Pinhas, allié de D’ieu
«L’Ét’ernel parla ainsi à Mochè : Pinhas, fils d’Èl’âzar, fils d’Aharone le pontife, a détourné Ma colère de dessus les enfants d’Israël, en se montrant jaloux de Ma cause au milieu d’eux, en sorte que je n’ai pas anéanti les enfants d’Israël, dans Mon indignation. C’est pourquoi, tu annonceras que Je lui accorde Mon alliance amicale. Lui et sa postérité après lui possèderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité; parce qu’il a pris parti pour son D’ieu et procuré expiation aux enfants d’Israël.Or le nom de l’Israélite frappé par lui, qui avait péri avec la Midyanite, était Zimri fils de Salou, chef d’une famille paternelle des Chimônites. Et la femme qui avait été frappée, la Midyanite, se nommait Kozbi, fille de Tsour, qui était chef des peuplades d’une famille paternelle de Midyane(1).»
A la fin de la sidra Balaq, Bil’âm, frustré de n’avoir pu maudire les Bénè Yisraèl à cause de l’interdit de D’ieu, conseille à Balaq de lâcher les filles de Midyane dans le but de débaucher le peuple d’Israël. Bil’âm sait que «D’ieu d’Israël hait la débauche».
Bil’âm pense qu’au moyen de la débauche D’ieu se détacherait sûrement d’Israël et consentirait à le punir. Ainsi fit Balaq. Et pour que tout son peuple le suive dans cette voie, il a livré à la débauche sa propre fille Kozbi, ayant pour mission spécifique d’entraîner Mochè dans la faute. Le peuple suit donc cet exemple et(2) :
«[Israël] se livra à la débauche avec les filles de Moab car elles le convièrent à leurs festins idolâtres; le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux.»
Il est facile d’imaginer la joie de Bil’âm et Balaq qui, sans coup férir, font tomber 24 000 âmes parmi Israël. Ce n’est pas tout. Alors qu’elle recherche Mochè, Kozbi est abordée par Zimri, fils de Salou, prince de la tribu de Chimône, qui, invoquant le privilège de naissance, l’accapare pour lui.
Le Talmoud rapporte(3) :
«Ayant amené Kozbi devant Mochè, Zimri demande: est-elle interdite ou permise? Si tu dis qu’elle est interdite, qui t’a permis la fille de Yitro»?
Cette insolence plonge Mochè dans un état de découragement si bien qu’il oublie, pour l’instant, la halakha, la loi(4) : «Celui qui s’accouple avec une Aramite, les défenseurs zélés ont le droit de le tuer».
Pinhas, rappelant la halakha à Mochè, reçoit alors l’ordre d’exécuter la sentence. Pinhas arrive à rétablir ainsi la paix entre D’ieu et les Bénè Yisraèl.
Le Midrache(5) rapporte :
«Pinhas, fils d’Èl’âzar(6).» Pour quelle raison le Saint béni soit-Il rappelle-t-Il l’ascendance de Pinhas au lendemain de cet acte? Ayant transpercé Zimri et Kozbi, [Pinhas] fut l’objet des critiques ironiques des tribus, disant :
Avez-vous vu le fils de ce Pouti, lui, dont le grand-père maternel [Yitro] avait engraissé des veaux pour les idoles, qui tue le prince d’une tribu d’Israël?
Le texte souligne alors qu’il descend d’Aharone.
«C’est pourquoi tu lui annonceras que Je lui accorde Mon alliance de paix(7).» Grande est la paix que D’ieu lui accorde car le monde ne repose que sur la paix. La Tora tout entière est paixtel qu’il est dit(8) :
«Ses voies sont des voies pleines de délices, et tous ses sentiers aboutissent à la paix.» Quand un homme revient de voyage, on lui présente des salutations. Ainsi, matin et soir, exprime-t-on des salutations. Le soir, le Chémâ que l’on lit se termine par la paix : «Celui qui étend une protection de paix». La prière s’achève également sur «qui bénit son peuple par la paix.» Aussi tu annonceras que je lui accorde une alliance de paix, puisqu’il est encore vivant. Il est dit également(9) :
«Mon pacte avec lui a été un gage de vie et de paix». «Lui et sa postérité après lui posséderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité, parce qu’il a pris parti pour D’ieu et procuré expiation aux enfants d’Israël.»
A-t-il offert un sacrifice pour que l’on parle d’expiation? C’est pour nous enseigner que quiconque verse le sang des impies est considéré comme ayant offert un sacrifice.»
