La proximité de D’ieu : Privilège périlleux

L’Ét’ernel parla à Mochè, après la mort des deux fils d’Aharone, qui, s’étant avancés devant l’Ét’ernel avaient péri, et il dit à Mochè : Signifie à Aharone ton frère, qu’il ne peut entrer à toute heure dans le sanctuaire, dans l’enceinte du voile devant le propitiatoire qui est sur l’arche, s’il ne veut encourir la mort. Car je me manifeste dans un nuage au-dessus du propitiatoire. Voici comment Aharone entrera dans le sanctuaire : avec un jeune taureau comme expiatoire et un bélier comme holocauste. Il sera vêtu d’une tunique de lin consacrée, un caleçon de lin couvrira sa chair; une écharpe de lin le ceindra, et une tiare de lin sera sa coiffure. C’est un costume sacré, il doit se baigner dans l’eau avant de s’en vêtir. De la part de la communauté des enfants d’Israël, il prendra deux boucs pour l’expiation et un bélier comme holocauste. Et Aharone amènera le taureau expiatoire qui lui est destiné, afin d’obtenir grâce pour lui même et pour sa maison Wayi-qra 16, 1 6..

Afin de préserver la pureté et la sainteté du Michekane, la sidra Métsorâ, établit les règles de purification du lépreux, de quiconque laisse échapper de la matière séminale ou de celui qui cohabite avec une femme impure.

Aharè mote, traite des limites imposées à Aharone et, par suite, au Kohène GadolGrand Prêtre, qui, même purs, ne sont pas autorisés à pénétrer en tout temps au Sanctuaire et ce, pour ne point se voir condamnés à mourir comme Nadav et Abihou, fils d’Aharone. Malgré leur sainteté, dépassant même celle de Mochè et d’Aharone, la rigueur divine ne les épargne point. Aussi D’ieu adresse-t-Il un avertissement à Aharone pour le dissuader de pénétrer au Saint des Saints. S’agissant du Sanctuaire, même le Kohène Gadol ne saurait y pénétrer qu’une fois l’an, ,le jour de Kippour, après avoir rempli toutefois toutes les conditions requises.

Le Yalqout Yalqout, Aharè mote, paragr. 571., rapportant le texte Wayi-qra 16, 1. :

Signifie à Aharone, ton frère, qu’il ne peut entrer à toute heure dans le Sanctuaire, dit :

Nous ignorons ce que [D’ieu] transmet [à Mochè] lors de la parole précédente Rem. Il a été dit plus haut en effet: l’Ét’ernel parla à Mochè, après la mort des deux fils d’Aharone. sans préciser ce qu’Il lui a dit..

Rabbi Èl’âzar Bèn Âzaria dit : Cela fait penser à un médecin qui, ayant ausculté un malade, lui prescrit : ne bois pas [des liquides] froids et ne dors pas dans un lieu humide.

Un autre, l’ayant également examiné, lui recommande : ne bois pas tout ce qui est froid et ne dors pas dans un lieu humide afin que tu ne décèdes point comme un tel.

Il se trouve que ce dernier encourage [le malade] plus que le premier. C’est pourquoi il est dit :

Signifie à Aharone, ton frère, qu’il ne peut entrer à toute heure dans le Sanctuaire. Et, s’il entre, il s’expose à la mort comme ses fils. Aussi est-ce là le sens du texte : Après la mort des deux fils d’Aharone.

Rabbi Èl’âzar Bèn Âzaria tente d’expliquer que la première parole divine vise surtout de rappeler à Aharone la raison de la mort de Nadav et Abihou. Sans prendre conseil de Mochè et d’Aharone, ils se sont permis de pénétrer dans le Sanctuaire.

Cependant ce midrache soulève une difficulté. Il est surprenant qu’il invoque l’interdiction de boire un liquide froid et dormir dans un lieu humide pour dissuader Aharone de pénétrer au Sanctuaire. Sans doute, est-ce une manière, semble-t-il, de recommander à l’homme de laisser de côté tout raisonnement paraissant de prime abord logique et obéir plutôt à la prescription divine quand bien même paraîtrait-elle illogique.

