Parô poursuit les Bénè Yisraèl

«L’Ét’ernel parla ainsi à Mochè : «Dis aux enfants d’Israël de remonter et de camper en face de Pi ha-Hirote, entre Migdol et la mer; devant Baâl Tséfone, à l’opposite, vous camperez au bord de la mer… Parô se dira que les enfants d’Israël sont égarés dans ce pays; que le désert les emprisonne. Et je raffermirai le coeur de Parô, et il les poursuivra; puis j’accablerai de ma puissance Parô avec toute son armée, et les Égyptiens apprendront que je suis l’Ét’ernel. Ils obéirent. On rapporta au roi d’Égypte que le peuple s’enfuyait. Alors les dispositions de Parô et de ses serviteurs changèrent à l’égard de ce peuple, et ils dirent : «Qu’avons-nous fait là d’affranchir les Israélites de notre sujétion! Il fit atteler son char, emmena avec lui son peuple; prit six cents chars d’élite et tous les chariots d’Égypte, tous couverts de guerriers. L’Ét’ernel fortifia le coeur de Parô, roi d’Égypte, qui se mit à la poursuite des enfants d’Israël. Cependant, les Israélites s’avançaient triomphants(1).»
Lorsque D’ieu fit sortir les Bénè Yisraèl d’Égypte, «il ne les dirigea point par le pays des Pélichetim… afin que le peuple ne se ravise à la vue de la guerre et retourne en Égypte». Tout porte à croire que cette décision était improvisée. Car Israël se dirige, en effet, vers la destination finale, Èrèts Israël. Mais, en chemin, D’ieu demande que l’on change de direction.

Sans doute, la présence du êrèv rav, ramassis de peuples qui s’est joint à Israël, est-elle la cause de ce changement de dernière minute! Toutefois, D’ieu ne devait-Il pas le mettre à l’épreuve afin de s’assurer de la qualité de son adhésion?

Mais si seul l’intérêt d’Israël motive cette décision, D’ieu se devait de prévoir bien à l’avance l’itinéraire à suivre!

En vérité, on ne saurait parler d’improvisation. Même devant l’urgence de la situation, D’ieu applique les solutions adéquates. Quelles sont les intentions divines?

Tout semble parfait. D’ieu frappe Parô de fléaux terribles et sévères. Il le punit pour avoir outrepassé toutes les limites permises par D’ieu pour l’asservissement d’Israël. Dès que Parô accepte de laisser sortir les Bénè Yisraèl de son pays, D’ieu perd ainsi l’occasion de lui infliger encore des châtiments. Aussi décide-t-Il de lui faire regretter son geste et, enfermant le peuple dans le désert, D’ieu contraint Parô à poursuivre Israël pour se donner une raison de lui administrer un dernier châtiment.

Mais est-il juste d’agir ainsi? Parô n’a-t-il pas fait téchouva, repentir, puisqu’en laissant partir les Bénè Yisraèl, il demande à Mochè et à Aharone de prier pour lui. Sa téchouva est de circonstance. L’expérience prouve combien Parô revenait sur ses paroles, sur ses promesses. De plus, ayant été l’instigateur des persécutions infligées à Israël obligeant tout son peuple à devenir impie et coupable, il est naturel de le priver du bénéfice de la téchouva. Un homme aussi impie que Parô mérite donc que D’ieu lui ouvre la voie vers une plus grande culpabilité.

Le midrache(2) citant le verset :

«D’ieu ne les dirigea point par le pays des Pélichetim», rapporte :

Ceci fait penser à un roi qui, voulant laisser un héritage à son fils, dit : le lui donner alors qu’il est encore jeune, il ne saura pas en prendre soin. Il faudra donc qu’il sache lire et saisir profondément [le sens] des choses; après je pourrai lui en faire don.

