Le repos de la terre
L’Ét’ernel parla à Mochè au Mont-Sinaï, en ces termes. Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre sera soumise à un chômage en l’honneur de l’Ét’ernel : Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit; mais la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un chabbat en l’honneur de l’Ét’ernel! Tu n’ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne. Le produit spontané de ta moisson, tu ne le couperas point, et les raisins de ta vigne intacte tu ne les vendangeras point : ce sera une année de chômage pour le sol. Ce sol en repos vous appartiendra à tous pour la consommation : à toi, à ton esclave, à la servante, au mercenaire et à l’étranger qui habite avec toi; ton bétail même, ainsi que les bêtes sauvages de ton pays, pourront se nourrir de tous ces produits Wayi-qra 25, 1-7..
Les sidrot précédentes traitent tour à tour de la sainteté du peuple d’Israël, de celle des Kohanim et enfin de celle du Kohène Gadol. Èmor relate également de la sainteté des fêtes juives et des jours solennels. Ainsi, d’un côté c’est la sainteté de l’homme, et, de l’autre, celle du temps.
Bé-har, traite surtout de la sainteté du lieu, celle de la terre d’Israël, s’ajoutant à celle du Bèt ha-Miqdache, .
En vertu de sa sainteté, la terre d’Israël a le privilège d’avoir des règles et des mitswot spécifiques dont l’application relève des Bénè Yisraèl. C’est un principe constant : l’élection se traduit par un surcroît de prescriptions. Il s’agit en l’occurrence des règles de la chémitta, année chabbatique, et celles du yovèl, jubilé.
Le Midrache Yalqout sur la sidra chap. 25. cite Wayi-qra 25, 1. :
L’Ét’ernel parla à Mochè au Mont Sinaï, en ces termes.
Rabbi Èl’âzar ha-Qappar enseigne : Le texte écrit Chir ha-chirim 5, 15. :
Ses jambes sont des colonnes de marbre fixées sur des socles d’or. La colonne présente une couronne au sommet et un socle à la base. Qu’est-il écrit en haut id. 25, 2.?
La terre sera soumise à un chômage. Suit le thème du , yovèl ibid. 25, 8. :
Tu compteras chez toi sept années chabbatiques…
[Ceci enseigne] qu’en ne respectant pas les années de chémitta, et de yovèl, ou seulement l’une des deux, [l’homme] est contraint de vendre tout ce qu’il possède ainsi qu’il est dit Wayi-qra 25, 35. :
Si ton frère vient à déchoir… pour finalement conduire à id. 25, 39. :
Si ton frère, près de toi, réduit à la misère, se vend à toi….
Ayant profané du temps de Yirmiya l’année chabbatique, les [Bénè Yisraèl sont livrés [en esclaves] aux peuples étrangers tel qu’il est dit Divrè ha-Yamim II 36, 17. :
Il fit marcher contre eux le roi des Chaldéens.
Le Saint béni soit-Il dit à Mochè : voici, Israël sera livré aux étrangers parce qu’il a profané la septième année.
Maître du monde, répond-il, n’avez-Vous pas ainsi déclaré :
Si ton frère vient à déchoir…, conformez-Vous alors à Vos propres paroles! Vous les appelez : Mes frères et amis tel qu’il est dit Wayi-qra 25, 35. :
Si ton frère vient à déchoir, si tu vois chanceler sa fortune. Venant à tomber au pouvoir de Néboukhad’nétsar, la Chékhina, la présence divine, sera à ses côtés tel qu’il est dit Yéchâya 43, 14. :
En votre faveur, j’ai envoyé [un mandataire] à Babèl.
Soutiens-le, soutiens [Israël] dans le jugement afin qu’il ne soit pas anéanti.
Fût-il étranger et nouveau venu et qu’il vive avec toi bien qu’étranger à Babèl, qu’il vive à Tes côtés.
Le Saint béni soit-Il reprend : Par leurs fautes, J’ai vendu Ma demeure tel qu’il est dit Wayi-qra 25, 29. :
Si un homme vend une maison d’habitation; il s’agit de la demeure du Saint béni soit-Il.
Il dit Wayi-qra 25, 47. :
Si l’étranger, celui qui s’établit près de toi, acquiert des moyens, et que ton frère, près de lui, devenu pauvre, se soit vendu à l’étranger établi près de toi, ou au rejeton d’une famille étrangère. L’Étranger, il s’agit de Néboukhad’nétsar; celui qui s’est établi près de toi c’est le royaume des Mèdes; sera vendu à l’étranger, c’est le royaume des Grecs; au rejeton d’une famille étrangère, le quatrième royaume N.B. allusion à Èdome..