Ce midrache tient à replacer les événements dans leur véritable contexte. Pinhas intervient à un moment où Mochè et tous les chefs du Sanhèdrine sont choqués par l’acte de Zimri, prince de la tribu de Chimône. Déjà, la débauche des Bénè Yisraèl avec les filles de Midyane est en soi une grave faute, qu’il faille ajouter l’effronterie de Zimri! Choqués et désabusés, ils perdent leurs moyens, Mochè y compris.
Mais Pinhas plutôt que de se laisser emporter par cet esprit défaitiste, réagit au vu et au su de tous les Bénè Yisraèl. En vérité, pour pouvoir agir et régler son fait à Zimri, Pinhas use d’un stratagème. Il prend une lance qu’il cache sous son habit et, voulant rentrer dans la tente de Zimri, il déclare à ceux qui lui interdisaient l’accès que son but est de commettre, lui aussi, un acte de débauche avec Kozbi. Une fois dans la tente, il transperce de sa lance Zimri et Kozbi.
Le midrache Tanhouma et Bé-midbar Rabba énumèrent 12 miracles produits à cette occasion. Le résultat immédiat fut d’arrêter l’épidémie qui avait décimé déjà 24 000 âmes. Devant cet acte de sacrifice de soi, Pinhas ayant agi au mépris de sa vie, devant les conséquences heureuses d’un tel acte, Pinhas avait apaisé la colère divine. Les Bénè Yisraèl, loin de le féliciter pour sa bravoure et son acte exemplaire, le critiquent avec une ironie mordante, se moquent de son ascendance idolâtre, Yitro son grand-père maternel.
Ce comportement surprend! Pourquoi tant d’ingratitude chez les Bénè Yisraèl pour un acte aussi noble! Sans doute faut-il voir d’abord un sentiment naturel de jalousie exprimé à l’égard de Pinhas dont le grand-père est coupable d’idolâtrie notoire. Adorer Péôr par un acte irrespectueux n’est en rien comparable au fait d’engraisser des veaux pour les idoles. Les résultats obtenus sont destinés, tout au plus, à donner une plus-value à ces veaux!
Peut-être faut-il trouver une critique acerbe à l’égard d’Aharone dont l’acte du veau d’or n’était pas prêt de s’oublier? Lui aussi avait provoqué la mort de milliers d’Israël. Pinhas étant son descendant, ne devait en aucune manière s’arroger le droit d’administrer des leçons aux Bénè Yisraèl.
Toutefois, ces critiques visent également à montrer que Pinhas réalise son acte malgré l’opposition de ceux qui, normalement, sont ses alliés. Il est plus facile en effet d’intervenir quand l’opposition vient d’un seul front. Mais, lorsqu’il faut se battre sur les deux fronts, contre l’ennemi et contre ses amis, le combat est plus dur.
L’humiliation que l’on fait subir à Pinhas indique la valeur absolue de son acte. Le but essentiel consiste à sanctifier le Nom de D’ieu. Le sacrifice de Pinhas prend davantage d’importance parce qu’il fut réalisé malgré les humiliations et les critiques.
Pour le Talmoud(10), la sanctification du Nom de D’ieu est la cause de production de miracles. L’exemple cité à ce propos est celui de Rav Ada Ben Ahava qui, ayant vu dans la place publique une jeune femme portant un habit Kil’ayim, tissu de laine et lin, interdit par la Tora, s’empresse de le déchirer. Se rendant compte que la femme n’est pas juive, il dut payer pour réparer son acte 400 zouz.
Rav Ada n’a pas pensé aux conséquences de son acte : comment se permet-il de dévêtir une femme en pleine place publique! L’essentiel, pour lui, est de ne pas laisser une âme juive fauter ne fût-ce que pour un seul instant.
C’est pourquoi tu annonceras que Je lui accorde Mon alliance de paix. Pourquoi cette récompense? La paix constitue la plus grande récompense pour l’homme. La plénitude est le bonheur parfait. Pinhas n’a pas à craindre les attaques ou les représailles de la famille de Zimri. Il n’a pas non plus à tenir compte des critiques de ses alliés.
Le Saint béni soit-Il attribue son ascendance à Aharone et, comme dit Rav Alchèkh, il est considéré comme le fils d’Aharone et non son petit-fils, de telle sorte que de plein droit il aura la Kéhounna, la prêtrise.