Ainsi dit le Saint béni soit-Il :

«Si je fais rentrer maintenant le peuple au pays d’Israël il ne s’est pas encore habitué aux mitswot, ignore la pratique des téroumot, prélèvements et maâsrot, dîmes. Je leur donnerai plutôt la Tora, ce n’est qu’après, que Je les conduirai au pays [d’Israël].»

Autre explication : «Pourquoi D’ieu ne les a-t-il pas dirigés par le pays des Pélichetim?

Rabbi Chimône, fils d’Abba, dit au nom de Rabbi Yohanane : les Kénaânim, apprenant qu’Israël approche pour prendre possession de la terre [d’Israël], arrachèrent aussitôt toutes les plantes. Mais sachant, par la suite, que [D’ieu] le retient dans le désert pendant quarante années, ils conclurent que le désert est leur résidence définitive et se mirent à les replanter, à les faire pousser. Après cela, D’ieu fit entrer [Israël] au pays de [Kénaâne].

Mais notre grand Maître dit : Le Saint béni soit-Il, voulant inspirer la crainte d’Israël à toutes les nations, le retient quarante années dans le désert. Apprenant que D’ieu le guide par une colonne de nuée le jour et une colonne de feu la nuit, les peuples furent saisis d’effroi tel qu’il est dit(3) :

«Sur eux pèse l’anxiété, l’épouvante… jusqu’à ce que tu les aies amenés, fixés, sur ce mont…»

Le midrache tente de répondre au problème posé par le changement d’itinéraire que décide D’ieu en dernière minute. D’ieu se préoccupe de préparer Israël avant de lui donner le pays de Kénaâne. Israël vient à peine de sortir d’Égypte où il vécut pendant 210 ans. Parô avait tout fait pour son assimilation. Israël avait atteint durant ce séjour 49 niveaux d’impureté. Pour hériter Èrèts Israël, il devait se purifier car le pays est saint et sa sainteté ne saurait supporter cette impureté.

D’ieu veut donc, avant de lui accorder Èrèts Israël, faire don de la Tora à Israël. C’est grâce à la pratique des mitswot, téroumot, et maâsrot, qui dépendent principalement de leur établissement en Kénaâne, qu’Israël pourra prétendre à son héritage. Le don de la Tora est essentiel. Sans la Tora qui met définitivement un terme à l’asservissement égyptien, Israël ne serait point capable de mener une existence de peuple dans son pays.

Le midrache cite intentionnellement l’exemple de téroumot et maâsrot, offrandes faites aux Kohanim et Léwiim, dont la mission est d’assurer le service divin. Ces mitswot ont, par ailleurs, pour objectif d’éduquer le peuple en vue de partager avec ceux qui vouent leur vie à D’ieu les produits de la terre. Il est nécessaire d’apprendre à vivre également, non pour soi mais aussi pour les autres. Ces mitswot seront impératives pour mener une existence pacifique basée sur des lois sociales qui ne furent jamais mises en pratique par les Égyptiens.

Le midrache rejette également toute idée d’improvisation de la part de D’ieu. En vérité, D’ieu demeure fidèle au programme tracé avant même que Mochè ne soit chargé de libérer le peuple. Pour D’ieu, le but de la délivrance d’Égypte est de donner, avant tout, Sa Tora, au peuple d’Israël. Ainsi le texte dit(4) : «Quand tu auras fait sortir ce peuple de l’Égypte, vous adorerez le Seigneur sur cette montagne même».

Par la suite, le midrache traite du séjour de quarante années dans le désert. La traversée du désert se justifie par l’attitude du Kénaâni qui détruit tout pour ne pas faire profiter Israël du fruit de son labeur. Le Kénaâni savait qu’Israël était appelé à prendre possession de son pays. Il ne consent pas cependant à lui laisser une terre boisée, labourée et plantée. Il entend laisser un pays dévasté et ravagé. D’ieu retient les Bénè Yisraèl dans le désert afin de donner le temps nécessaire aux habitants de Kénaâne de remettre en état le pays. Car D’ieu avait promis à Mochè(5) :

«Je suis donc intervenu pour le délivrer de la puissance égyptienne et pour le faire passer de cette contrée-là dans une contrée fertile et spacieuse, dans une terre ruisselante de lait et de miel, où habitent le Kénaâni, le Hitti, l’Émori, le Périzi, le Hiwi et le Yéboussi.»

