L’homme face à la liberté
Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez, Je vous donnerai les pluies en leur saison et la terre livrera son produit, et l’arbre du champ donnera son fruit. Le battage de vos graines se prolongera jusqu’à la vendange et la vendange durera jusqu’aux semailles, vous aurez du pain à manger en abondance, et vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix dans ce pays, et nul n’y troublera votre repos, Je ferai disparaître du pays les animaux nuisibles et le glaive ne traversera point votre territoire. Vous poursuivrez vos ennemis, et ils succomberont sous votre glaive. Cinq d’entre vous en poursuivront une centaine et cent d’entre vous une myriade; et vos ennemis tomberont devant votre glaive. Je m’occuperai de vous, Je vous ferai croître et multiplier, et Je maintiendrai Mon alliance avec vous Wayi-qra 25, 3-9..
La sidra Bé-houqotaï, traite principalement de récompense et châtiment, sakhar wé-ônèche. Après que D’ieu eut donné aux Bénè Yisraèl une majeure partie des mitswot,Il tient à les avertir de l’existence d’un système de récompense et châtiment afin de les inciter à la mise en pratique des mitswot et les éloigner de toute désobéissance. En envisageant un tel système, la Tora fonde la liberté morale et le libre choix de l’homme.
Le Midrache Wayi-qra Rabba chap. 35, 1., citant le texte Wayi-qra 26, 3. :
Si vous vous conduisez selon Mes lois… rapporte : cela correspond à ce qui est écrit Téhillim 119, 59. :
J’ai médité sur mes voies, et ramené mes pas vers Tes statuts. David dit : Maître du monde! chaque jour je projette d’aller à tel endroit, à telle demeure mais mes pas me ramènent au bèt ha-kénèssète, synagogue, et au bèt ha-midrache, académie. C’est bien ce qui est écrit :
J’ai ramené mes pas vers Tes statuts.
Rav Houna dit au nom de Rab Aha : J’ai médité sur la récompense accompagnant les mitswot, prescriptions, et sur la perte consécutive aux âvèrot, transgressions. Mais j’ai ramené mes pas vers Tes statuts.
Rabbi Ménahèm gendre de Rabbi Èl’âzar fils d’Avina dit : J’ai médité sur les propos de la Tora :
Si vous vous conduisez selon Mes lois… Qu’en résulte-t-il Wayi-qra 26, 6.?
Je ferai régner la paix dans ce pays. En revanche id. 26, 14. :
Si vous ne M’écoutez point…, il en résultera ibid. 26, 18. :
Je redoublerai jusqu’au septuple le châtiment de vos fautes.
Rabbi Abba fils de Rabbi Hiya dit au nom de Rabbi Yonatane : J’ai compté les bénédictions et j’ai dénombré les malédictions. Les bénédictions sont de Alèf, jusqu’à Taw, et les malédictions sont de Waw, à Hè, . Bien plus, celles-ci vont en décroissant.
Rabbi Abine dit : Si vous le méritez, Je vous transforme les malédictions en bénédictions. Quand sera-ce? Lorsque vous observerez Mes statuts tel qu’il est écrit :
Si vous vous conduisez selon Mes lois.
Le texte, introduisant ce midrache, J’ai médité sur mes voies, et j’ai ramené mes pas vers Tes statuts sert, avant tout, à illustrer le principe de liberté, de libre-choix, dont dispose essentiellement l’homme. Ce principe n’atteint sa parfaite expression qu’après un examen profond de la situation et après une connaissance précise de ses différents aspects.
Toutefois pour le midrache, ce texte enseigne à l’homme combien il est utile de s’exercer à prendre de bonnes habitudes, à poser des gestes adéquats pour se conformer aux principes de la Tora et parvenir aisément à leur réalisation.
David avait tellement pris l’habitude de diriger ses pas vers bèt ha-kénèssète, et bèt ha-midrache, que, décidant d’aller ailleurs, il s’y retrouve sans le vouloir. Aussi le texte souligne-t-il vous vous conduisez, dont la signification est de prendre l’habitude de se conformer à ces lois afin de ne pas perdre, le cas échéant, le bénéfice d’une mise en pratique facile et plus aisée.
Par ailleurs, le deuxième enseignement consiste à fonder la liberté sur l’existence du système de récompense et châtiment. Entrevoir la récompense pour rétribuer la mise en pratique des lois divines ou le châtiment pour frapper la désobéissance revient à établir de manière plus judicieuse la liberté. Être libre c’est être responsable. Ce qui revient à s’exposer à la possibilité du châtiment comme à celle de la récompense.