Rambane, dans son exposé sur la Téhiya, la résurrection, rapporte le midrache(11) que lorsque les hommes de la tribu de Chimône sont venus l’attaquer et venger la mort de leur prince, l’âme de Pinhas s’est envolée par la peur qu’ils lui ont inspirée. Ils le laissèrent pour mort. Mais les âmes de Nadav et Avihou qui planaient lui insufflent, n’étant pas complètement refroidi, une âme. Il ressuscite. Pour le Zohar, les âmes de Nadav et Avihou lui furent accordées pour ressusciter.
Ramatayim Tsofim(12), rapportant ce midrache, affirme que Pinhas parvient, grâce à cet acte de bravoure, à réparer la faute de Nadav et Avihou. Cette faute consiste, en fait, à offrir sur l’autel un feu étranger non recommandé par Mochè. L’offrande d’encens est faite sans avoir consulté Mochè, leur maître.
Mais Pinhas, lui, consulte Mochè et lui rappelle la halakha qu’il oublie momentanément : «quiconque s’accouple avec une aramite est frappé à mort par les Zélateurs.»
Ainsi, Nadav et Avihou, par leur sacrifice, consacrent-ils la sainteté de l’autel, et Pinhas, par son sacrifice, sanctifie, pour sa part, le Nom de D’ieu. C’est pourquoi la Sidra comporte la prescription des différents sacrifices.
Aussi le texte parle-t-il d’alliance de paix puisque Pinhas répare et redresse ce que d’autres tordent et abîment.
Cependant, le Talmoud(13) dit que la récompense d’une mitswa n’a pas cours dans ce monde. Comment Pinhas peut-il prétendre à une récompense, l’alliance de paix? En effet, une récompense est attribuée à la fin, non avant que l’ouvrage n’ait été achevé.
Pour Hatam Sofèr, la récompense de Pinhas est méritée. Car dans le cas de toute autre mitswa, le port des Téfilline, ou l’observance du Chabbat, l’homme se considère toujours comme n’ayant pas achevé d’accomplir la mitswa. Chaque jour, il entreprend sa réalisation avec autant d’ardeur parce qu’elle n’est point achevée. L’intervalle qui sépare la fin d’une mitswa avec sa reprise, est investi, au contraire, dans l’attente impatiente de renouer avec elle.
Ce n’est pas le cas de Pinhas. Sans doute n’aurait-il jamais souhaité se retrouver devant une situation pareille à celle de Zimri pour réaliser la mitswa de sanctifier le Nom de D’ieu. Car cela revient à souhaiter qu’il puisse exister parmi Israël des impies de cette trempe. Par conséquent, la mitswa étant achevée, sa récompense, dans ce monde, est amplement méritée.
L’alliance de paix consiste également à faire taire toutes les critiques malveillantes des Bénè Yisraèl. Au début, les tribus humilient et méprisent Pinhas parce qu’elles n’ont point établi la différence entre une Midyanite convertie, la mère de Pinhas, et une Midyanite non convertie, Kozbi.
Mais, voyant la perte de 24 000 hommes, et Pinhas l’auteur de l’interruption de l’épidémie qui lui procure le mérite d’être désigné à remplir, plus tard les fonctions de Kohène Gadol, ils sont contraints d’établir la différence.
L’acte de Pinhas agit comme expiation car condamner un impie à mort et l’exécuter, c’est apaiser la colère de D’ieu. Verser le sang des impies agit comme un sacrifice expiatoire.
Ainsi est-il rapporté dans le Talmoud(14) à propos de la ville incitée à suivre l’idolâtrie :
«Le Saint béni soit-Il dit: si vous jugez cette ville, Je vous considérerai comme M’ayant sacrifié un holocauste. Car, tout le temps que l’impie vit dans le monde, la colère existe dans le monde. Les impies disparaissant du monde, la colère disparaît également.»
Dans le midrache(15) :
«Pourquoi la mort est-elle le châtiment des impies? Tant qu’ils vivent, les impies suscitent la colère du Saint béni soit-Il, tel qu’il est dit(16) :
«Vous excédez la colère du Saint béni soit-Il par vos discours!» Mais une fois morts, ils cessent de mettre en colère le Saint béni soit-Il tel qu’il est dit(17) :
«Là [dans le silence de la tombe], les méchants mettent un terme à leur violence.
Toutefois, le Talmoud(18) affirme, par ailleurs, que D’ieu est loin de se réjouir de la disparition de l’impie. D’ieu demande tout simplement de voir les impies revenir à Lui(19). Mais s’ils persistent à susciter Sa colère alors(20) «que les méchants périssent, ce sont des transports de joie» pour le monde car la colère divine cesse aussitôt.