D’ieu tient à accomplir Sa promesse au risque de laisser attendre les Bénè Yisraèl dans le désert.

Mais l’enseignement de notre grand Maître souligne davantage l’intention de D’ieu de prouver à tous les peuples, par le traitement particulier qu’Il réserve aux Bénè Yisraèl, Son affection. Ainsi suscite-t-Il crainte et respect à l’égard d’Israël. Libéré, Israël a besoin de s’attirer le respect des autres peuples. La tendance consiste sûrement à humilier un peuple qui vécut un long esclavage. Tous les peuples respectent et craignent Israël, car D’ieu les accompagne, durant leur séjour dans le désert, de colonnes de nuée et de feu pour l’éclairer et le protéger. Au désert règnent la chaleur le jour et le froid la nuit. En tempérant la chaleur par la colonne de nuée, et en les protégeant contre le froid par la colonne de feu la nuit, D’ieu prouve Sa constante sollicitude à Israël. Cela seul suffirait pour convaincre tous les peuples et les amener à craindre Israël.

Enfermer Israël dans le désert, obliger Parô à le poursuivre et à l’attaquer, constitue l’occasion pour D’ieu de frapper davantage Parô et prouver aux autres peuples Son attachement particulier à Israël.

L’Ét’ernel parla ainsi à Mochè : «Dis aux enfants d’Israël de remonter et de camper en face de Pi ha-Hirote, entre Migdol et la mer; devant Baâl Tséfone, à l’opposite, vous camperez au bord de la mer…

Dis aux enfants d’Israël de remonter et de camper en face de Pi ha-Hirote, entre Migdol et la mer.

Or ha-Hayim s’interroge sur le sens de cette ruse que D’ieu utilise pour faire changer d’avis à Parô. N’est-Il pas en effet maître de la volonté de Parô? Ne pouvait-Il, sans cela, le décider à poursuivre les Bénè Yisraèl?

Mais, dit-il, l’intention divine était de montrer aux Bénè Yisraèl, par ce mouvement de rotation qu’Il leur demande de faire, que la décision de Parô de les poursuivre fut provoquée par D’ieu et non volontaire. Ainsi seraient-ils amenés à assister à leur vengeance puisque D’ieu attire Parô afin de mieux le frapper. Les Bénè Yisraèl, comprenant que D’ieu est à l’origine de la volte-face de Parô, n’auront aucune raison de se soulever ni contre Mochè ni contre D’ieu pour les avoir tirés d’Égypte. En fait, D’ieu donne aux Bénè Yisraèl l’occasion de croire en Lui et, de ce fait, ne pas craindre les attaques et les poursuites de Parô. Cependant, le résultat est autre; les Bénè Yisraèl se révoltent. Toutefois leur révolte eût été bien plus grande si jamais ils n’avaient été invités à faire ce mouvement de recul!

Devant Baâl Tséfone, à l’opposite, vous camperez au bord de la mer.

Rachi rapporte la Mékhilta :

«Baâl Tséfone est la seule, parmi les divinités égyptiennes, à être épargnée afin de tromper les Égyptiens qui concluraient à la supériorité de leur dieu comme Iyob dit(6) : «Il grandit les nations, puis il les perd.»

Les Zéqènim mi-Baâlè ha-Tosséfot tentent de comprendre comment Parô fut-il amené à croire à la possibilité de reprendre les Bénè Yisraèl?

En voyant Israël camper devant Baâl Tséfone, , au bord de la mer, Parô penserait, disent-ils, que sa divinité a attiré les Bénè Yisraèl au bord de la mer. Mais il ne lui viendrait pas à l’esprit de penser que D’ieu agit ainsi dans le but de réaliser Son projet de faire noyer les Égyptiens.

