Récompense et châtiment

La réalisation de la Tora conduit nécessairement à la satisfaction morale. La récompense qui en découle concerne non pas ce monde matériel, quoique le texte assure un bonheur dans ce monde, mais plutôt l’autre, ôlam ha-ba.Une mitswa ne saurait se contenter de la récompense matérielle de ce monde. Parce que spirituelle, elle vise le monde de l’esprit, ôlam ha-ba. De même, le châtiment n’est pas de ce monde. Quand bien même certains connaissent une vie de souffrances et de malheurs, cela ne représente nullement un châtiment infligé pour la mauvaise conduite. Le châtiment frappe également dans le monde futur.Le Midrache(1), citant le texte(2) :Si vous vous conduisez selon Mes lois...”, rapporte : C’est ce qu’exprime le texte(3) :”La sagesse prêche dans la rue; sur les voies publiques, elle élève la voix.”Rabbi Chémouèl, fils de Nahmani, s’adresse ainsi dans la place publique à Rabbi Yonatane, fils de Rabbi Èl’âzar :Enseigne-moi un chapitre [de la Tora].Va à la maison d’études. Là, je t’enseignerai.Maître, ne nous as-tu pas déjà appris que “la sagesse prêche dans la rue“?Tu possèdes la Bible, “, mais non la Michena. Que signifie “la sagesse prêche dans la rue“? Il s’agit du sens [littéral] de la Tora. Certes, où vend-on les perles, n’est-ce point dans la rue? Les pierres précieuses et les perles, où les trouve-t-on? N’est-ce pas dans la place indiquée à cet effet? On ne les achemine pas vers les marchands de légumes, d’oignons ou d’aulx. Mais plutôt dans une place de commerce. Ne se tient-elle point à l’extérieur?Ainsi la Tora, c’est dans la rue qu’elle s’étudie tel qu’il est dit : “La sagesse prêche dans la rue, dans la voie publique“. Que signifie hovotvoie publique? Il s’agit des lieux où on développe [la Tora]. Et où la développe-t-on? Dans les lieux de prière et d’études. Aussi pour cette raison est-il dit : “Dans les voies publiques, elle élève la voix“.[Le texte poursuit](4) :”Elle appelle à elle au milieu des bruyants carrefours…” Du sommet des carrefours, elle appelle. Comment? Au début, la Tora annonce les populations destinées à disparaître, la génération du déluge, la génération de la dispersion, celle de Sédome. Ainsi à son début, la Tora lance son appel, autrement dit, au commencement, elle annonce la mort du premier homme, tel qu’il est dit(5) :”Du jour où tu en mangeras, tu dois mourir“. C’est cela : “Elle appelle à elle du milieu de bruyants carrefours“. [Le texte poursuit] :”À l’entrée des portes dans la ville, elle fait entendre ses discours“. Au début, les maisons de prières étaient construites dans les sites élevés de la ville pour accomplir : “À l’entrée des portes de la ville, elle fait entendre ses discours“. Parlant de la Tora, il ne faut point dire “je l’ai déjà énoncé”. Énonce-le sans cesse car ainsi est-il écrit : “Elle fait entendre ses discours“.Rabbi Abba dit : elle annonce le bonheur et le malheur.”Si vous vous conduisez selon Mes lois, voilà le bonheur“.”Si vous ne m’écoutez point(6), voilà le malheur…”Le midrache a pour souci essentiel d’avertir l’être humain de ne pas attendre de récompense dans ce monde. Un système de morale faisant appel au châtiment ou à la récompense dans ce monde ruinerait la morale. Car la liberté de l’homme, pour qu’elle puisse être effective, doit être exempte de toute contrainte.Ainsi, l’individu, recevant son châtiment aussitôt après s’être rendu coupable d’une faute, s’abstient à l’avenir d’agir mal. Sa liberté est désormais confisquée. Aussi châtiment et récompense sont-ils prévus mais réservés pour un monde où la mitswa revêt une importance capitale et représente une valeur authentique.L’enseignement de Rabbi Yonatane contribue à préciser cette évidence(7) : “La récompense des mitswot n’est pas de ce monde”. Toutes les récompenses promises par la Tora et qui ont cours dans ce monde ne sont servies en vérité que pour permettre à l’homme l’application des mitswot.Rabbi Yonatane confirme à son disciple, bien que “la sagesse prêche dans la rue”, que l’enseignement de la Tora ne se fait que dans un lieu d’études. La Tora, comme les pierres précieuses, ne se trouve que dans un lieu approprié. Il se situe, il est vrai, sur la place publique, à l’extérieur. Mais pour mieux examiner la qualité de la pierre, comme pour appréhender la vérité absolue de la Tora, il est nécessaire de s’enfermer dans des places appropriées.Rabbi Yonatane souligne également l’existence de deux niveaux dans l’étude de la Tora. Il ne faut point se contenter de la vérité apparente, externe. Il faut viser plutôt la vérité secrète, intime. Ce niveau n’est accessible que dans son lieu de prédilection où se rassemblent tous les sages, confrontant leurs thèses et leurs opinions pour n’en retenir que le sens profond.Quand bien même le texte parlerait des voies publiques, il n’entend en vérité que la maison d’études, car c’est là où la Tora parvient à son développement.Le midrache fait, pour aboutir à une telle explication, un rapprochement entre Réhovot, voies publiques, et Rahov, élargir, pour signifier l’approfondissement et le développement de la Tora.Toutefois, la Tora attire l’attention sur le châtiment auquel s’expose l’homme qui ne se soumet pas à sa vérité. Son avertissement est là dès les premiers chapitres, Il suffit de lire les conséquences de la conduite d’Adam, celle de la génération du déluge et de la Tour de Babèl et de Sédome, pour se convaincre de l’imminence du châtiment. Une seule lecture ne suffit pas. Il faut relire pour arriver à une certitude, car Bien et Mal, bonheur et malheur, récompense et châtiment, dépendent de la qualité de l’engagement vis-à-vis de la Tora.Le midrache, faisant d’une pierre deux coups, souligne que comme la Tora ne révèle son sens intime et profond que dans la maison d’études, non dans les places publiques, ainsi la récompense et le châtiment véritables n’ont cours que dans le monde futur, ôlam ha-ba, même si déjà ce monde réserve le châtiment au crime et la récompense à la mitswa.1. Tanhouma Bé-houqotaï paragr. 3.2. Wayi-qra 25, 3.3. Michelè 1, 20.4. Michelè 1, 21.5. Bérèchit 2, 17.6. Wayi-qra 26, 14.7. Qiddouchine 39b.

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