Ainsi quoi de plus naturel pour un malade qui brûle de fièvre que de lui servir, pour étancher sa soif et calmer sa fièvre, des boissons et liquides frais ainsi que de rechercher la fraîcheur et un lieu humide? Mais agissant ainsi le malade s’expose à l’aggravation de la maladie. Ce sont des liquides chauds et des lieux secs qu’il lui faut.

Ainsi, Aharone, à l’exemple de ses fils, brûle d’amour pour D’ieu et, aspirant tant s’en rapprocher, verrait son désir le perdre. Désirer la proximité de D’ieu en tout temps est certes honorable et louable. Mais cela ne va pas sans danger.

Le Yalqout poursuit :

Ton frère, [faut-il entendre qu’Aharone] est interdit d’accès en tout temps, mais non Mochè, ou par ton frère [déduire qu’Aharone est seul] concerné par l’interdit, mais non ses fils?

Rabbi Èl’âzar dit : Si déjà celui qui, ayant l’ordre de pénétrer [dans le Sanctuaire] est interdit d’accès [en tout temps], quiconque n’étant pas autorisé [d’y pénétrer], n’est-il pas juste que l’accès lui soit interdit? Les Kohanim sans défaut physique administrent la preuve. Parce qu’ils ont le devoir de servir dans la tente d’Assignation, il leur fut enjoint de ne point s’y aventurer dans un état d’ivresse. En revanche, les Kohanim affligés d’un défaut physique, ne devant pas servir dans la Tente d’Assignation, ne sont point concernés par l’interdit d’y pénétrer dans un état d’ivresse. Ainsi est concerné par l’ordre quiconque est concerné par l’interdit. Aussi, le texte affirme : Parle à Aharone ton frère. Il n’était nullement besoin de dire ton frère. Pourquoi est-il dit ton frère? C’est pour inclure les fils.

Rabbi Èl’âzar voudrait, avant tout, écarter l’éventualité d’une mauvaise interprétation de l’expression Aharone ton frère. En effet, l’erreur de permettre, grâce au raisonnement déductif, à Mochè et aux fils d’Aharone l’accès du Sanctuaire demeure toujours possible. L’usage de ton frère ne les exclut nullement de l’interdit, mais les inclut plutôt.

Ce développement attire également l’attention d’Aharone qui, en raison de son devoir de servir une fois l’an dans le Sanctuaire, prendrait la liberté d’y pénétrer à n’importe quel moment. Il se doit néanmoins de respecter cet interdit. Pour les autres Kohanim, il va de soi qu’ils ne seront à aucun moment autorisés à le faire. C’est dire que plus grande est la responsabilité de Kohène Gadol et plus limitée encore sera sa marge de manoeuvre.

Mais Aharone et, plus tard, le Kohène Gadol jouissent de cette faveur unique. Malgré les avertissements répétés, l’amour qu’il témoigne à D’ieu est à ce point fort qu’il pourrait transgresser cet interdit.

Le Midrache Wayi-qra Rabba, Chap.21, paragr. 6. citant le verset Wayi-qra 16, 3. :

Bé-zot, Voici comment Aharone entrera dans le sanctuaire rapporte :

Rabbi Yodane dit : Pour pénétrer dans le Sanctuaire, le Kohène Gadol faisait appel à ses nombreuses mitswot, : le mérite de la Tora tel qu’il est dit Dévarim, 4, 44. :

Wé-zot ha-Tora, Or ceci est la Tora.

Le mérite de la mila, la circoncision ainsi qu’il est dit Bérèchit 17, 10. :

Zot bériti, voici le pacte que vous observerez…

Le mérite du Chabbat, tel qu’il est dit Yéchâya 56, 2. :

Heureux qui respecte zot, le Chabbat et ne le profane point.

Le mérite de Yérouchalayim tel qu’il est dit Yéhèzqèl 5, 5. :

Zot, voilà Yérouchalayim : je l’avais placé au milieu des nations…

Le mérite des tributs tel qu’il est dit Bérèchit 49, 28. :

Wé-zot, et c’est ainsi que leur père parla et les bénit….

