Le campement d’Israël dans le désert

«L’Ét’ernel parla à Mochè et à Aharone en ces termes : «Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants d’Israël; c’est en face et autour de la Tente d’Assignation qu’ils seront campés. Ceux qui campent en avant, à l’orient, seront sous la bannière du camp de Yéhouda, selon leurs légions, le phylarque des enfants de Yéhouda étant Nahchone, fils d’Âminadav, et sa légion, d’après son recensement, comptant 74 600 hommes. Près de lui campera la tribu d’Yissakhar, le phylarque des enfants d’Yissakhar étant Nétan’èl, fils de Tsouâr et sa légion, d’après son recensement comptant 54 400 hommes. Puis la tribu de Zébouloune, le phylarque des enfants de Zébouloune étant Èliab, fils de Hèlone, et sa légion, d’après son recensement, comptant 57 400 hommes. Total des recensés formant le camp de Yéhouda : 186 400, répartis selon leurs légions. Ceux-là ouvriront la marche(1)

Après le recensement de tous les mâles d’Israël à partir de l’âge de vingt ans, la Tora décrit la disposition des tribus autour du Michekane. Le campement des Bénè Yisraèl fut réglé et établi par Yaâqov peu avant sa mort. Cette disposition rappelle celle qu’occupent ses douze fils autour de son cercueil.

Ainsi explique Rachi à propos du texte(2) : «Ses fils le portèrent.

«Et Yaâqov leur avait fixé à chacun sa place, trois sur le côté Est, et ainsi de suite pour les quatre côtés dans l’ordre même du futur ordre de marche des drapeaux des tribus. Léwi ne devait pas porter, car il était destiné à porter l’Arche sainte. Ni Yossèf ne devait porter, car il était roi. À leur place, il y aurait Ménachè et Èfrayim. C’est là le sens du texte(3) :

«Chacun à son drapeau, d’après les signes, c’est-à-dire d’après le signe que leur avait donné leur père pour porter son cercueil.»

Cette disposition est importante. Yaâqov, telle l’Arche sainte, était le centre autour duquel gravitent toutes les tribus. Il est le véritable père de tout le peuple d’Israël. Son exemple et son enseignement produisent le même effet que la Tora. Autour de lui, la vie du peuple s’agence. De lui, il puise sa force et sa puissance face à toutes les vicissitudes de l’histoire. Ainsi la Tora agit également pour donner force et dynamisme au peuple d’Israël. C’est à travers elle que s’organise l’existence d’Israël.

Le Midrache(4) citant(5) :

«Il m’a conduite dans le cellier, et sa bannière qu’il a étendue sur moi, c’est l’amour», dit : «Au moment où le Saint béni soit-Il s’est révélé sur le mont Sinaï, sont descendues pour l’accompagner vingt-deux myriades d’anges ainsi qu’il est dit(6) :

«Les chars de D’ieu se composent par myriades et milliers répétés…». Ils étaient tous disposés chacun à son drapeau comme il est dit(7) :

«Distingué [par son drapeau] entre dix mille.»

Israël, les ayant vus ainsi rangés, formule le désir d’être disposé en drapeaux comme eux. C’est pourquoi il est dit : «Il m’a conduite dans son cellier», il s’agit de Sinaï où fut donnée la Tora comparée au vin tel qu’il est dit(8) :

«Et buvez du vin que j’ai mélangé.» Sinaï est donc le cellier. «Et sa bannière qu’il a étendue sur moi, c’est l’amour». Israël dit : Fasse qu’il étende sur moi son amour comme une bannière, ainsi qu’il est dit(9) :

«Nous allons célébrer Ta victoire, arborer comme un drapeau le Nom de notre D’ieu

Et le Saint béni soit–Il d’affirmer : Quel est ton désir? Être disposé en drapeaux? Par ta vie, je comblerai tous tes voeux ainsi qu’il est dit :

«Que l’Ét’ernel comble tous tes voeux!(10)». Aussitôt le Saint béni soit-Il le fit savoir à Israël en recommandant à Mochè de le ranger sous des bannières comme il l’avait désiré.»

Le midrache, faisant référence au spectacle des anges accompagnant D’ieu au moment de Sa révélation sur le mont Sinaï, tente de justifier la disposition des Bénè Yisraèl autour de la Tora. Leur aspiration est de ressembler aux anges qui, assurément, se tenaient autour de la Tora. Cet élan, apprécié à sa juste valeur par D’ieu, montre que la Tora était le centre d’intérêt de tout le peuple.

