La pureté du camp d’Israël
«L’Ét’ernel parla à Mochè en ces termes : «Ordonne aux enfants d’Israël de renvoyer du camp tout individu lépreux, ou atteint de flux, ou souillé par un cadavre. Renvoyez-les, hommes ou femmes, reléguez-les hors du camp, afin qu’ils ne souillent point ces enceintes au milieu desquelles je réside». Ainsi firent les enfants d’Israël : ils les renvoyèrent hors du camp. Comme l’Ét’ernel avait parlé à Mochè, ainsi agirent les enfants d’Israël(1).»
La sidra Bé-midbar décrit de manière précise la disposition du camp des Bénè Yisraèl. Le Michekane constitue le camp de la Chékhina, . C’est là que D’ieu réside, et la Tora est située au Saint des Saints, . Vient ensuite le camp des Léwiim, qui entoure le Michekane. Le troisième est le camp d’Israël, .
Les douze tribus campent autour des Léwiim, trois dans chaque direction. Le camp de Yéhouda, à l’Est; le camp de Réoubène, au Sud; celui d’Èfrayim, à l’Ouest, et enfin au Nord celui de Dan, .
Les camps sont disposés en trois cercles circonscrits dont le centre est l’Arche Sainte. La Chékhina diffuse son rayonnement à tous les Bénè Yisraèl dont la mission essentielle consiste de maintenir le camp dans la pureté afin de ne point provoquer, par la présence de quelque impureté, la fuite de la Chékhina.
«Ordonne aux enfants d’Israël de renvoyer du camp tout individu lépreux…», dit : C’est bien ce qui est écrit(4) :
«Qu’on sépare les scories de l’argent et l’orfèvre le travaillera en objet d’art».
Rabbi Tanhouma, fils de Rabbi Abba, dit : que signifie «Qu’on sépare les scories de l’argent»? Tant que les scories sont mêlées à l’argent, celui-ci ne révèle pas sa beauté. Mais en séparant les scories, aussitôt [l’argent] montre sa beauté. Qu’on sépare les scories de l’argent, aussitôt après l’orfèvre obtiendra un objet d’art. Comment? Au moment où Israël est sorti d’Égypte, très nombreux furent ceux qui étaient infirmes. Pourquoi? Parce que préparant le mortier et les briques, ils se hissaient au sommet du bâtiment. Quiconque construit, escaladant les rangées [du bâtiment], une brique surgit lui coupant une main, une poutre ou du sable pénètre dans son oeil qui crève, devient ainsi infirme.
Arrivés au désert du Sinaï, D’ieu dit : Est-il de l’honneur de la Tora qu’elle soit donnée à une assemblée composée d’infirmes? Et si Je la réserve à une nouvelle génération, Je laisserais en souffrance la promulgation de la Tora. Que fait D’ieu? Il ordonne aux anges de descendre auprès d’Israël pour le guérir. Sache donc que c’est ainsi, car dit Rabbi Yéhouda, fils de Rabbi Simoune : Comment savoir qu’il n’y a point de boiteux? Ainsi qu’il est dit(5) :
«Et ils se tinrent au pied de la montagne». On ne se tient que sur les pieds. Comment affirmer qu’il n’y avait point de manchot? Il est dit(6) :
«Tout ce qu’a prononcé l’Ét’ernel, nous l’exécuterons», ni de sourds, tel qu’il est dit :
«Et nous l’écouterons», ni d’aveugle tel qu’il est dit(7) :
«Or, tout le peuple vit ces tonnerres…», ni de muet, ainsi qu’il est dit :
«Et ils dirent..»
Nous trouvons donc qu’ils furent tous guéris. Mais ne pouvant le déduire [à partir de cet enseignement], [le texte] le précise par ailleurs(8) :
«Aucune des plaies dont j’ai frappé l’Égypte ne t’atteindra, car moi, l’Ét’ernel, je te préserverai.»
Cependant, après le Veau, ils retrouvent leur infirmité première, frappés de flux et de lèpre. Ainsi paraissent-ils à Mochè tel qu’il est dit(9) :
«Mochè vit que le peuple était livré au désordre, qu’Aharone l’y avait abandonné.» Parouâ, désordonné ou découvert, ne s’applique qu’au lépreux ainsi qu’il est dit(10) :
«Or le lépreux, chez qui l’affection est constatée, doit avoir les vêtements déchirés, la tête découverte.»