C’est pourquoi Parô s’est approché de sa divinité. Le texte précise, cependant, hiqriv, , faire un sacrifice, et non qarav, s’est approché, pour signifier que Parô offrit des sacrifices en reconnaissance à son dieu pour avoir attiré Israël au bord de la mer.

Il est surprenant toutefois que le texte mentionne le nom d’une divinité alors que le Talmoud interdit à quiconque de dire à son ami de l’attendre près d’une église ou à côté d’un lieu d’idolâtrie?

En vérité, disent les Baâlè ha-Tosséfot, cette interdiction concerne l’homme et non D’ieu, car n’a-t-on pas trouvé que D’ieu juge l’homme Chabbat, Roche ha-Chana et Yom ha-Kippourim, chose interdite à Israël.

Par ailleurs, avant mattane Tora, le don de la Tora, cette interdiction n’était pas encore effective.

Kéli Yaqar s’interroge sur le fait que, de toutes les divinités égyptiennes, D’ieu n’épargne que Baâl Tséfone. En effet, le Baâl Tséfone avait cette particularité de procurer la richesse et l’abondance aux Égyptiens. Tséfone, venant du nord, est le symbole de la richesse tel que l’affirme le verset(7) : «L’or vient du septentrion». Les Égyptiens croiraient que leur divinité cherche à leur rendre l’argent, l’or et les richesses que les Bénè Yisraèl avaient emportés avec eux d’Égypte. C’est pourquoi «les dispositions de Parô et de ses serviteurs changèrent à l’égard du peuple». En les poursuivant, Parô veut les reprendre à son service de sorte que tout ce que le serviteur acquiert appartient de fait à son maître.

Chaâr Bat Rabbim rappelle que la principale mission de Baâl Tséfone était d’empêcher tout fugitif de fuir l’Égypte. Parce que D’ieu les conduit auprès de Baâl Tséfone, Parô conclurait que les Bénè Yisraèl sont perdus et enfermés dans le désert. Attribuant cette intervention à sa divinité, Parô regretterait de les avoir laissés partir et déciderait, par conséquent, de les rattraper.

Parô se dira que les enfants d’Israël sont égarés dans ce pays; que le désert les emprisonne.

Parô se dira que les enfants d’Israël sont égarés dans ce pays;

Dès que Parô entend que les Bénè Yisraèl se trouvent dans le désert, entre Migdol et la mer, il comprit qu’ils sont égarés, ne sachant plus où aller. Mochè, en sollicitant l’autorisation de se rendre dans le désert à une distance de trois jours de marche, devait connaître le lieu de destination. Mais Parô, voyant les Bénè Yisraèl tourner en rond dans le désert, conclurait à leur intention de fuir.

Il les a enfermés dans le désert.

Pour Sforno, le dieu Baâl Tséfone est le sujet du verbe enfermer. Parce qu’Israël est enfermé dans le désert, Parô prend la résolution de le poursuivre.

Rav Alchèkh soutient que Parô, se présentant à Israël en sauveur dont l’unique souci est de les sortir du désert qui inspire épouvante et danger d’être la proie des serpents, scorpions et vipères, tel qu’il est dit plus loin(8) : «remplis d’effroi, les Israélites jetèrent des cris vers l’Ét’ernel». En lui promettant de plus un meilleur traitement en Égypte si seulement il décide de ne plus suivre Mochè, il parviendrait à le ramener en Égypte. Mais plutôt que de suivre la voie de la diplomatie, Parô choisit la guerre. Car D’ieu décide d’endurcir le coeur de Parô pour se jeter à leur poursuite.

Et je raffermirai le coeur de Parô, et il les poursuivra; puis j’accablerai de ma puissance Parô avec toute son armée, et les Égyptiens apprendront que je suis l’Ét’ernel. Ils obéirent.