Mieux, le châtiment allant en ordre décroissant comme les malédictions qui commencent par waw, et s’achèvent par la lettre hè, qui précède immédiatement waw, laisse apparaître l’existence de la réparation, du repentir qui, le cas échéant, transformerait les malédictions en bénédictions.
Le Yalqout sur la sidra Yalqout, Bé-houqotaï, paragr. 670. rapporte :
Rabbi Chimône fils de Yohaï dit : Le pain et le bâton enlacés sont descendus du ciel. [D’ieu] dit : Si vous observez la Tora, voici le pain pour votre nourriture; sinon le bâton pour votre châtiment. D’où émane cet enseignement? Du texte Yéchâya 1, 19-2. :
Si vous consentez à M’obéir vous jouirez des délices de la terre. Si vous refusez et vous montrez indociles, vous serez dévorés par le glaive, vous ne vous nourrirez que de caroube.
Rabbi Aha dit : lorsque Israël est réduit à se nourrir de caroube, il réalisera sa réparation,, téchouva.
Rabbi Âqiba disait : l’humilité [la pauvreté] convient à la fille de Yaâqov comme une lanière rouge ornant la tête d’un cheval blanc.
L’enseignement de Rabbi Chimône Bèn Yohaï est clair. Récompense et châtiment sont en fait un principe divin. Le pain est la récompense qui nourrit l’homme, alors que le bâton le châtie en cas de désobéissance. Cependant, le pain, pour le midrache, constitue non pas la récompense définitive mais suggère plutôt la possibilité pour l’homme, grâce à cette récompense matérielle, d’accéder à la perfection spirituelle et morale dans ce monde. Il est vrai que la récompense des mitswot n’est pas de ce monde.
En revanche, le châtiment a une action positive sur l’homme et, bien entendu, sur Israël. Il ne vise nullement à assouvir une vengeance mais aspire à un redressement. Grâce au châtiment, l’homme se repent et répare toutes ses fautes. La pauvreté, le bâton sont là uniquement pour provoquer la téchouva.
Rabbi Âqiba, parlant d’Israël, pense que rien n’est plus utile, ni plus bénéfique que la pauvreté et l’humilité. Cela contribue à préserver la perfection morale d’Israël comme la bande rouge ornant le cou d’un cheval blanc en souligne la beauté.
Par contre, la richesse pourrait conduire l’homme à se détourner de D’ieu car elle engendre l’orgueil qui est à la base de toute mauvaise conduite. Le texte affirme Dévarim 8, 12-14. :
Peut-être, jouissant d’une nourriture abondante bâtissant de belles maisons où tu vivras tranquille, voyant prospérer ton gros et ton menu bétail, croître ton argent et ton or, se multiplier tous tes biens, peut-être ton coeur s’enorgueillera-t-il et tu oublieras l’Ét’ernel, ton D’ieu, qui t’a tiré du pays d’Égypte de la maison de servitude.
Voici donc à quoi peut mener la richesse à l’orgueil qui mène lui aussi à la ruine de toute vie morale.
Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez, Je vous donnerai les pluies en leur saison et la terre livrera son produit, et l’arbre du champ donnera son fruit.
Si vous vous conduisez selon Mes lois!
L’emploi de la préposition Im, si, introduisant le conditionnel suggère que la récompense est successive à l’observance des lois divines.
Cependant l’assurance d’octroyer une telle récompense contredit en quelque sorte l’enseignement de la Tora Dévarim 7, 11. : Tu observeras donc la loi, les décrets et les règles, que je t’ordonne en ce jour pour les exécuter. Nos maîtres cf. Rachi sur le texte., s’appuyant sur l’expression en ce jour pour les exécuter, précisent que la récompense n’est pas pour ce monde. En effet, en ce jour, autrement dit ce monde est destiné uniquement à l’exécution des mitswot, mais le lendemain, autrement dit au monde futur pour recevoir leur récompense.
Le Talmoud Âvoda Zara 5a. rapporte :
Si vous vous conduisez selon Mes lois. Im, si, ne saurait avoir d’autre signification que prière, invitation. Il est dit également Téhillim 81, 14. :
Ah! si Mon peuple voulait M’écouter, Israël marcher dans Mes voies bien vite, Je dompterais leurs ennemis…
Et Rachi d’expliquer ainsi ce passage :
Le Saint béni soit-Il supplie Israël d’accomplir la Tora : Pourvu que mon peuple M’écoute!Il s’agit d’une supplication comme l’expression Bérèchit 30, 34. :
Bien, qu’il en soit ainsi comme tu as dit.