Le mérite de Yéhouda tel qu’il est dit Dévarim 33, 7. :

Wé-zot, à Yéhouda, il adressa cette bénédiction.

Le mérite d’Israël ainsi qu’il est dit Chir ha-chirim 7, 8. :

Zot, cette taille qui te distingue est semblable à un palmier.

Le mérite de la Térouma, offrande, tel qu’il est dit Chémot 25, 3. :

Wé-zot, et voici l’offrande…

Le mérite du maâssèr, dîme, tel qu’il est dit Mal’akhi 3, 10. :

Éprouvez-moi bé-zot, par ceci…

Le mérite des sacrifices, tel qu’il est dit :

Bé-zot, voici comment Aharone entrera…

L’intérêt de ce midrache n’est pas de recenser tous les textes justifiant l’emploi de Bé-zotpour permettre au Kohène Gadol l’accès au Sanctuaire. Mais il fonde plutôt son existence sur le mérite d’Israël et de la Royauté, sur l’étude de la Tora et la pratique des mitswot, ainsi que sur le mérite de Yérouchalayim.

Le Kohène Gadol ne détient ce privilège qu’en se fondant sur la trilogie de base : l’unité nationale représentée par l’harmonie existant entre le peuple et le roi, l’unité territorialereprésentée par Yérouchalayim, la ville sainte et surtout l’unité morale basée sur la pratique de la Tora et des mitswot.

L’Ét’ernel parla à Mochè, après la mort des deux fils d’Aharone, qui, s’étant avancés devant l’Ét’ernel avaient péri.

L’Ét’ernel parla à Mochè après la mort des deux fils d’Aharone

Le texte ne mentionne nullement ce que dit D’ieu à Mochè. Pourtant Il relie cette parole à la mort des deux fils d’Aharone.

Pour Or ha-Hayim, l’Ét’ernel adresse cet ordre à Mochè lui-même.

Ainsi le premier Way-dabbèr, s’adresse avec toute la rigueur à Mochè afin qu’il ne soit pas tenté lui-même de pénétrer dans le Sanctuaire. Étant désigné par D’ieu Bémidbar 12, 7. Mon serviteur,, de toute ma maison c’est le plus dévoué, il pourrait penser que l’accès du Sanctuaire, interdit justement à Aharone, lui est permis.

Le texte souligne bien que Mochè se doit de tirer une leçon de la mort des deux fils d’Aharone. Bien qu’étant très proches de D’ieu, plus encore que Mochè et Aharone, D’ieu ne les a point épargnés.

Il s’agit surtout de ne point considérer que la proximité de D’ieu donne droit à quiconque, même à Mochè, de pénétrer en toute heure au Sanctuaire.

S’étant avancés devant l’Ét’ernel, ils avaient péri.

La cause de leur mort s’étant avancés devant l’Ét’ernel avait déjà été invoquée Wayi-qra 10, 1-2. :

Les fils d’Aharone, Nadav et Abihou, prenant chacun leur encensoir y mirent du feu, sur lequel ils jetèrent de l’encens et apportèrent un feu profane sans qu’il le leur eût commandé. Et un feu s’élança de devant le Seigneur, et les dévora, et ils moururent devant l’Ét’ernel.

Cette répétition semble inutile puisqu’elle n’apporte pas plus de clarté. En effet, s’étant avancés devant l’Ét’ernel n’explique en aucune manière, à première vue, la cause de la mort!

Enfin l’expression ils avaient péri, est incompréhensible car le texte lui-même précise après la mort des deux fils d’Aharone.

Kéli Yaqar admet également que D’ieu, s’adressant à Mochè lui dit : s’étant avancés devant l’Ét’ernel. Ce sont là les paroles de D’ieu à Mochè, paroles dures puisqu’il est dit Way-dabbèr, pour lui apprendre la cause de la mort des deux fils d’Aharone, mort provoquée par leur comportement grossier et familier vis-à-vis de la Chékhina, la présence divine.