Je raffermirai le coeur de Parô et il les poursuivra.

Parô, oubliant déjà les plaies qui l’ont frappé, les poursuit. Ainsi, les Bénè Yisraèl le voyant venir, prêt à les combattre, seront effrayés de repartir avec lui en Égypte. Mais ce faisant, il donne à D’ieu l’occasion de l’accabler avec toute son armée(9).

Selon Rambane, D’ieu devait absolument raffermir le coeur de Parô. En effet, lors de la dernière plaie qui décime tous les aînés, Parô fut saisi de frayeur. En renvoyant les Bénè Yisraèl, il demande à Mochè de le bénir, de prier pour lui, laissant entendre son intention de ne point les poursuivre, mais plutôt les confier à Mochè.

De la même manière, plus tard, D’ieu appesantit le coeur de Parô et de ses combattants pour les forcer à s’engager dans la mer Rouge. Il faut, en effet, que Parô soit fou ou sot pour avancer dans la mer qui livre passage aux Bénè Yisraèl! Ce miracle, à lui seul, suffirait à insuffler à Parô la foi en l’immanence de D’ieu au point de s’abstenir de les poursuivre.

Puis, j’accablerai de ma puissance Parô avec toute son armée.

Durant tous les dix fléaux qui frappèrent l’Égypte, Parô n’eut pas à souffrir personnellement. Aussi, D’ieu lui fait prendre la voie de la poursuite pour avoir l’occasion de le châtier ainsi que toute son armée.

Et les Égyptiens apprendront que Je suis l’Ét’ernel.

Le miracle de la traversée de la mer Rouge fera connaître à tous les Égyptiens l’existence de D’ieu. Jusqu’à présent, Parô et ses serviteurs étaient seuls concernés par cette preuve éclatante de l’existence de D’ieu. Mais, nous semble-t-il, comme les Égyptiens restés en Égypte seront châtiés et frappés en même temps que leurs frères sur la mer Rouge, ils finiront par être convaincus de l’existence de D’ieu.

Ils obéirent.

La Mékhilta, citée par Rachi, tire cet enseignement :

«les Bénè Yisraèl méritent d’être loués pour avoir obéi à Mochè sans se demander comment pourraient-ils se rapprocher de leurs poursuivants au lieu de s’en éloigner. Au contraire, ils ont dit : nous n’avons que les paroles de Bèn Âmram.»

On rapporta au roi d’Égypte que le peuple s’enfuyait. Alors les dispositions de Parô et de ses serviteurs changèrent à l’égard de ce peuple, et ils dirent : «Qu’avons-nous fait là d’affranchir les Israélites de notre sujétion!

On rapporta au roi d’Égypte que le peuple s’enfuyait.

L’emploi de s’enfuir au lieu de partir est significatif. Par ailleurs, le texte rapporte par deux fois ha-âm, le peuple, pour dire à la fin Israël! Parô, permettant à Israël de partir, regrette aussitôt son geste.

Or ha-Hayim et Kéli Yaqar affirment que Parô avait envoyé des surveillants égyptiens pour s’assurer du retour d’Israël en Égypte. Parô apprend la défection de ce peuple envoyé par lui pour surveiller les Bénè Yisraèl. Ce peuple décide de s’enfuir. C’est pourquoi Parô et ses serviteurs se plaignent : «Qu’avons-nous fait là d’affranchir les Israélites de notre sujétion?» En affranchissant les Bénè Yisraèl de manière légale, Parô ne peut plus prétendre, même au cas où ils consentiraient à retourner en Égypte, les asservir comme auparavant. Parô y voit donc une perte car qui fera l’ouvrage des Égyptiens si ce n’est ce peuple qui accompagnait les Bénè Yisraèl. Leur fuite expose donc les Égyptiens à réaliser eux-mêmes leur ouvrage.