Cependant être disposé sous une bannière c’est aspirer à une identité. Cela suppose également être l’objet de l’amour et de l’affection du partenaire qui accorde cette identité. D’ieu, en donnant la Tora aux Bénè Yisraèl, fait aussi un acte d’amour. En les rangeant sous des drapeaux à la manière des anges, D’ieu entend témoigner Sa préférence à Israël. Il abandonne, en effet, le ciel et l’environnement des anges pour placer Sa résidence parmi les Bénè Yisraèl.

Rabbènou Béhayè remarque, à juste raison, qu’un des Princes du camp de Yéhouda se tenant à l’Est est Nétan’èl, un des Princes du camp de Réoubène se situant au Sud est Chéloumièl, un des princes du camp d’Èfrayim se trouvant à l’Ouest est Gam’lièl, enfin un des princes du camp de Dan installé au Nord est Pag’îèl, . Tous ces princes portent le Nom divin alors qu’aucun autre ne porte un nom se terminant par Èl, Nom divin. C’est dire que D’ieu entoure de Son amour et de Sa sollicitude le peuple d’Israël.

Le Midrache(11) affirme, en effet :

«Et sa bannière qu’il a étendue sur moi, c’est l’amour». Le Saint béni soit-Il dit : les nations ont aussi des bannières, mais celle de Yaâqov m’est plus chère».

Le Midrache poursuit(12) :

«Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles». C’est bien ce que le texte dit(13) :

«Qui est-elle, celle-ci qui apparaît comme l’aurore, qui est belle comme la lune, brillante comme le soleil, imposante comme une armée aux bannières déployées?»

Saint et impressionnant était Israël avec ses bannières. Toutes les nations, le voyant, s’étonnaient : «Qui est-elle, celle-ci qui apparaît comme l’aurore?». Les nations disent à Israël(14) :

«Reviens, reviens, ô la Choulamite…», joigne-toi à nous, viens à nous et nous ferons de toi des rois, des princes, des ducs, des chevaliers et des officiers. «Reviens, reviens, que nous puissions te regarder». Regarder, ,hèzè, n’est autre qu’accorder l’autorité ainsi que Yitro dit à Mochè(15) :

«Mais de ton côté, tèhèzè, , choisis entre tout le peuple des hommes éminents…».

Et Israël de répondre : «Pourquoi-voulez-vous regarder la Choulamite?» Quelle dignité pourriez-vous accorder? Serait-elle égale à celle du ballet de Mahanayim?» Pourriez-vous accorder la même dignité que nous accorde D’ieu dans le désert : la bannière du camp de Yéhouda, la bannière du camp de Réoubène, la bannière du camp de Dan, la bannière du camp d’Èfrayim? Pourriez-vous faire autant?»

Le deuxième midrache n’explique pas plus que le premier en quoi la disposition en bannières est-elle si importante pour que les nations expriment leur surprise? En quoi surtout le spectacle des anges incite les Bénè Yisraèl à désirer une telle disposition?

La disposition sous une bannière poursuit un double objectif. En premier, la bannière, signe de ralliement, permet de reconnaître à quel royaume telle armée appartient. Chaque roi dispose en effet d’une bannière particulière, différente de celle de son allié et surtout de celle de son ennemi. Mais il existe au sein de la même armée plusieurs bannières qui identifient chaque division. Est plus importante et plus appréciée celle qui se place près du roi. Ainsi à propos du peuple d’Israël : appartenant à D’ieu, il a une bannière qui le distingue. Il est à son roi et souverain. Cette distinction est en soi importante car il est le seul de tous les peuples à avoir le privilège de se ranger sous la bannière divine.

De plus, les tribus, par leur disposition par rapport à la Chékhina, ont plus ou moins d’importance. Ainsi, Yéhouda est plus proche de la Chékhina. Viennent ensuite par ordre d’importance Réoubène, Èfrayim et enfin Dan.

Tant que les Bénè Yisraèl n’avaient pas encore vu les Mal’akhim porter la bannière divine, ils doutaient de leur aptitude, en tant que des êtres matériels et physiques, à mériter une élévation et une dignité spirituelles qui les placeraient sous la bannière divine et, par suite, former les armées de D’ieu. Néanmoins, ayant vu les Mal’akhim atteindre un tel niveau d’élévation, bien qu’étant imparfaits par rapport à D’ieu, les Bénè Yisraèl se sont laissé dire qu’ils pouvaient prétendre, eux aussi, à se ranger sous des bannières qui les distingueraient des autres peuples. Israël n’a pu accéder à cela qu’après avoir reçu la Tora sur le mont Sinaï car, à ce moment, sa perfection était telle qu’il ressemblait aux anges divins.