Lors de Mattane Toradon de la Tora, Nadav et Abihou s’étaient permis de contempler la divinité d’Israël alors qu’ils participaient à un repas tel qu’il est dit Chémot 24, 11. :

Mais D’ieu ne laissa point sévir son bras sur ces élus des enfants d’Israël; et après avoir joui de la vision divine, ils mangèrent et burent.

Ce laisser aller dans leur comportement en présence de la Chékhinas’étant approchés de D’ieu sans marquer les égards dus à Sa Gloire, provoque leur mort.

la cause de la mort de Nadav et Abihou, pour nombre de commentateurs, consiste essentiellement dans leur désir excessif de vivre en proximité de D’ieu. Vouloir s’approcher davantage de D’ieu, même au prix de leur vie, constitue leur faute principale. Aussi, avant même de parvenir à leur fin, et atteindre le Sanctuaire, Nadav et Abihou périrent. C’est pourquoi Waya-motouils avaient péri, est répété.

Or Rachi rapportant le verset Dévarim 9, 20. :

Aharone aussi avait gravement irrité l’Ét’ernel qui voulait l’anéantir : j’intercédais pour Aharone aussi dans ce temps-là dit :

D’ieu voulait l’anéantir, en d’autres termes qu’Il avait l’intention de faire périr ses quatre fils. Mais la prière de Mochè réalise une rémission partielle, non totale.

Nadav et Abihou ne méritent donc la mort qu’à cause du veau d’or fabriqué par Aharone. Cependant, parce qu’ils sont familiers de D’ieu, Nadav et Abihou auraient pu être épargnés n’était la faute d’Aharone qui provoque la rigueur de ce châtiment.

Néanmoins le jour de la mort de Nadav et Abihou, D’ieu pardonne à Aharone comme le laisse entendre le texte Wayi-qra 9, 7. :

Et Mochè dit à Aharone : Approche de l’autel, offre ton expiatoire et ton holocauste, obtiens propitiation pour toi et pour le peuple.

Mais si pardon il y eut, comment admettre que Nadav et Abihou aient pu payer pour la faute d’Aharone?

Cependant le texte précise que le comportement familier et grossier de ses fils avait réactivé la faute d’Aharone.

Par ailleurs, leur mort avait permis de sanctifier le Michekane. À partir de ce moment, étant ainsi sanctifié, il fut respecté par tous. C’est ce que Mochè avait dit en guise de consolation à Aharone Wayi-qra 10, 3. :

C’est là ce qu’avait déclaré l’Ét’ernel en disant : Je veux être sanctifié par ceux qui M’approchent et glorifié à la face de tout le peuple!

Aussi, pour cette raison, le texte souligne-t-il Waya-motou avec l’emploi du Waw conversif faisant allusion à la sanctification de la maison de D’ieu par la mort de Nadav et Abihou.

Les trois causes de la mort des fils d’Aharone se trouvent, pour Or ha-Hayim, mentionnées dans le texte. Ainsi Après la mort des deux fils d’Aharone, se réfère-t-il à la faute d’Aharone, S’étant avancés devant l’Ét’ernel, à leur comportement lors de Mattane Tora et Waya-motouIls avaient péri à la sanctification du Michekane.

Ceci étant, Chaâr Bat Rabbim s’étonne que pour la première parole adressée à ce propos à Mochè l’ait été dans un langage dur et rigoureux. Pour y répondre il cite ce passage du Talmoud Makkot 11a. :

Èliyahou se fâche contre Rabbi Yéhochouâ Bèn Léwi parce qu’un lion dévore un homme aux environs de sa ville. Son mérite devait agir pour qu’un incident pareil ne survînt dans les parages de sa résidence.

Là aussi D’ieu fait grief à Mochè de n’avoir point prié pour qu’un tel châtiment ne frappe deux tsaddiqim aussi importants que Nadav et Abihou. Et lorsque l’intercession de Mochè eut pour effet de sauver Èl’âzar et Itamar de la mort, Mochè se devait d’insister, étant données les bonnes dispositions de D’ieu, afin d’obtenir également la même faveur pour Nadav et Abihou.