Mochè demande au Saint béni soit-Il : Maître du monde, pourquoi [Israël] est-il livré à ces royaumes? Parce que, dit-Il, il a profané la septième année tel qu’il est dit Divrè ha-Yamim II 36, 20 et 21. :
[Le roi des Chaldéens] déporta à Babylone tous ceux qui avaient échappé au glaive, ils demeurèrent asservis à lui et à ses fils, jusqu’à l’avènement du roi de Perse, afin que s’accomplit la parole de l’Ét’ernel annoncée par Yirmiya : jusqu’à ce que la terre eût acquitté la dette de son chômage, dans toute cette période de désolation, elle chôma pour remplir la période de soixante dix ans.
C’est pourquoi le Saint béni soit-Il dit à Mochè : voudrais-tu qu'[Israël] ne soit pas exilé, recommande lui d’accomplir les mitswot reliées à la chémitta et au yovèl. Aussi prescrit-il à la fin de la sidra Wayi-qra 26, 2. :
Observez Mes chabbat et vénérez Mon sanctuaire : Je suis l’Ét’ernel. Je suis appelé, dans le futur, à vous récompenser si vous les observez sinon Je vous châtierai en vous livrant aux différents royaumes. Mais quand approche l’année de la délivrance, Je vous délivrerai tel qu’il est dit Yéchâya 63, 4. :
Car c’était un jour de revanche dans Ma pensée, l’année de Mes représailles (Ma délivrance) était venue.
Le midrache tente de montrer combien le respect des prescriptions relatives à la chémitta, et au yovèl, est important. De lui dépend le maintien d’Israël sur sa terre.
L’homme développe, certes, un attachement particulier à la terre. Bien souvent, il se comporte en maître sans jamais se soucier de son repos. L’objectif essentiel demeure le rendement. Et, s’il la laisser reposer, c’est pour viser encore un meilleur rendement.
Mais la Tora, en prescrivant un repos en l’honneur de l’Ét’ernel, entend avant tout imprégner l’homme du principe que la terre appartient exclusivement à D’ieu. L’homme n’est en fait qu’un gérant et non le propriétaire.
Le non respect de ces prescriptions entraîne, pour le contrevenant, une succession de catastrophes, une chaîne implacable de châtiments. Cultiver et planter la septième année ou simplement entreprendre un commerce avec les fruits et la récolte de cette année, loin d’enrichir la personne, l’appauvrit à telle enseigne qu’il est contraint de vendre une partie de sa propriété. S’il ne se reprend pas, il vend la maison d’habitation, voit chanceler sa fortune, se vend en esclave à l’Israélite pour enfin se vendre en esclave à l’étranger.
Mais au niveau du peuple d’Israël, le non respect des chémitta et yovèl entraîne l’exil, la destruction du Bèt ha-Miqdache. Le premier exil avait duré soixante dix ans parce qu’Israël n’avait pas observé soixante-dix chémittote, et yovélot, .
La prophétie de Yirmiya, citée par Divrè ha-Yamim, établit une relation intime entre le peuple d’Israël et sa terre. La terre connaît un état de désolation totale durant l’exil babylonien pour compenser les 70 années de non observance par Israël des lois de la chémitta et du yovèl.
Néanmoins cet état ne saurait durer puisque Mochè tient à recommander l’observance des chabbat, faisant allusion au chabbat, en tant que jour sacré où l’homme doit cesser tout travail comme au Chabbat de la terre, où elle doit chômer pendant la septième année. La délivrance est à ce prix c’est-à-dire respecter la sainteté du temps et du lieu.
Le midrache souligne par ailleurs le principe divin de récompense et châtiment. Le repos de la terre entraîne l’abondance. Le non respect de la chémitta mène à l’exil d’Israël de telle sorte que nul ne puisse prétendre N.B. Voir à ce propos la première explication de Rachi sur Bérèchit 1, 1. qu’il avait spolié les autres peuples de Kénaâne.
L’Ét’ernel parla à Mochè au Mont-Sinaï, en ces termes. Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre sera soumise à un chômage en l’honneur de l’Ét’ernel.
L’Ét’ernel parla à Mochè au Mont Sinaï, en ces termes.
Il est remarquable que la Tora trouve nécessaire de mentionner le lieu où est transmise cette mitswa.
