Yossèf nourrit les Égyptiens

Le Midrache rapporte :

“Comme la famine sévissait au pays, les Égyptiens se présentèrent à Yossèf : donne-nous du pain.

Mon D’ieu ne fournit pas des vivres aux incirconcis, leur répond-il. Pratiquez la circoncision et je vous fournirai du pain.

Ils s’en allèrent pleurant et criant chez Parô, tel qu’il est dit :

“Tout le territoire égyptien étant affligé par la disette, le peuple demanda à Parô, à grands cris, du pain. Mais Parô répondit à tous les Égyptiens : Allez à Yossèf ; ce qu’il vous dira, vous le ferez.

­ Nous nous sommes présentés à Yossèf, mais il dit des paroles insensées. Ainsi nous demande-t-il de pratiquer la circoncision !

­ Ah ! ne vous avais-je pas dit dès le début de lui obéir et emmagasiner des provisions ! N’a-t-il pas proclamé durant toutes les années d’abondance : Sachez que la famine va frapper le monde ! Vous êtes seuls responsables de cela. Pourquoi n’avez-vous pas emmagasiné dans vos demeures du blé voilà deux, trois ou quatre ans ?

­ Tout le blé que nous avons emmagasiné a pourri.

­ Ne vous reste-t-il pas de la farine d’avant ?

­ Même le pain se trouvant dans le panier a pourri.

Alors Parô dit : allez à Yossèf, ce qu’il vous dira vous le ferez ! Si, obéissant à son décret, le blé pourrit effectivement, sans doute décrètera-t-il notre mort et nous mourrons. Allez à Yossèf. S’il vous demande d’altérer votre chair, obéissez-lui tel qu’il est dit : “Ce qu’il vous dira, vous le ferez !

Quel rapport existe-t-il entre la circoncision et la récolte ? Yossèf, aux yeux des Égyptiens, disait des paroles vides de sens. Mais ils durent reconnaître que la désobéissance à Yossèf fait que, de toutes les provisions mises en réserve, seules celles de Yossèf soient préservées. Yossèf a raison : la situation agricole et économique du pays le prouve bien. Ils ne peuvent comprendre cependant le lien organique existant entre la circoncision et la préservation de la récolte.

Pour Hatam Sofèr, Yossèf demande aux Égyptiens de se faire circoncire afin d’échapper au décret divin frappant l’Égypte de famine. À cet effet, il conseille à Parô de nommer un étranger pour emmagasiner le blé afin que le décret visant les Égyptiens soit déjoué. Il demande, par la même occasion, aux Égyptiens de pratiquer la circoncision car, opérant ainsi une transformation de leur être, ils passeront aisément pour étrangers. Ce qui évitera à leur récolte de pourrir et se détériorer.

La circoncision opère, en fait, une épuration. L’excision du prépuce, ôrla, où se concentre l’impureté de l’homme contractée à la suite de la faute d’Adam, débarrasse l’homme de tous les éléments pouvant entraîner la décomposition. Celle-ci peut agir également à tous les niveaux, y compris celui de la récolte. Pour sa faute, la réparation d’Adam fut justement de se purifier à deux niveaux : manger le pain à la sueur de son front et la circoncision. Les deux vont de pair.

Toutefois Yossèf poursuivait un autre objectif en ordonnant la circoncision des Égyptiens. Les plans de la Providence prévoient l’exil des Bénè Yisraèl en Égypte. Yossèf, sachant cela, voulait éviter à tous ses frères les brimades et les humiliations dues au fait qu’ils sont circoncis. Son projet est de circoncire tous les Égyptiens afin d’éliminer toutes différences existant entre eux et les Bénè Yisraèl.

Rav Alchikh voit également dans cette mesure l’intention d’affaiblir la divinité égyptienne. En effet, par la circoncision, les Égyptiens parviendront à se détacher de l’impureté à laquelle ils sont assujettis par les dieux égyptiens. Agissant ainsi, il donne une chance de plus aux Bénè Yisraèl de sortir un jour d’Égypte.

Pour toutes ces raisons, Yossèf, tourné vers l’avenir et déterminé à éviter des situations humiliantes et dégradantes à ses frères, ordonne aux Égyptiens de pratiquer la circoncision.

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