Et il dit à Mochè : Signifie à Aharone ton frère, qu’il ne peut entrer à toute heure dans le Sanctuaire, dans l’enceinte du voile devant le propitiatoire qui est sur l’arche, s’il ne veut encourir la mort. Car je me manifeste dans un nuage au-dessus du propitiatoire.

D’ieu parla ainsi à Mochè,

Mais en guise d’avertissement à servir à Aharone, le texte emploie Way-omèr, , paroles douces, pour le dissuader d’entrer à toute heure dans le Sanctuaire.

Cet interdit intéresse plus particulièrement tous les jours de l’année. Le désir d’Aharone de jouir de la vision divine dans le Sanctuaire s’aiguise et augmente, durant ces jours, par la satisfaction et le plaisir que procurent le boire et le manger.

Cependant il ne lui sera permis d’entrer que le jour de Kippour, jour de jeûne et de pénitence qui invite à une soumission totale à D’ieu.

Qu’il ne peut entrer à toute heure dans le sanctuaire.

Faut-il comprendre qu’entrer à toute heure soit interdit alors que de temps en temps serait permis? Il est évident que ce ne sera possible qu’une fois l’an! Quelle est donc la signification de l’expression à toute heure?

Kéli Yaqar pense que l’interdiction de pénétrer au Sanctuaire est reliée surtout au mauvais comportement du peuple. En effet, le jour de Kippour où tout Israël ressemble aux anges divins est l’unique jour où il est permis au Kohène Gadol d’entrer dans le Sanctuaire. Ce jour, étant d’une sainteté exceptionnelle, n’appartient pas au temps. Il est intemporel, au-dessus du temps.

Aussi la Tora précise : qu’il ne peut entrer en toute heure Êteun temps. Mais ce jour, ne faisant partie du temps, à cause du comportement moral des Bénè Yisraèl qui méritent le pardon et la rémission de leurs fautes, permet au Kohène Gadol de voir la Chékhina.

Car je me manifeste dans un nuage, au-dessus du propitiatoire.

Le texte invoque la raison pour laquelle il lui est permis d’y entrer en ce jour. En effet, si le dévoilement de la Chékhina avait été dans tout son rayonnement eût-il été inutile de lui interdire l’accès du sanctuaire Chémot 33, 20. car nul homme ne peut Me voir, et vivre. Mais le nuage, couvrant la Chékhina, est ce qui l’autorise à voir D’ieu.

Pour Rambane, dans un nuage, il s’agit du nuage de l’encens qu’Aharone doit introduire dans l’enceinte du Sanctuaire. La raison, selon lui, est celle que donne le Mékhilta Sidra Bé-challah. : Ils médisaient de l’encens l’accusant d’avoir fait périr Nadav et Abihou. Aussi en interdisant l’accès, en tout temps, du Sanctuaire, D’ieu le permet-Il à Aharone le jour de Kippour, à condition d’y pénétrer avec l’encens. Mais se présentant sans l’encens, il s’expose à la mort.

Pour faire taire, à ce propos, toute médisance, le texte affirme Wayi-qra 16, 13. de sorte que le nuage aromatique enveloppe le propitiatoire qui abrite le statut, et qu’il ne meure point.

Voici comment Aharone entrera dans le sanctuaire : avec un jeune taureau comme expiatoire et un bélier comme holocauste.

Voici comment Aharone entrera dans le sanctuaire.

Bé-zot, a pour valeur numérique 410. Cela fait allusion au premier Bèt ha-Miqdachequi dure 410 ans.

Mais il est étonnant qu’il n’existe aucune allusion au deuxième Bèt ha-Miqdache.

Pour Chaâr Bat Rabbim, la raison tient au comportement moral parfait des KohanimGuédolimGrands Prêtres, du premier Bèt ha-Miqdache, rappelant celui d’Aharone. Le texte emploie à cet effet Voici Bé-zot, comment Aharone entrera…, car les Kohanim Guédolim, étant tsaddiqimjustes, donnent l’impression qu’Aharone était encore vivant.