Rachi citant Torat Kohanim dit :
Quel rapport spécial y-a-t-il entre le commandement de chémitta et le Mont Sinaï? Toutes les mitswot ont pourtant été révélées au Mont Sinaï! Mais de même que les règles générales et les détails de la chémitta ont été révélées au Mont Sinaï, ainsi toutes les règles générales et les détails de toutes les mitswot ont été révélés au Mont Sinaï.
Pour Rachi, la prescription de la chémitta, n’étant pas reprise comme toutes les mitswot dans Michenè ToraN.B. Michenè Tora, Seconde Tora n’est en fait que le livre de Dévarim qui reprend les mitswot de la Tora., mais transmise au mont Sinaï, souligne qu’elle fut enseignée dans sa forme la plus précise, autrement dit dans ses moindres détails. Elle s’érige ainsi en principe général pour toutes les autres mitswot qui, elles, avaient été répétées à Ârvot Moab, .
Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne
Dabbèr et wé-amarta.
Le glissement de dabbèr indiquant une parole rudoyante et dure à wé-amarta signifiant une parole tendre et douce surprend. De toute évidence, il ne saurait s’agir d’une simple clause de style!
L’enseignement de Torat Kohanim, à lui seul, ne saurait justifier l’emploi de au Mont Sinaï. En effet, seule la prescription de la chémitta connaît cette mention privilégiée.
De plus, en précisant que je vous donne, alors qu’il est clairement admis que D’ieu seul fit don de ce pays à Israël, le texte tente d’établir un lien entre l’événement du mont Sinaï et le don de la terre d’Israël.
Pour Or ha-Hayim, la mention au mont Sinaï est liée au don de la terre. En effet, parce qu’ils reçurent la Tora au mont Sinaï que les Bénè Yisraèl méritèrent le don de la terre.
Par ailleurs le TalmoudÂvoda Zara 20a. cité également par Rambam Michenè Tora, Lois sur droits d’acquisition chap. 3 paragr. 11. dit : Il est interdit de faire une donation [gratuite] à un idolâtre. Or, avant Mattane Tora, les Bénè Yisraèl avaient le statut d’idolâtres. Mais après le don de la Tora, ils eurent la capacité de recevoir la terre en donation. Aussi pour cette raison, le texte précise-t-il que le don de la terre est intervenu après Mattane Tora au Mont Sinaï.
Néanmoins ce don ne saurait être considéré comme définitif. Il est soumis à la condition d’accomplir les prescriptions relatives à la terre, chémitta et yovèl. Le non respect de ces prescriptions, remettant en cause le don de la terre, entraînerait l’exil des Bénè Yisraèl.
Aussi le texte emploie-t-il dabbèr, langage dur, car D’ieu est en droit, parce qu’il donne de plein gré la terre, d’imposer et de dicter des conditions.
Mais le texte dit wé-amarta, langage tendre et doux, car Israël doit logiquement déduire que D’ieu s’attend au respect total et absolu de ses conditions.
Mieux encore, ce langage doux montre les bienfaits de D’ieu qui permet de semer six années, l’une après l’autre, sans que la terre ait à souffrir la perte de sa puissance de rendement ou la baisse de sa productivité alors que, partout ailleurs, après trois ans, la terre s’affaiblit à tel point qu’elle nécessite une année de jachère.
Aussi en raison de ce don conditionnel et non définitif, D’ieu ordonne-t-Il un repos de la terre pendant la septième année pour montrer qu’Il demeure encore le Maître du monde.
Cependant, le droit prévoit, en cas de don conditionnel, que le non respect d’une des clauses entraîne l’annulation du don. En revanche, D’ieu tient à prouver, dans ce cas, Sa bonne volonté à l’égard du peuple d’Israël en n’annulant pas définitivement le don. Il le condamne seulement à compenser par l’exil toutes les années où la chémitta ne fut pas respectée. De fait, il est dit Wayi-qra 26, 34. :
Alors la terre acquittera la dette de ses chômages, tandis qu’elle restera désolée et que vous viviez dans le pays de vos ennemis. Alors la terre chômera, et vous fera payer ses chômages.
Ainsi l’emploi du temps présent, Achèr ani notène, que je donne, est-il bien justifié puisque ce don sera toujours remis en question.
La terre sera soumise à un chômage
Le sujet de wé-chabéta est la terre. Il est surprenant que l’on attribue à la terre l’action de chômer, de se reposer, lorsqu’on sait que c’est l’homme qui se repose en ne la travaillant pas!