D’ieu dit à Mochè : Tant que vous n’aviez pas fait le Michekane, Je m’en tenais aux faits laissant parmi vous les individus atteints de flux et de lèpre. Maintenant que vous avez érigé le Michekane et que ma Chékhina, présence, réside parmi vous, éloignez-les de vous. Ordonne aux enfants d’Israël de renvoyer du camp tout individu lépreux, atteint de flux, ou souillé par un cadavre. Pour quelle raison(11)?
«Afin qu’ils ne souillent point ces enceintes au milieu desquelles Je réside.»
Le midrache, abordant la prescription de renvoyer du camp les impurs, s’interroge justement sur la raison qui justifie la juxtaposition de cette prescription au récit du dénombrement d’Israël, celui de la tribu de Léwi, ainsi qu’à leur emplacement par rapport au Michekane. Aussitôt érigé et l’Arche Sainte placée dans le Sanctuaire, la Chékhina s’installe parmi Israël. Mais elle ne peut souffrir la présence des impurs. Elle les rejette loin à l’extérieur des camps de la Chékhina, de la Léwiya et d’Israël.
Mais, le midrache demeure préoccupé par l’existence possible des impurs. Est-il, en effet, permis de penser qu’il puisse exister, parmi Israël, des impurs? Parlant du peuple d’Israël, Chélomo affirme(12) : «Tu es toute belle, mon amie, et tu es sans défaut.»
La nature d’Israël, compatible avec la Tora, ne saurait qu’être pure et parfaite. Tel l’argent qui, avec une simple manipulation, révèle son éclatante beauté, Israël secoue ses imperfections pour montrer sa finesse et sa perfection morale.
Le séjour en Égypte avait dangereusement altéré la nature d’Israël. Les infirmités et les défauts, bien que les ayant affectés, ne sont pas irrémédiables. Un simple effort moral aurait raison de telles infirmités.
Pour le midrache, en vérité, l’infirmité physique révèle une infirmité autrement beaucoup plus grave, le défaut moral. Le don de la Tora que D’ieu n’entend pas accorder à un peuple marqué par des handicaps physiques mais qu’Il ne saurait non plus retarder hâte la guérison d’Israël. La Tora agit comme un remède : le mutilé du pied ou de la main retrouve son membre; l’aveugle recouvre la vue, le sourd l’ouïe et le muet la parole.
La Tora, tel un creuset qui affine l’argent pour en faire un objet d’art, agit sur les âmes des Bénè Yisraèl afin de séparer et éloigner toutes les impuretés.
Mais, avec la faute du Veau d’or, réapparaissent les défauts et infirmités. La faute entraîne la fuite de la Chékhina. Elle met en évidence toutes les imperfections. Quand bien même l’érection du Michekane réparerait la faute du Veau d’or, ramenant la Chékhina au sein d’Israël, il n’en demeure pas moins que ces imperfections ne disparaîtront qu’après un long et dur labeur. L’effort de repentir, téchouva, permet à l’homme impur de reprendre sa place au sein de la société. Car la Chékhina rejette toute personne impure. Aussi, pour cette raison les Bénè Yisraèl doivent-ils éloigner et renvoyer eux-mêmes tous les impurs afin de ne point souiller le camp d’Israël où réside la Chékhina.
Néanmoins, est-il possible que la Chékhina envisage de fuir le camp d’Israël à cause de son impureté? Le Midrache poursuit(13) :
«Afin qu’ils ne souillent point leur camp». Pourquoi le préciser? En ordonnant «de renvoyer du camp tout individu lépreux…», on déduit l’interdit d’approcher l’Arche et ceux qui la portent. Toutefois, en lui attribuant un endroit particulier [hors des camps], le texte souligne :
«Afin qu’ils ne souillent point leur camp au milieu duquel Je réside.»
Israël est apprécié car, même impur, la Chékhina réside en son sein tel qu’il est dit(14) :
«Qui réside avec eux, parmi leurs souillures.» Toutefois il est dit : «Afin qu’ils ne souillent point leur camp» et, par ailleurs(15) :
«N’impurifiez point le pays où vous habiterez, dans lequel Je résiderai, car Moi-même, Ét’ernel, Je réside au milieu des enfants d’Israël.»
Nous voilà rassurés sur les intentions de D’ieu qui ne dénonce pas les liens privilégiés qui le rattachent à Israël même quand l’impureté est là. Le devoir d’Israël consiste à éviter de souiller le camp, afin de retenir la Chékhina et ce, bien que son intention est de demeurer présente parmi Israël. Aussi, pour cette raison, le texte souligne-t-il : «Ils les renvoyèrent hors du camp», indiquant la volonté d’Israël d’accomplir l’ordre divin.