En revanche, les Kohanim du second Bèt ha-Miqdache, étant pour la plupart impies, ne méritent point que le nom d’Aharone leur soit appliqué cf. Yoma 9a.

Avec un jeune taureau comme expiatoire et un bélier comme holocauste.

Plus loin Wayi-qra 16, 5., le texte rapporte :

De la part de la communauté des enfants d’Israël, il prendra deux boucs pour expiation et un bélier comme holocauste.

Pour le midrache Wayi-qra Rabba 21, 11. :

Le taureau rappelle Abraham ainsi qu’il est dit Bérèchit 18, 7. : Abraham courut au troupeau…, le bélier fait penser au bélier sacrifié à la place de Yitshaq et les deux boucs à Yaâqov tel qu’il est dit id. 27, 9. :

Va au menu bétail et prends-moi deux bons chevreaux.

Kéli Yaqar est d’avis que le Kohène Gadol ne mérite de voir la Chékhina le jour de Kippour, que grâce aux ancêtres. Mochè, lui-même, n’eut la révélation divine que grâce à leur mérite. Cela ne peut avoir lieu que le jour de Kippour car la circoncision d’Abraham cf. Pirqè Rabbi Èliêzèr, chap. 29. et le sacrifice d’Yitshaq Yalqout Réoubèni, Wayè-ra 22, 14. se sont déroulés en ce jour. De même, pour les deux boucs, le midrache Bérèchit Rabba 65, 14. s’interroge sur la raison de ce sacrifice. Et de répondre :

[Ils sont] bons pour toi [Yaâqov] afin que tu puisses recevoir les bénédictions de ton père, et bons pour ta descendance afin qu’elle puisse en bénéficier le jour de l’expiation de leur fautes.

Il sera vêtu d’une tunique de lin consacrée, un caleçon de lin couvrira sa chair; une écharpe de lin le ceindra, et une tiare de lin sera sa coiffure. C’est un costume sacré, il doit se baigner dans l’eau avant de s’en vêtir.

Il sera vêtu d’une tunique de lin, un caleçon de lin, une écharpe de lin et une tiare de lin.

Même l’habillement contribue à permettre à Aharone l’accès du Sanctuaire. En ce jour le KohèneGadol ne porte que quatre vêtements au lieu des huit qu’il porte chaque fois qu’il est en fonction. Il manque donc tout habit comportant de l’or car ainsi disent nos Maîtres Roche ha-Chana, 26a. : l’accusateur ne peut être le défenseur.

Ainsi le jour de Kippour, le Kohène Gadol, Aharone en l’occurrence, ne porte pas de l’or qui rappelle la faute du veau d’or. Mais il ne sert qu’habillé comme un simple Kohène, portant seulement les quatre habits de lin.

Le texte suggère que le Kohène Gadol en entrant dans le Sanctuaire pour assister à la vision de la Chékhina, conforte Israël dans sa foi en D’ieu comme ce fut le cas de la révélation divine du Mont Sinaï. En principe, il rappelle à tout le peuple les deux premières paroles du décalogue : foi en D’ieu unique et l’interdiction d’avoir d’autres divinités. Ces deux paroles faisaient face dans l’autre table à ne tue point et ne commets point l’adultère. Aussi pour cette raison cf. Ârakhine 16a. porte-t-il la tunique, qui expie le meurtre, et le caleçon, expiant l’impudicité, . L’écharpe, séparant la taille du coeur répare toutes les mauvaises pensées, surtout les pensées relatives à l’idolâtrie qui comptent autant que l’acte et la tiare, pour expier le défaut d’orgueil (cf. Kéli Yaqar).

Ainsi donc pour que le Kohène Gadol puisse servir le jour de Yom Kippour, accéder au Sanctuaire afin d’assurer l’expiation des fautes à toute la communauté d’Israël, il lui faut, avant tout, s’entourer du mérite des Ancêtres. Cette mission nécessite également, en plus d’obéir à toutes les prescriptions y afférentes, la volonté de conduire et de hisser Israël à la perfection morale.

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