Ainsi assistons-nous aux supplications de D’ieu invitant l’homme à accomplir la Tora dans le seul intérêt de l’homme comme le midrache le souligne Dévarim Rabba, Dévarim 11, 26. paragr. 22. :
Voyez, Je vous propose en ce jour, d’une part, la bénédiction, la malédiction, de l’autre : la bénédiction quand vous obéirez aux commandements de l’Ét’ernel…
Le Saint béni soit-Il dit : ce n’est point pour votre malheur que Je vous propose bénédiction et malédiction mais Je vous indique la bonne voie à choisir pour recevoir votre récompense…
L’obéissance à la Tora est en soi la meilleure récompense. Quant à dire si la récompense est de ce monde, il serait plus juste de parler de l’avance constituée par les intérêts rapportés par la mitswa. Mais le capital reste entier pour l’autre monde.
Il n’en demeure pas moins, cependant, que récompense et châtiment sont également appliqués dans ce monde. La récompense n’a cours dans ce monde que sous forme de don gratuit et volontaire de l’Ét’ernel et ce, dans le but de faciliter par le bonheur, la sécurité et la paix, l’accomplissement des mitswot.
Si vous gardez mes préceptes et les exécutez
Il est à remarquer que le texte accorde bien, vous vous conduisez, avec, décrets, alors que pour, prescriptions, il utilise, vous observerez. De plus, il ne mentionne, vous les exécutez, qu’à propos des préceptes, et non des décrets, .
Toutefois Israël ne peut accéder à ce bonheur que si les décrets, houqot, autrement dit des prescriptions dont le sens échappe à la logique rationnelle, sont accomplis dans l’unique intention d’obéir à la volonté divine sans s’attarder, pour autant, sur les raisons intimes et logiques. Ce comportement rappelle celui de l’homme qui marche sans s’arrêter sur son chemin.
De même, cette récompense n’est accordée que si vous observez Mes mitswot. Bien qu’ayant un motif logique et fondamental, ces mitswot sont observées non parce que la raison convient et s’accorde à l’esprit de l’homme, mais parce qu’elles émanent de Moi, l’Ét’ernel. Mitswotaï, Mes préceptes, sont réalisés pour eux-mêmes et non en vue d’une récompense.
Bien plus, en observant Mes mitswot, l’homme évite certes de commettre des transgressions. Mais il mérite, grâce à l’exécution des prescriptions positives, la récompense matérielle dans ce monde, en plus de la récompense du monde futur cf. Rav Alchèkh..
Commentant ce verset cf. paragr. 7. Or ha-Hayim consacre à ce verset 42 explications différentes. Pour certains commentateurs, Or ha-Hayim considère ce texte comme un passage clé de la Tora si bien qu’il lui réserve 42 commentaires, valeur numérique de Im, 41 augmentée de 1 représentant le mot Im lui-même., Or ha-Hayim justifie l’emploi du verbe, vous marcherez, par les paroles de la Michena Pirqè Avot 4, 14. : Va, exile-toi pour la Tora, l’homme se doit d’aller de ville en ville pour étudier la Tora.
Le Talmoud Haguiga 5b. signale le cas de certains Maîtres qui, se mettant en route pour un trajet de six mois, étudient un seul jour puisque le retour durait six mois également. Aussi le texte souligne-t-il par la nécessité de marcher, de se déplacer pour étudier la Tora et non attendre que la Tora vienne vers soi. Il y a lieu d’abandonner père, mère et sa ville pour l’étude de la Tora.
Si vous observez mes préceptes.
Le texte révèle le but essentiel de l’étude de la Tora. Ce n’est point une étude, en soi, pour la connaissance pure et simple, mais une étude en vue de l’accomplissement des préceptes. Ainsi dit Rabbi Yannaï Chabbat 31b. : Hélas, comment celui qui ne possède pas encore de maison peut-il fabriquer une porte pour cette maison! exhortant l’homme à viser, grâce à l’observance des mitswot, la crainte de D’ieu, but ultime de la connaissance de la Tora.
Mes mitswot.
Le Talmoud applique à propos de celui qui accomplit les mitswot divines non pour elles-mêmes la sentence suivante Bérakhot 17a. : c’eût été mieux qu’il ne fût point créé! Il est vrai que l’on parle de celui qui étudie dans le but de mieux attaquer et contester les mitswot. Mais l’étude entreprise dans le but d’en tirer une gloire, bien que n’étant point appréciée, pourrait bien conduire à l’étude de la Tora pour elle-même. Il est dit Péssahim 50b. :
À jamais l’homme entreprendra l’étude de la Tora même dans un but intéressé car d’une étude, non pour elle-même, il sera amené à l’étude pour elle-même.
