. 8.
3. Bérèchit 29,1.
4. Michelè 14,30.
5. Mikha 3,13.
6. T.B. Soukka 51a.
7. Bérèchit 29,11.
8. Michelè 5,15.
9. Chir ha-Chirim 4, 12.
10. Bérèchit Rabba Chap. 70, paragr. 8 et 9.
11. cf. Mèâm Loêz sur Bérèchit 29, 6.
12. Téhillim 14,7.
13. Yirmiya 31,15-16.