De plus, pendant la septième année, la terre produit spontanément du blé, raisins ainsi que des fruits. Ce produit, même spontané, fait que la terre n’a pas observé un repos absolu.
Par ailleurs, la Tora dit : Ce sol en repos vous appartiendra à tous pour la consommation., c’est-à-dire, le produit spontané de la septième année servira à la consommation ce qui semble inexact puisque la Tora assure Wayi-qra 26, 20-21. :
Que si vous dites : Qu’aurons-nous à manger la septième année, puisque nous ne pouvons ni semer, ni rentrer nos récoltes? Je vous octroierai Ma bénédiction dans la sixième année, tellement qu’elle produira la récolte de trois années.
Cependant la Tora tient à préciser la motivation essentielle de la prescription de la chémitta qui s’inscrit davantage dans la perspective du but réel de la Création.
Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit; mais la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un chabbat en l’honneur de l’Ét’ernel! Tu n’ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne.
Mais la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un chabbat en l’honneur de l’Ét’ernel.
Ainsi ce repos doit-il être en l’honneur de l’Ét’ernel qui fait don de la terre et, par suite, oblige à se conformer à tous les détails de cette prescription.
Et Rav Alchèkh de se demander en quoi le repos de la terre est-il un Chabbat en l’honneur de l’Ét’ernel?
Il établit, pour ce faire, un parallèle entre le Chabbat de la création et le chabbat de la terre. De même que le Chabbat est la preuve de la création du monde ex-nihilo, tirée du néant, par D’ieu, ainsi le Chabbat de la terre est une preuve de plus de la création du monde par D’ieu.
Toutefois en s’adressant à Israël au mont Sinaï, D’ieu a promulgué les dix paroles sans mentionner la prescription de la chémitta ni même l’inclure dans la mitswa d’observer le Chabbat.
Dans une telle perspective, force est de constater que la prescription de la chémitta ne concerne que la terre d’Israël et non les autres pays!
Le texte affirme, en effet, que cette prescription ne concerne en effet que la terre d’Israël : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne pour rappeler qu’étant le Créateur du monde, D’ieu donne la terre de Kénaâne à Israël après l’avoir enlevée aux autres peuples car seul le Créateur dispose de son monde. La preuve est que cette prescription ne concerne en aucune manière les autres pays Voir également la première explication de Rachi sur la Tora qui rapporte les paroles de Rabbi Yitshaq citées par le midrache Tanhouma..
En ordonnant de laisser reposer la terre un Chabbat en l’honneur de l’Ét’ernel, la Tora justifie surtout le choix d’Israël comme récipiendaire du don de la terre. Il rappelle en fait que D’ieu est maître de Son monde.
Aussi n’est-il nullement besoin de citer dans les dix paroles le repos de la septième année visant la sanctification du Nom de l’Ét’ernel.
La sainteté de la septième année sera d’autant plus grande et éclatante lorsque la terre semée et travaillée six années successives ne cessera jamais de produire sa récolte, tévouatah, autrement dit la récolte habituelle ne subissant pas de diminution.
Bien plus, le produit spontané de la septième année, bien que n’ayant aucun droit de l’engranger, suffira à ta consommation ainsi qu’à :
Celle de ton esclave, ta servante, au mercenaire et à l’étranger qui habitent avec toi, ton bétail, ainsi que les bêtes sauvages de ton pays, pourront se nourrir de tous ces produits.
Aussi ne manquerait-on pas de s’étonner en constatant, malgré l’aspect particulier de la sainteté de la terre, sainteté réservée à la septième année, l’abondance d’une telle récolte!
Rav Alchèkh rappelle que le chabbat l’homme acquiert un surplus d’âme, néchama yétèra, qui lui vient de la sainteté du chabbat. La terre acquiert également, pendant la septième année, ce surplus de puissance spirituelle si bien que sa production suffirait amplement à nourrir tous les habitants.
De plus, le texte signale que cette prescription est donnée au Mont Sinaï qui, lui, du temps de la révélation divine avait acquis une sainteté telle que, tant que D’ieu y résidait, il était interdit de s’en approcher sous peine de mort.
Ainsi Quand vous serez entrés dans le pays que Je vous donne seriez-vous à même de lui conférer une qédoucha, une sainteté, qu’il n’avait pas auparavant pendant que les autres peuples y demeuraient. En vous faisant ce don, cette terre aura une qédoucha particulière.