Cette distinction, inspirée par l’amour de D’ieu qui fait du peuple d’Israël son armée particulière, suscite la surprise et la curiosité de toutes les nations. Voyant qu’Israël porte le Nom de D’ieu, elles se demandent : «Qui est-elle, celle-ci qui apparaît comme l’aurore?». Comme l’aurore en effet! Car la dignité d’Israël, ne faisant que poindre, ira resplendissante jusqu’à la venue du Machiah, , Messie, tel qu’il est dit(16) :

«Lève-toi, resplendis, car la lumière est venue, et la gloire de l’Ét’ernel rayonne sur toi. Oui, tandis que les ténèbres couvrent la terre et une sombre brume les nations, sur toi l’Ét’ernel rayonne, sur toi Sa gloire apparaît.»

Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants d’Israël; c’est en face et autour de la Tente d’Assignation qu’ils seront campés.

Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants d’Israël.

Selon Rachi :

«Chaque bannière aura pour signe distinctif une étoffe de couleur qui y sera attachée, la couleur d’une tribu différant de celle d’une autre, chacune ayant celle de sa pierre correspondante fixée sur le pectoral, et ainsi chacun reconnaîtra son drapeau.»

Rambane, rapportant Ibn Êzra, dit qu’un signe distinctif était attribué à chaque bannière. Les Sages affirment que sur la bannière de Réoubène apparaissait la forme d’un être humain et des mandragores, celle d’un lion sur la bannière de Yéhouda, celle d’un taureau sur la bannière d’Èfrayim, et la forme d’un aigle sur celle de Dan. Cela rappelle en fait le char céleste vu par Yéhèzqèl(17).

Le Michekane, étant au centre, est entouré d’abord par le camp des Léwiim autour duquel se dressent les quatre camps. Le camp d’Israël, orienté dans le sens du mouvement du soleil, présente à l’Est celui de Yéhouda car, étant le chef, D’ieu ordonne(18) «que Yéhouda monte en premier». Réoubène, étant l’aîné, s’installe au Sud, en raison de son privilège de naissance. Ces deux camps furent attribués aux fils de Lèa. Le troisième aux fils de Rahèl à l’Ouest. Enfin, le quatrième, au Nord, est attribué aux fils des servantes.

Pour le midrache(19) :

«De même que le Saint béni soit-Il a créé quatre directions au monde, ainsi Il a entouré Son trône de quatre Hayot, , bêtes célestes. Au-dessus de tous se trouve le trône de gloire. C’est en rapport avec [ces Hayot] que le Saint béni soit-Il a ordonné les bannières.

Il dit à Mochè : A l’Est qui dispense la lumière au monde campera Yéhouda puisque la royauté est à lui. Avec lui Yissakhar parce qu’il possède la Tora et Zébouloune la richesse. Ce camp se déplacera toujours en premier.

Au Sud qui dispense les rosées et pluies d’abondance, s’installera, parce que repenti, Réoubène. La téchouva, est en effet une vertu appréciée car, au moment où les hommes se repentent, le Saint béni soit-Il exprime Sa miséricorde au monde. Réoubène réalisant sa téchouva, Gad avec son courage, expient les fautes de Chimône qui se trouve au milieu. Ce camp se déplacera toujours en deuxième.

À l’Ouest, qui apporte au monde neige, grêle, froid et chaleur, se trouvent Èfrayim, Ménachè et Binyamine, voisin du lieu de résidence de la Chékhina(20), . Ils sont les troisièmes à se déplacer. L’héroïsme et le courage de Binyamine conviennent bien à la Tora et à la téchouva pour vaincre le yètsèr ha-râ,  .

Au Nord, dispensant au monde les ténèbres, s’installe Dan car de lui est issu Yarob’âm qui assombrit le monde par l’idolâtrie(21). Mais Achèr, se tenant à ses côtés, éclaire avec son huile(22) ses ténèbres. Naftali, béni et prospère, se joint à eux. Ils se déplaceront en dernier car quiconque introduit l’idolâtrie ne peut que marcher en dernier.»

Rabbènou Béhayè s’inspirant du commentaire de son maître Rambane, tente d’expliquer ototesignes distinctifs, en le faisant dériver de awatedésir, que les Bénè Yisraèl avaient le désir ardent de ressembler aux Mal’akhim.