Le texte s’articule ainsi : Si vous marchez dans Mes décrets, autrement dit, si Mes mitswotsont accomplies pour elles- mêmes et leur étude ne vise nullement ni la contestation ni la gloire, alors vous les observerez et les exécuterez, avec l’assurance d’échapper aux tentations du yètsèr ha-râ Sota 21a..
Le Talmoud rapporte Âvoda Zara 17a. que Rabbi anina et Rabbi Yonatane sont passés près d’une maison de débauche sans être inquiétés par le yètsèr ha-râ tel qu’il est dit Michelè 2, 11. : Puisse la réflexion, être ta sauvegarde.
Le texte ne se contente pas de dire vous les observez, il ajoute vous les exécutez pour signaler que si un homme s’est abstenu de commettre une âvèra, transgression, on lui attribue une récompense comme s’il avait accompli une mitswa Qiddouchine 39b..
Le Talmoud souligne cependant que ceci n’est valable que si l’homme, subissant la tentation de commettre une impudicité, s’en abstient. Aussi le texte précise-t-il : Si vous observez Mes préceptes, autrement dit vous vous abstenez de commettre une transgression, et les exécutez.
Par ailleurs Torat Kohanim ainsi que Rachi expliquent Si vous marchez dans mes décrets, si vous vous occupiez assidûment de l’étude de la Tora, soulignant l’obligation de se fatiguer, de fournir des efforts singuliers dans l’étude de la Tora. Car l’effort investi dans l’étude conduit à la connaissance de la Tora.
Ainsi est-il dit Âvoda Zara 35b. sur le verset Chir ha-chirim 1, 3. :
Tes parfums sont suaves à respirer : une huile aromatique qui se répand, tel est ton nom. C’est pourquoi les jeunes filles sont éprises de toi.
A quoi ressemble un sage? A une fiole de parfum, huile balsamique. Découverte, elle exhale son parfum. Fermée, elle n’embaume pas. Plus, des paroles [de sagesse] cachées se révèlent à lui tel qu’il est dit âlamot, jeunes filles, sont éprises de lui, il faut lire âloumot,, les enseignements cachés, se révèlent à lui sans effort lorsqu’il les expose.
Donc, plus l’homme s’emploie à apprendre et à enseigner la Tora et plus D’ieu lui dévoile les intentions et les raisons de la Tora.
N’est retenue, dit Rambam Commentaire Pirqè Avot 5, 23., que la Tora étudiée avec efforts et privations. Aussi Chélomo affirme-t-il Qohèlète 2, 9. :
En même temps ma sagesse me restait comme appui. La sagesse acquise avec fatigue et effort, me restait comme appui.
Mais le midrache souligne que la marche représente l’habitude prise à étudier la Tora à des moments précis conduit à l’accomplissement aisé et facile des mitswot de la Tora.
Je vous donnerai les pluies en leur saison.
L’emploi du, waw conjonctif placé au début de semble incorrect puisqu’il ne remplit sa fonction principale de coordination. Par ailleurs, il eût été plus précis de parler de Mes pluies, au lieu de guichemékhèm, vos pluies.
Rav Alchèkh souligne que la véritable récompense pour l’obéissance aux préceptes de la Tora est certes la récompense du ôlam ha-ba, monde futur. Mais l’homme reçoit, en plus, la récompense matérielle qui a cours dans ce monde, . Aussi wé-nattati, est précédé du waw conjonctif faisant référence à la récompense matérielle qui s’ajoute à celle toute spirituelle du monde futur.
Guichémèkhèm, vos pluies.
L’auteur de Tséror hamor, Rabbi Abraham Sabbah attribue les pluies aux tsaddiqim, Justes. Par leur prière, ils décrètent des pluies qui apportent la bénédiction et l’abondance au monde. Le Talmoud Taânit 24b. rapporte :
La mère du roi Chavour recommande à son fils de respecter les juifs car lorsqu’ils prient, dit-elle, pour avoir les pluies, le Saint béni soit-Il exauce leur prière!
Il rapporte par ailleurs id. 9b. :
Rav Danièl fils de Qatina avait un verger. Chaque jour il lui rendait visite pour se rendre compte de ses besoins. Il disait : ce sillon a besoin d’être arrosé; l’autre ne nécessite pas d’arrosage. Aussitôt la pluie tombait sur la partie qui avait besoin d’être arrosée.
Aussi le texte souligne-t-il vos pluies car elles tombent sur l’intervention des tsaddiqim et d’Israël.