Ordonne aux enfants d’Israël de renvoyer du camp tout individu lépreux, ou atteint de flux, ou souillé par un cadavre.
Ordonne aux enfants d’Israël de renvoyer du camp tout individu lépreux…
Or ha-Hayim, cherchant à établir un lien logique entre ce texte et le précédent, pense que D’ieu, éloignant les Léwiim des choses saintes, nomme les Kohanim pour leur faire respecter cette interdiction, ainsi ordonne-t-Il aux Bénè Yisraèl de renvoyer tous les impurs afin de maintenir la sainteté du camp. La qédoucha, , sainteté, est avant tout une distanciation, une séparation. Ici, il s’agit de l’éloignement de ceux qui, par leur impureté, peuvent rendre le camp impur, altérer sa sainteté au point de faire fuir la Chékhina.
Mais Rambane s’applique à justifier l’emploi du terme Tsaw, ordonne, signifiant, selon Rachi(16) : «Une injonction pour l’immédiat et pour les générations.» Sans doute, penserait-on, que cette prescription ne sera effective qu’à partir de la construction du Bèt ha-Miqdache! C’est pourquoi, le texte précise par l’emploi de Tsaw, que l’injonction, prenant effet immédiatement, concerne également les générations à venir.
Pour Haâmèq Davar, Tsaw se justifie car, s’agissant de renvoyer des personnes hors du camp, chose pénible et difficile à obtenir même quand l’esprit d’obéissance est là, l’ordre exige maîtrise et force de caractère. Par ce terme, D’ieu fait appel à l’obéissance zélée et enthousiaste des Bénè Yisraèl. Il les y invite et les encourage.
Mèâm Loêz pense, quant à lui, que la raison fondamentale de cette mitswa est d’attirer l’attention des Bénè Yisraèl sur le fait que la Chékhina réside parmi eux. En effet, voyant que D’ieu se réserve le Michekane comme résidence, le camp des Léwiim, entourant celui de la Chékhina, éloigné du camp d’Israël, les Bénè Yisraèl concluraient au refus de la Chékhina de résider parmi eux. Mais, par l’injonction de renvoyer les impurs de leur camp, D’ieu signifie son désir d’y être présent.
Cet ordre mettant fin aux inquiétudes des Bénè Yisraèl, fixe également le degré de sainteté dévolu à chacun des trois camps. Ainsi le Michekane, étant le lieu de résidence particulier de la Chékhina, est plus saint que le camp des Léwiim qui, lui, est plus saint que celui d’Israël. En ordonnant donc de ne point déshonorer et impurifier leur camp, les Bénè Yisraèl sauront que la Chékhina tient à résider parmi eux.
Rachi souligne :
«Il y avait trois camps pendant la halte : à l’intérieur des rideaux se trouvait le camp de la Chékhina, autour duquel campaient les Léwiim… formant le camp des Léwiim; de là jusqu’à l’extrémité de l’emplacement des bannières, dans les quatre directions, s’étendait le camp d’Israël. Le lépreux,, était exclu de tous les trois. Le zab,, atteint de flux, pouvait rester dans le camp d’Israël mais exclu des deux autres; et celui qui était devenu impur au contact d’un cadavre, était autorisé à rester dans le camp des Léwiim mais était exclu de celui de la Chékhina(17).»
Avec la construction du Bèt ha-Miqdache à Yérouchalayim, ces trois camps étaient délimités de la manière suivante(18) :
«Des portes de Yérouchalayim au mont du Temple s’étendait le camp d’Israël, ; des portes du mont du Temple aux portes de la Âzara, appelée portes de Niqanor, constitue le camp des Léwiim, ; des portes de la Âzara au Sanctuaire, forme le camp de la Chékhina, .»
Kéli Yaqar, citant le Midrache(19) qui précise que les Bénè Yisraèl, coupables des trois péchés capitaux, idolâtrie, meurtre et impudicité, seront aussitôt exilés de leur pays, tend à assimiler les trois états d’impureté à ces trois péchés. Le midrache montre bien que le renvoi des impurs préfigure également l’exil d’Israël si les trois péchés entachaient la conduite morale des Bénè Yisraèl. Le lépreux, ha-tsarouâ, correspond à l’idolâtre. L’individu atteint de flux, ha-zab, fait allusion aux impudicités, et l’impur [souillé] par un cadavre, tamè la-nèfèche, fait penser au meurtre.