Kéli Yaqar explique ce désir par la volonté d’Israël d’assumer, face à tous les peuples, la responsabilité de porter haut le flambeau de la Tora et la bannière de D’ieu et ce, dans toutes les directions du monde. Le fait même d’entourer des quatre directions la Chékhina et l’Arche sainte, centre d’attraction de tous, inspire une crainte à tous les peuples en voyant qu’Israël se conforme à la parole de D’ieu. L’avantage d’Israël sur tous les peuples est qu’il porte haut le Nom de D’ieu. C’est là sa gloire alors que les nations n’invoquent que la réussite matérielle périssable face à la gloire spirituelle d’Israël, toujours en évolution.

Maor wa-Chèmèche ne comprend pas en quoi les bannières des Mal’akhim avaient suscité le désir des Bénè Yisraèl de leur ressembler. Même, sans bannières, Israël n’est-il pas tenu de viser la perfection des Mal’akhim?

Mais, dit-il, bien que séparés, chaque camp étant sous une bannière différente, l’amour les unissait. Les Bénè Yisraèl expriment en fait le désir d’être unis par des liens effectifs d’amour, de fraternité et d’amitié sans toutefois perdre de vue la différence de degré au niveau de leur perfection morale. Car sachant définir la valeur de chacun par rapport à l’autre, ils serviront ensemble D’ieu avec la soumission requise afin de viser la perfection finale.

C’est en face et autour de la Tente d’assignation qu’ils seront campés.

Il est surprenant que le texte parle de la possibilité pour le camp d’Israël d’être à la fois mi-nèguèden face et savivautour!

Rachi dit : «À une distance d’un mil, (23), comme il est dit(24) :

«Toutefois vous maintiendrez entre [l’Arche] et vous une distance de 2 000 coudées environ», afin qu’ils puissent y venir Chabbat. Mochè, Aharone et ses fils et les Léwiim campaient à proximité.»

Ainsi, pour Rachi, en face, prend plus le sens de distance. Le camp d’Israël se tenait loin de l’Arche sainte.

Toutefois pour Maor wa-Chèmèche, l’Israélite ne saurait s’approcher davantage de l’Arche, compte tenu de son degré de perfection et de son niveau moral. Bien au contraire, c’est à partir de sa situation qu’il aura accès au divin. La distance entre l’Arche et le camp d’Israël étant d’un mil, chacun, à partir de sa place, parvient à s’élever. L’unité et l’amour agissent alors de telle sorte que la Chékhina devienne proche et accessible à tous.

[Et] ceux qui campent en avant, à l’Orient, seront sous la bannière du camp de Yéhouda selon leurs légions, le phylarque des enfants de Yéhouda étant Nahchone, fils de Âminadav, et sa légion, d’après son recensement, comptant 74 600 hommes.

[Et] ceux qui campent en avant, à l’Orient

Or ha-Hayim s’interroge sur l’emploi du waw conjonctif, et, placé en tête de ce verset.

Pour lui, ce waw relie le camp des Léwiim entourant la Tente d’Assignation au camp de Yéhouda qui se tient également autour du Michekane.

Toutefois, pour Rav Alchèkh ce waw montre que Yéhouda, malgré son privilège d’être le premier à camper ou à se déplacer, ne devait pas concevoir de l’orgueil. Car le waw indique justement que quelqu’un d’autre l’a précédé. Il ne fait que s’ajouter à lui. Cette leçon de modestie est adressée à Yéhouda car son camp est composé de tous les dignitaires du peuple : Rois, Sages et Riches. Ces valeurs ne sont rien en comparaison avec la vertu de modestie.

Aussi Kéli Yaqar expliquant la disposition des quatre camps, précise qu’ils correspondent en fait aux quatre vertus essentielles : la sagesseles valeurs moralesle courage et la richesse.

Le Talmoud enseigne(25) : «La Chékhina ne réside que sur un homme sage, riche, fort et modeste.» La modestie demeure, cependant, la principale de toutes les valeurs morales. Les bannières, devant amener la Chékhina à résider parmi Israël, furent disposées selon cette échelle de valeurs.

Yéhouda, Yissakhar et Zébouloune sont les premiers car, d’eux sort l’enseignement de la Tora, la lumière pour le peuple. C’est pourquoi ils sont situés à l’Est. Ils sont appelés à combattre en première ligne pour la Tora qui les aide et leur assure la victoire. Les initiales des trois noms forment Yod, Yod et Zayine, dont la valeur numérique est 27, nombre total des lettres de la Tora.