Kéli Yaqar établit une relation entre l’étude de la Tora et la présence des pluies. Il cite en preuve ibid. 7b. :L’absence de pluies n’a d’autre cause que l’absence de l’étude de la Tora. Cette relation justifie bien ce que la Michena Avot 3, 21. dit : Point de Tora, point de farine car c’est grâce à l’étude de la Tora dont l’origine se situe au ciel que le monde mérite des pluies qui viennent du ciel.
Et la terre livrera son produit et l’arbre son fruit.
Le texte souligne que la terre et l’arbre produiront bien ce qu’ils ont l’habitude de produire. Cependant la bénédiction divine agira de manière que cette production devienne tellement abondante que :
Le battage de vos graines se prolongera jusqu’à la vendange et la vendange durera jusqu’aux semailles, vous aurez du pain à manger en abondance, et vous demeurerez en sécurité dans votre pays.
Le battage des grains se prolongera jusqu’à la vendange.
La bénédiction sera si évidente et si abondante que tout ce que vous aurez consommé sera béni. Le peu que l’on mange sera béni dans les entrailles.
Et vous demeurerez en sécurité dans votre pays.
La sécurité dépend également de l’abondance. Le Talmoud dit Baba Métsiâ 59a. :
Lorsque le grain [d’orge] se finit de la cruche, tape [sur la cruche] et les disputes commencent. Ainsi dit le verset Téhillim 147, 14. :
C’est lui qui a fait régner la paix sur ton sol, qui te rassasie de la moelle du froment.
Je ferai régner la paix dans ce pays, et nul n’y troublera votre repos, Je ferai disparaître du pays les animaux nuisibles et le glaive ne traversera point votre territoire.
Jusqu’ici le texte donne les récompenses méritées grâce à l’étude de la Tora.
Je ferai régner la paix dans ce pays.
Néanmoins pour l’observance des mitswot, autrement dit les mitswot lo ta-âssè, les défenses, les interdits, la récompense consiste à voir la paix établie dans le pays. Ainsi dit le midrache Dévarim Rabba 4, 4. :
Prends soin de Ma lumière, la Tora, qui est entre tes mains et Je protégerai, ta lumière, ton âme, qui se trouve entre Mes mains.
Et nul n’y troublera votre repos.
En effet, la paix est le couronnement de tout le bonheur annoncé à Israël. Elle contrebalance tout. Bien plus, la sécurité de toute attaque extérieure entraîne souvent une guerre intérieure, entre frères, parce que les esprits, n’étant plus occupés à se protéger contre les ennemis, pourraient se tourner vers une guerre inutile entre frères.
La Tora annonce non seulement le règne de la paix mais également celui de la sécurité, le risque de guerre civile étant absolument nul.
Et le glaive ne traversera point votre territoire.
Non seulement Israël ne sera point inquiété par une guerre engagée contre lui, mais le pays n’aura point l’inconvénient d’être traversé par un peuple étranger livrant une guerre à un pays voisin.
Vous poursuivrez vos ennemis, et ils succomberont sous votre glaive. Cinq d’entre vous en poursuivront une centaine et cent d’entre vous une myriade; et vos ennemis tomberont devant votre glaive. Je m’occuperai de vous, Je vous ferai croître et multiplier, et Je maintiendrai Mon alliance avec vous
Vous poursuivrez vos ennemis.
Mieux encore, la poursuite devient inutile puisque les ennemis tomberont d’eux-même devant leur propre glaive, .
Mais si vous devez les poursuivre, cinq d’entre vous en poursuivront une centaine, de telle sorte que la démoralisation s’emparant de leurs esprits suffira pour leur faire croire que cent feront fuir une myriade, pour finalement tomber, sans que soit nécessaire toute poursuite.
Et Je maintiendrai Mon alliance avec vous.
Après quoi, D’ieu s’occupant des Bénè Yisraèl, les fructifie et les multiplie afin de maintenir Son alliance avec eux.
Après l’abondance des pluies, la multiplication et la croissance promises au peuple d’Israël, l’alliance divine préservera la récolte de toute détérioration pendant les années de chémitta et yovèl cf. Kéli Yaqar. comme pour l’alliance contractée avec Noah.
Rabbènou Béhayè affirme : si vous vous conduisez selon mes décrets, autrement dit, les prescriptions relatives à la chémitta et au yovèl, au point de les observer et les exécuter, alors D’ieu, pour sa part, enverra des pluies en leur temps, produisant des récoltes et des fruits abondants. Enfin la sécurité, la paix et la sérénité régnant, Israël connaîtra finalement le bonheur tant mérité.