Néanmoins, Kéli Yaqar s’étonne que le midrache fasse le rapprochement entre l’injonction de renvoyer les impurs avec l’exil d’Israël. Pour l’auteur du midrache, dit-il, la difficulté réside dans le lien que pourrait avoir notre texte avec le précédent. Le 1er Nissane, le Michekane fut érigé et c’est en ce jour que la prescription de renvoyer les impurs fut ordonnée. En effet, le 14 Nissane des impurs s’étaient présentés auprès de Mochè(20) :
«Or, il y eut des hommes qui se trouvaient souillés par des cadavres humains et qui ne purent faire Pèssah ce jour-là. Ils se présentèrent devant Mochè et devant Aharone, ce même jour, et ces hommes leur dirent : «Nous sommes souillés par des cadavres humains; mais pourquoi serions-nous privés d’offrir le sacrifice du Seigneur en son temps, seuls entre les enfants d’Israël?»
En toute logique, c’est à ce moment-là que cette prescription aurait dû être ordonnée. Mais ayant érigé le Michekane et placé Sa résidence parmi Israël, D’ieu attire son attention sur les trois péchés capitaux pouvant entraîner la destruction du Bèt ha-Miqdache ainsi que l’exil. Aussi, pour prévenir cela, D’ieu ordonne d’éloigner du camp le lépreux, le zab, atteint de flux et le souillé au contact d’un cadavre. Ces trois impuretés révèlent en fait le mal latent qui est en eux.
La lèpre frappe l’individu pour ses convictions idolâtres. Ainsi à propos de la faute du Veau d’or, le texte dit(21) : «Mochè vit que le peuple était livré au désordre, , parouâ». Les Sages avaient expliqué parouâ par lépreux(22) ainsi qu’il est dit(23) : «Le lépreux… doit avoir les vêtements déchirés, la tête découverte, parouâ». L’idolâtrie avait entraîné la destruction du premier Bèt ha-Miqdache. Le second fut détruit à cause de la haine gratuite, , sin’at hinnam, et de la médisance, qui, elle, équivaut à l’idolâtrie.
Ainsi s’exprime le Yalqout(24) :
«Celui qui calomnie est considéré comme ayant renié son D’ieu tel qu’il est dit(25) :
«Ceux qui disent «par notre langue nous triomphons, nos lèvres sont notre force : qui serait notre maître?»
Le lépreux est renvoyé des trois camps afin d’éloigner toute trace d’idolâtrie. Ainsi, le calomniateur est-il également isolé et éloigné des trois camps car, par sa médisance, il a séparé le mari de sa femme, l’homme de son ami ou de son frère. Il ne mérite pas pour cette raison d’avoir une place au sein de la société.
Le zab n’est atteint de flux que parce qu’il s’adonne à la débauche ou s’il a une tendance marquée pour les impudicités. Son renvoi se situe au niveau de deux camps, celui de la Chékhina et celui des Léwiim. Étant tous deux saints, ils ne sauraient supporter la présence du zab. La sainteté est, par définition, séparation et éloignement des impudicités. Cependant, le camp d’Israël, moins saint, ne lui est pas interdit.
Le tamè, impur au contact d’un cadavre, par son indifférence à l’égard de l’être humain fait à l’image de D’ieu, mérite d’être renvoyé du camp de la Chékhina. En se souillant par le meurtre qui altère, dans l’homme, l’image divine, son châtiment sera proportionnel à sa faute.
Parce qu’ils entraînent la destruction du Temple et la fuite de la Chékhina, ces trois types d’impureté doivent être également éloignés du camp afin d’éviter son impurification.
Le terme tamè,, impur, représente ces trois cas d’impureté. Ainsi la lettre tèt, , de tamè, dont la valeur numérique est neuf (9), est-elle le symbole du meurtre. Le sang de l’être humain, né après neuf mois de conception, est versé. Aussi, neuf était-il le nombre total des villes de refuge, pour les meurtriers involontaires.
Mèm, de tamè, fait penser aux impudicités. Le déluge eut lieu pendant quarante jours, valeur numérique de mèm, parce qu’on avait forcé la main à D’ieu pour créer des enfants adultérins pendant les quarante premiers jours de la conception.
Alèf, de tamè, dont la valeur numérique est un (1), représente l’idolâtrie parce qu’elle remet en question l’unité de D’ieu, symbolisé par le Alèf.
Renvoyez-les, hommes ou femmes, reléguez-les hors du camp, afin qu’ils ne souillent point ces enceintes au milieu desquelles je réside.