L’Ét’ernel parla ainsi à Mochè : Pinhas, fils d’Èl’âzar, fils d’Aharone le pontife, a détourné Ma colère de dessus les enfants d’Israël, en se montrant jaloux de Ma cause au milieu d’eux, en sorte que je n’ai pas anéanti les enfants d’Israël, dans Mon indignation.
Pinhas, fils d’Èl’âzar, fils d’Aharone le pontife,
Ce texte soulève de nombreuses questions : En premier lieu pourquoi avoir remonté l’ascendance de Pinhas à Aharone? Même sans mentionner d’Aharone, il est clair qu’il est le petit-fils d’Aharone, Èl’âzar étant le fils d’Aharone!
Bien plus, cette proposition est répétée car moment de l’intervention de Pinhas, il est dit(21) : «A cette vue, Pinhas, fils d’Èl’âzar, fils d’Aharone le pontife, se leva du milieu de la communauté …» Pourquoi donc cette répétition?
Rachi dit que les tribus, cherchant à humilier Pinhas, se moquent ainsi de lui :
«Avez- vous vu le fils de Pouti, celui dont le grand-père maternel [Yitro] a engraissé des veaux pour les idoles, qui a tué un prince d’une tribu d’Israël? C’est pourquoi le texte souligne qu’il descend d’Aharone.»
Mais à suivre Rachi, nous ne comprenons pas pourquoi l’avoir mentionné juste ici. Au moment de l’action, nul ne pensait certainement se moquer de Pinhas.
Mais en vérité Pinhas visait deux objectifs : rétablir la paix, l’harmonie entre Israël et Aharone, responsable de la faute du veau d’or, tout en «rétablissant la paix entre D’ieu et Israël.» D’un côté, Pinhas agit comme Aharone qui a préféré «être responsable de la faute» en faisant lui même «le veau» plutôt que laisser les Bénè Yisraèl le faire.
Mèchèkh Hokhma dit, à juste titre, que Pinhas est le digne descendant de Aharone. Le midrache(22) rapporte à propos du verset(23) :
«Mais Pinhas se leva pour faire justice, et le fléau cessa de sévir.» Pinhas après avoir tué Zimri et Kozbi «se querella» avec D’ieu en disant : «Est-ce pour ces deux personnes que toi, D’ieu, tu as décimé 24 000 Israélites?» En ce moment Pinhas était en danger car reprocher véhémentement à D’ieu sa conduite ne passe sans châtiment. Pourtant Pinhas l’assume dans l’intérêt d’Israël. Aussi pour cette raison le texte souligne-t-il fils d’Aharone pour indiquer qu’il s’est sacrifié pour Israël, [comme Aharone].»
Or ha-Hayim précise, de son côté, que Pinhas, en arrêtant le fléau frappant les Bénè Yisraèl pour avoir suivi la divinité de Péôr, répare le mal fait aux Bénè Yisraèl par Aharone, responsable du veau d’or.
A détourné Ma colère de dessus les Bénè Yisraèl,
En fait, cette proposition constitue la conséquence de l’intervention de Pinhas. Le texte ne doit-il pas informer d’abord que Pinhas s’est montré jaloux de Ma cause au milieu d’eux, avant d’énoncer la conséquence?
Le verset devait s’écrire comme suit :
«En se montrant jaloux de Ma cause au milieu d’eux, Pinhas a détourné Ma colère de dessus les Bénè Yisraèl en sorte que Je n’ai pas anéanti les enfants d’Israël dans Mon indignation.»
Pour quelle raison donc, avoir placé entre deux effets «a détourné Ma colère» et «Je n’ai pas anéanti» la cause «en se montrant jaloux…»?
En fait, la colère divine, ayant déjà commencé à frapper les Bénè Yisraèl, allait s’accentuer n’était l’action de Pinhas. Car tout porte à croire que la colère s’éteindrait d’elle-même comme elle s’est allumée!
Mais l’action de Pinhas, visant d’abord de détourner la colère divine de dessus les Bénè Yisraèl, tend à défendre également la dignité et le respect dûs à D’ieu.
Aussi, pour le texte, insistant sur l’expression «en se montrant jaloux de Ma cause», précise que Pinhas, par son intransigeance, se porte, avant tout, à la défense de la cause divine.
Mieux encore, Pinhas ne se contente pas de le faire d’une manière discrète, il tient, au contraire, à rendre son action publique, au vu et au su de tous. Le texte le souligne au milieu d’eux.