Ceci pousse les Égyptiens à changer leurs dispositions à l’égard du peuple accompagnateur. Mais si, au début, la décision de Parô fut de récupérer son peuple en fuite, D’ieu l’incite par la suite à poursuivre également les Bénè Yisraèl. Ainsi dira le texte plus tard : «L’Ét’ernel endurcit le coeur de Parô, roi d’Égypte, et il poursuivit les Bénè Yisraèl». Sa première intention visait seulement son peuple.

Rav Alchèkh explique ainsi le revirement de Parô. Celui-ci commet deux fautes : la première, il dit(10) : «Quel est cet Ét’ernel dont je dois écouter la parole?». La deuxième, il refuse l’autorisation aux Bénè Yisraèl d’aller sacrifier. Parô pensait que les dix plaies infligées par D’ieu le furent pour le punir pour son refus d’accorder l’autorisation aux Bénè Yisraèl. Mais voyant D’ieu les abandonner et les enfermer dans le désert, il se dit que la faute principale fut d’avoir nié l’existence de D’ieu. Pour reprendre à son service les Bénè Yisraèl, il suffirait qu’il demande pardon à D’ieu. C’est pourquoi les serviteurs de Parô eux-mêmes font ce revirement car la faute essentielle fut la déclaration de Parô.

Parô fit atteler son char, en premier, ensuite il emmena son peuple avec lui.

Ainsi Parô, fort de son repentir, se voit-il obligé de se mettre en route et donner le signal de la poursuite. Il peut ensuite forcer son peuple à le suivre. Tous doivent obéir, sous peine d’être considérés comme rebelles et hors la loi.

Il prit six cents chars d’élite et tous les chariots d’Égypte, tous couverts de guerriers.

Il prit six cents chars d’élite.

Rav Alchèkh pense que D’ieu ne peut endurcir le coeur d’un homme, autrement dit le priver du bénéfice de la téchouva, repentir, que si cet homme se révolte deux ou trois fois contre la volonté de D’ieu. Ainsi Parô avait fauté par la pensée, il fit le projet de poursuivre, ensuite par la parole en disant «qu’avons-nous fait?», enfin par l’acte, «il attela son char.» De plus, il choisit pour lancer son attaque six cents chars, montrant bien son hostilité à Israël.

L’Ét’ernel fortifia le coeur de Parô, roi d’Égypte, qui se mit à la poursuite des enfants d’Israël. Cependant,les Israélites s’avançaient triomphants.

Cependant,les Israélites s’avançaient triomphants.

La traduction d’Onqélos de triomphants, littéralement le bras levé, est s’avançaient la tête découverte.

Chaâr Bat Rabbim dit qu’en Asie la tête couverte est signe d’obéissance au roi. C’est pourquoi, en présence du roi, il fallait maintenir la tête couverte. Découvrir la tête est signe de liberté. Un serviteur s’affranchit aussitôt qu’il découvre la tête. Ainsi, en sortant d’Égypte, les Bénè Yisraèl étaient définitivement libres.

Rama, , haute.

Pour Maor Wa-Chèmèche, ce terme fait allusion à ce que le Zohar rapporte(11). Lors de la sortie d’Égypte, D’ieu fit entendre les louanges des anges qui eurent pour effet de réjouir les Bénè Yisraèl. Rama, est l’acrostiche Rinnat, louange, Mal’akhè, anges, ha-charète, serviteurs. Leur sortie s’est déroulée dans la joie.

La sortie d’Égypte et les miracles réalisés ne sont, en fait, qu’un prélude à la délivrance finale et les prodiges merveilleux qui éclaireront l’avenir d’Israël.

  1. Chémot 14, 1-8.
  2. Chémot Rabba 20, 14 et 15.
  3. Chémot 15, 16-17.
  4. Chémot 3, 12.
  5. Chémot 3, 8.
  6. Iyob 12, 23.
  7. Iyob 37, 22.
  8. Chémot 14, 10.
  9. Rav Alchikh.
  10. Chémot 5, 2.
  11. Bé-challah.

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