Kéli Yaqar reconnaît le rapport spécial entre la mitswa de la chémitta et le chabbat, étant tous deux la preuve de la création du monde par D’ieu. C’est également la position de Rabbi Yitshaq Ârama et Don Yitshaq Abrabanèl.
Mais il ne peut en convenir car, pour lui, si le chabbat ne suffit pas à rappeler à l’homme que D’ieu est le Créateur du monde comment la chémitta qui, n’ayant cours que de sept ans en sept ans, le rappellerait-elle?
Pour Kéli Yaqar, la chémitta a pour but essentiel d’implanter dans le coeur de tout Israël la foi et la confiance absolues en D’ieu. Car D’ieu craint qu’en s’installant sur leur terre les Bénè Yisraèl ne soient amenés à se comporter comme des agriculteurs qui, octroyant à leur travail une valeur considérable, excluent l’intervention de la Providence.
Aussi pour les éloigner définitivement de cette tendance, la Tora ordonne-t-elle les règles de la chémittaavec l’assurance que la sixième année, la production serait bénie tellement qu’elle nourrirait son propriétaire pendant les trois années : sixième, septième et huitième années. Ainsi respectant la prescription de la chémitta et s’appuyant sur la Providence, les Bénè Yisraèl s’assurent une production abondante et miraculeuse.
C’est pourquoi le non respect de cette prescription entraîne l’exil pour Israël car la terre n’aurait pas accompli sa mission essentielle de l’amener à la foi et à la confiance absolues en D’ieu.
En revanche, pour Maor wa-chèmèche, le but de la création du monde vise essentiellement que les êtres apprennent à respecter D’ieu en tant que Maître du monde et ne point désobéir à Sa volonté. Or lorsque le troisième jour de la création, D’ieu avait demandé à la terre de produire des arbres fruits, autrement dit l’arbre et le fruit ayant le même goût, la terre désobéit en produisant des arbres portant des fruits. Mais l’arbre de la connaissance, seul à être arbre fruit, incite Adam et awa à fauter.
La désobéissance de la terre entraîne donc celle d’Adam et de Hawa. Pour que la terre puisse réaliser sa propre réparation, son tiqqoune, il faut au préalable que l’homme réalise la sienne. En effet n’était la faute d’Adam la terre aurait continué à donner sa production sans que soient nécessaires ni labour ni semailles. L’état de la terre qui précédait la faute d’Adam sera de nouveau effectif dans le monde du tiqqoune, autrement dit pendant l’ère messianique.
Ainsi la purification de la terre dépend-elle de celle de l’homme. Mais avec Mattane Tora la toum’a, inoculée par le serpent disparaît. Il permit ainsi à la terre de réaliser sa propre réparation comme il est dit Téhillim 114, 3 et 4. :
La mer le vit et se mit à finir, le yardène retourna en arrière, les montagnes bondirent comme des béliers, les collines comme les agneaux.
Toute la Création exprime, lors de Mattane Tora, sa disponibilité pour l’accomplissement de la volonté de D’ieu.
Toutefois la terre ne put produire ses fruits comme avant la faute de l’homme, qu’une fois les Bénè Yisraèlinstallés en Èrèts Yisraèl. À partir de ce moment, lors de l’année de la chémitta, la terre produit sans que soit nécessaire de la labourer et la semer comme jadis, avant la faute d’Adam.
Le texte souligne donc que la terre réalise sa propre téchouva, son repentir. En se conformant au repos, la terre procède à sa propre conversion. L’idée de téchouva, se retrouve dans l’expression wé-chabéta, elle chômera.
Ce niveau, bien que difficile à atteindre, puisque le tiqqoune de la révélation réalisé au mont Sinaï fut entravé par la faute du veau d’or, ne devient possible que par le respect de la prescription de la chémittaconférant une qédoucha, sainteté supplémentaire à la terre. La nature se transforme si bien que son état de pureté lui permet une production abondante sans que soit nécessaire l’intervention de l’homme.
Ainsi les règles relatives à la chémitta sont-elles prescrites pour montrer à l’homme combien il serait dangereux de se comporter en maître de la terre. Israël en général, l’homme en particulier, devrait compter sur la Providence qui elle seule assure à l’homme, en même temps que l’existence, les moyens de vie et de subsistance.
Reconnaître D’ieu en tant que Maître du monde est le moyen le plus sûr de parvenir à une qualité de vie exceptionnelle ainsi qu’au bonheur moral et matériel.