Dans cette effervescence, toute la tribu de Chimône, se rangeant derrière son chef Zimri, aurait pu frapper Pinhas. Mais ce qui importe, c’est rétablir la paix et l’harmonie entre D’ieu et Israëlet, il n’a été possible de le réaliser qu’après avoir tué les deux fauteurs Zimri et Kozbi.
C’est pourquoi, tu annonceras que Je lui accorde Mon alliance amicale. Lui et sa postérité après lui possèderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité; parce qu’il a pris parti pour son D’ieu et procuré expiation aux enfants d’Israël.
C’est pourquoi, tu annonceras que Je lui accorde Mon alliance amicale.
Il est étonnant que le texte dise C’est pourquoi quand la suite fournit la raison : «parce qu’il a pris parti pour son D’ieu»!
Lakhène, c’est pourquoi
Cette expression est un langage de serment. D’ieu, après la conduite de Pinhas, juge bon de désigner Pinhas aux fonctions sacerdotales. N’étant pas oint en même temps qu’Aharone et ses enfants, Pinhas ne devait pas servir comme Kohène.
Mais la récompense que décide D’ieu de lui accorder, n’est autre que le pontificat. C’est à cet effet que s’emploie D’ieu. Et, pour éviter toute contestation, D’ieu le lui accorde par serment, sous forme de donation qui ne dépend que de la bonne volonté du donateur, pour lui et sa descendance après lui, alliance à jamais(24).
Le fait même de sanctifier D’ieu au milieu de tous, en rétablissant l’harmonie entre D’ieu et Israël, donne à Pinhas la possibilité d’atteindre une sainteté telle que de lui descendront les Kohanim Guédolim de toutes les générations.
Or le nom de l’Israélite frappé par lui, qui avait péri avec la Midyanite, était Zimri fils de Salou, chef d’une famille paternelle des Chimônites. Et la femme qui avait été frappée, la Midyanite, se nommait Kozbi, fille de Tsour, qui était chef des peuplades d’une famille paternelle de Midyane.
Or le nom de l’Israélite frappé par lui
Et la femme qui avait été frappée, la Midyanite,
Pourquoi la Tora nomme l’Israélite et la Midyanite ici plutôt qu’au récit de l’événement?
Si le texte nomme ici Zimri et Kozbi c’est bien pour souligner l’acte héroïque de Pinhas. Il n’est nullement impressionné par la personnalité des coupables ni par leur position sociale.
Zimri étant chef de tribu et Kozbi princesse de Midyane ne l’ont pas empêché de faire son devoir consistant à venger le Nom de D’ieu profané.
Bien plus, Or ha-Hayim, s’interrogeant sur l’emploi de «homme israélite», au lieu de dire le nom de «l’homme frappé», souligne que l’action de Pinhas eut pour résultat immédiat, même si nous sommes en présence d’un homme coupable d’une faute aussi grave tel Zimri, de le rattacher à ses origines saintes, faisant partie désormais du klal Yisraèl, la communauté d’Israël. Le fait de «l’avoir frappé» met fin à son attachement à l’impureté représentée ici par la Midyanite.
Pinhas, apaisant la colère divine, agit comme expiation non seulement pour le temps considéré, celui des événements de Zimri et Kozbi, mais pour l’éternité puisque Pinhas mérite l’alliance de Kéhounna pour l’éternité. Son expiation est expiation éternelle.
1. Bé-midbar 25, 10-15.
2. Bé-midbar 25, 1 2.
3. Sanhèdrine 82a.
4. Sanhèdrine 82a.
5. Tanhouma sur Pinhas paragr. 1.
6. Bé-midbar 25, 11.
7. id. 25, 12.
8. Michelè 3, 17.
9. Mal’akhi 2, 5.
10. Bérakhot 20a.
11. Rapporté par le Zohar, début de la Sidra de Pinhas.
12. Vol.2 page 35a, paragr.20.
13. Qiddouchine 39b.
14. Sanhèdrine 111b.
15. Bérèchit Rabba chap. 9, paragr. 7.
16. Mal’akhi 2, 17.
17. Iyob 3, 17.
18. Sanhèdrine 39b.
19. Yéhèzqèl 18, 32.
20. Michelè 11, 10.
21. Bé-midbar 25, 7.
22. Yalqout, Téhillim paragr. 865 et Sanhèdrine 82b.
23. Téhillim 106, 30.
24. cf. Or ha-Hayim.