Réoubène, Chimône et Gad sont au Sud. DaromSud, se décompose en dar roumréside sur les hauteurs. Car le soleil, au midi, est à son zénith. C’est la récompense que reçoit quiconque accepte de se soumettre. Réoubène, en se repentant pour l’acte de Bilha, fit preuve de soumission et de modestie. Chimône était au service du peuple d’Israël. Parmi ses descendants, des éducateurs et des scribes. Étant la tribu la plus démunie et pauvre, elle est soumise et modeste. Gad était la tribu de pionniers qui se mettait au devant du danger non par orgueil, mais par humilité tel qu’il est dit(26) : «Gad sera assailli d’ennemis, mais il les assaillira en les talonnant.» Le talon est symbole de modestie.

Èfrayim, Ménachè et Binyamine, installés à l’Ouest. Ils viennent en troisième position. Le courage et la puissance sont leurs vertus. Il est dit en effet(27) «Aux regards d’Èfrayim, Binyamine et Ménachè, déploie ta puissance, et marche à notre secours!» Yossèf a la force du taureau et Binyamine celle du loup. Et comme la force et la puissance vont en déclinant, leur position est également à l’Ouest où se couche le soleil.

Dan, Naftali et Achèr sont au Nord, lieu où se trouve l’or et la richesse. Les trois furent riches. À propos d’Achèr, il est dit(28) : «Pour Achèr, sa production sera abondante…», de Naftali(29) «rassasié des grâces divines». Quant à Dan, il ne procède à la confection des deux veaux d’or qu’en raison de la richesse que lui a prodiguée D’ieu. La richesse, étant la valeur la moins considérée, est citée en dernier. C’est pourquoi ce camp se déplace en dernier.

Et sa légion, d’après son recensement

Pour Haâmèq Davar, ce verset n’est pas une narration mais plutôt une partie de l’ordre divin à Mochè.

Rambane enseigne que, durant les vingt jours qui séparent le recensement de la mise en place du campement des Bénè Yisraèl, aucune mort n’est venue altérer le nombre initial des hommes. C’est miracle que, durant ces vingt jours, aucun mort ne vienne ternir la joie d’Israël.

Après avoir dénombré les tribus de Yissakhar et Zébouloune, le texte dit :

Ceux-là ouvriront la marche

Rachi explique comment se passait le déplacement d’Israël dans le désert :

«Quand ils voient la nuée s’éloigner, les Kohanim sonnent de la trompette et le camp de Yéhouda se met en marche en premier lieu, et quand ils marchent, ils marchent comme ils campent; les Léwiim et les voitures au milieu, la bannière de Yéhouda à l’Est, celle de Réoubène au Sud, celle d’Èfrayim à l’Ouest, et celle de Dan au Nord.»

Ainsi le déplacement des Bénè Yisraèl dans le désert, comme leur campement, étaient-ils régis à la manière des anges célestes. Ce faisant, les Bénè Yisraèl avaient pour unique but de ressembler davantage aux anges, mais ils aspiraient par leur conduite à les dépasser en visant une perfection morale qui les rendait chers aux yeux de D’ieu.

1. Bé-midbar 2, 1-9.

2. Bérèchit 50, 13.

3. Bé-midbar 2, 2.

4. Bé-midbar Rabba paragr. 2, 1.

5. Chir ha-Chirim 2, 4.

6. Téhillim 68, 18.

7. Chir ha-Chirim 5, 10.

8. Michelè 9, 5.

9. Téhillim 20, 6.

10. id. 20, 9.

11. Bé-midbar Rabba paragr. 2, 3.

12. Bé-midbar 2, 2.

13. Chir ha-Chirim 6, 10.

14. Chir ha-Chirim 7, 1.

15. Chémot 18, 21.

16. Yéchâya 60, 1-2.

17. in. Yéhèzqèl chap. 1.

18. Chofétim 1, 2 et 20, 18.

19. Bé-midbar Rabba 2, 9.

20. cf. Dévarim 33, 12.

21. Mélakhim 2 12, 29.

22. Dévarim 33, 24.

23. N.B. Un mil est unité de mesure de longueur, il équivaut à 1000 m environ.

24. Yéhochouâ 3, 4.

25. Nédarim 38a.

26. Bérèchit 49, 19.

27. Téhillim 80, 3.

28. Bérèchit 49, 20.

29. Dévarim 33, 23.

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