Renvoyez-les, hommes ou femmes, reléguez-les hors du camp.
Selon Haâmèq Davar, bien que pour tous les interdits, hommes ou femmes sont traités de la même manière, au niveau de la lèpre il existe une différence. Le lépreux aura les vêtements déchirés et la tête découverte, mais non pas la lépreuse. Seule la résidence hors du camp est applicable dans les deux cas. C’est pourquoi le texte souligne ici hommes ou femmes puisqu’il s’agit uniquement d’éloignement.
Reléguez-les hors du camp,
Èl, vers, est superflu. Le texte devait dire plutôt vers l’extérieur du camp.
L’intention du verset est de préciser qu’il suffit de l’éloigner. Il n’est point nécessaire de le renvoyer bien loin hors du camp pour éviter d’être contaminé par la présence du lépreux. L’accent est mis davantage sur l’impurification du camp par sa seule présence.
Afin qu’ils ne souillent point les enceintes au milieu desquelles Je réside.
Pour Or ha-Hayim, citant le Talmoud(26), l’obligation de renvoyer les impurs ne prend effet que lorsque la Chékhina réside dans le Michekane. Mais aussitôt démonté, les impurs avaient l’autorisation de réintégrer le camp.
Ainsi firent les enfants d’Israël : ils les renvoyèrent hors du camp. Comme l’Ét’ernel avait «parlé» à Mochè, ainsi agirent les enfants d’Israël.
Haâmèq Davar s’étonne que le texte emploie comme l’Ét’ernel avait «parlé» à Mochèet non comme l’Ét’ernel avait «ordonné» à Mochè, .
L’expression comme l’Ét’ernel avait parlé à Mochè implique que les Bénè Yisraèl agirent tel que Mochè reçut la parole de D’ieu, autrement dit, ils accomplirent l’ordre dans son intégralité. En revanche, comme l’Ét’ernel avait ordonné suppose surtout l’ensemble de la Qabbala, de la transmission, qui engagerait également les générations à venir. Ici, Israël agit en obéissant à l’esprit de l’ordre divin, dans son intégralité.
Pour Mèchèkh Hokhma, le renvoi implique également la bonne volonté des impurs. Pour l’accomplissement d’un tel ordre, il eût été nécessaire de contraindre les impurs. Mais les impurs eux-mêmes se prêtent de bonne grâce, non pas comme obéissant à un ordre, mais plutôt comme accomplissant la parole de D’ieu.
Le Sifrè insiste également sur cet aspect en disant : «Les impurs ne s’y étaient point opposés.»
De toute évidence, Israël se doit de prouver, par des efforts certains, sa disponibilité à éviter la fuite de la Chékhina. L’existence d’Israël ne parvient, en effet, à sa véritable expression qu’en raison de la présence de la Chékhina. Aussi les impurs eux-mêmes visent-ils, par leur pleine adhésion à l’ordre divin, à retenir la Chékhina parmi Israël.
L’éloignement des impurs répond donc au souci de veiller à maintenir la présence de la Chékhina. Mais le midrache envisage l’éventualité de l’exil de la Chékhina lorsqu’Israël se rendrait coupable d’idolâtrie, de débauche et de médisance. C’est alors à Israël, par son repentir, qu’il appartient, non seulement de sortir de cet exil, mais aussi de libérer la Chékhina.
1. Bé-midbar 5, 1-4.
2. Bé-midbar Rabba, paragr. 7, 1.
3. Bé-midbar 5, 2.
4. Michelè 25, 4.
5. Chémot 19, 17.
6. id. 24, 7.
7. ibid. 20, 15.
8. Chémot 15, 26.
9. id. 32, 25.
10. Wayi-qra 13, 45.
11. Bé-midbar 5, 3.
12. Chir ha-Chirim 4, 7.
13. Bé-midbar Rabba 7, 9.
14. Wayi-qra 16, 16.
15. Bé-midbar 35, 34.
16. Wayi-qra 6, 2.
17. cf. Péssahim 67a.
18. Rambam, Lois sur Bèt ha-béhira, , chap. 7.
19. Bé-midbar Rabba 7, 10.
20. Bé-midbar 9, 6 et 7.
21. Chémot 32, 25.
22. Bé-midbar Rabba 7, 4.
23. Wayi-qra 13, 45.
24. Yalqout sur Téhillim, paragr. 656.
25. Téhillim 12, 5.
26. Ménahote 95a.