La continuité de la bénédiction

«Voici la bénédiction dont Mochè, l’homme de D’ieu, bénit les enfants d’Israël avant de mourir. Il dit : L’Ét’ernel est apparu du haut du Sinaï, a brillé sur le Séîr pour eux! S’est révélé sur le mont Parane, a quitté les saintes myriades qui l’entourent, dans sa droite une loi de feu pour eux! Ils te sont chers aussi, les peuples; tous leurs saints, Ta main les protège: mais eux, se sont couchés à Tes pieds, ont recueilli ta propre parole. «C’est pour nous qu’Il dicta une Tora à Mochè; elle restera l’héritage de la communauté de Yaâqov». Aussi devint-il roi de Yéchouroune, les chefs du peuple étant réunis, les tribus d’Israël unanimes(1).»
La sidra Wé-Zot ha-Bérakha, traite des dernières bénédictions que Mochè adresse à toutes les tribus. Ces bénédictions rappellent, par leur contenu, celles que Yaâqov fait à ses fils peu avant sa mort.

Le Midrache(2) rapporte que Mochè commence par «Wé-Zot», pour reprendre le terme final de la bénédiction de Yaâqov tel qu’il est dit(3) : «Wé-Zot achèr dibbèr lahème abihème», c’est ainsi que leur père leur parla.

Mochè fut bien inspiré d’agir ainsi. Constatant que Yaâqov commence ses bénédictions par «Wayi-qra»(4), , Yaâqov fit venir ses fils, terme qui conclut la bénédiction de Yitshaq à Yaâqov tel qu’il est dit(5) : «Yitshaq appela, Wayi-qra, Yaâqov et le bénit.» Yitshaq, lui-même, avait commencé sa bénédiction à Yaâqov par le terme «Wéyi-tène lékha», D’ieu te donnera»(6) celui-là même par lequel Abraham avait achevé sa bénédiction à Yitshaq(7) : «Wayi-tène Abraham ète kol achèr lo lé-Yitshaq», Abraham donna tout ce qu’il possédait à Yitshaq.

Il est évident que dans un tel système, la chaîne qui conduit d’Abraham à Mochè, est une chaîne ininterrompue, basée sur la pérennité d’Israël que lui assure chacun des pères de la nation. Le plus extraordinaire est que chacun relaie l’autre dans l’unique objectif de protéger le peuple d’Israël et d’assurer sa continuité. Le circuit wéyi-tène, wayi-qra, wé-zot, est composé de termes qui expriment la progression et la continuité dans la bénédiction.

En outre, Mochè, après la série de reproches et paroles dures qu’il eut à l’égard de Bénè Yisraèlveut terminer sur une note plus réjouissante, autrement dit des bénédictions à tout Israël traçant ainsi, selon le Midrache, la voie à tous les prophètes.

Ainsi après les reproches, tous les prophètes terminent-ils la véhémence de leurs propos par des divrè néhama, des consolations pour Âm Yisraèl.

Le Midrache(8) citant(9) :

«Bien des femmes se sont montrées vaillantes, tu leur es supérieure à toutes» rapporte : il s’agit de la bénédiction de Mochè. Car tous les ancêtres ont chacun béni leur génération. Cependant aucune bénédiction n’est comparable à celle de Mochè.

Noah, bénissant ses fils, établit une différence [entre eux], bénissant effectivement l’un, maudissant l’autre tel qu’il est dit(10) :

«Que D’ieu agrandisse Yèfèt! Qu’il réside dans les tentes de Chèm, et que Kénaâne soit leur esclave!»

Yitshaq, bénissant Yaâqov, introduit le germe de la querelle tel qu’il est dit(11) :

«Et Il t’attribuera la bénédiction d’Abraham» alors qu’à Êssaw il dit(12) :

«Ton frère a usé de ruse et il a enlevé ta bénédiction.» Aussi est-il dit(13) :

«Êssaw prit Yaâqov, en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée.»

Yaâqov bénit à son tour les tribus. [La bénédiction] comportait également des reproches adressés à Réoubène(14) :

«Impétueux comme l’onde tu as perdu ta noblesse» ainsi qu’à Chimône et Léwi. De qui les Ancêtres avaient appris de bénir chacun leur génération? Du Saint béni soit-Il! Car créant Adam, Il le bénit(15)… :

«Mâle et femelle furent créés à la fois, D’ieu les bénit…» Il maintenait sa bénédiction jusqu’à ce que la génération du déluge vienne y mettre un terme tel qu’il est dit(16) :

«L’Ét’ernel dit : «J’effacerai l’homme que J’ai créé de dessus la face de la terre.» Lorsque Noah eut quitté l’arche, le Saint béni soit-Il, constatant que la bénédiction n’avait plus cours, bénit de nouveau Noah et ses fils(17) :

«Dieu bénit Noah et ses fils en leur disant : «croissez et multipliez et remplissez la terre.» Le monde bénéficie de cette bénédiction jusqu’à la venue d’Abraham qui contribue à un surcroît de bénédiction(18) :

«Je te ferai devenir une grande nation, je te bénirai.»

Avec l’apparition d’Abraham, le Saint béni soit-Il dit : Ce n’est point de Mon honneur que Je sois obligé de bénir Mes créatures, Je transmets les bénédictions à Abraham et à sa descendance. Quiconque reçoit leur bénédiction, Je l’approuverai tel qu’il est dit(19) :

«Tu seras bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront.» Que veut dire «je bénirai»? Le Saint béni soit-Il dit : Je donnerai les bénédictions à celui que tu béniras et t’approuverai. Cependant étant donné que les bénédictions dépendaient d’Abraham, pourquoi n’a-t-il pas béni Yitsaq? Parce qu’il avait prévu qu’il donnerait naissance à Êssaw. Il s’est dit : Si je bénis Yitshaq cela revient à bénir Êssaw et, Yaâqov sera de ce fait privé [de bénédiction]. Ceci fait penser à ce propriétaire qui confie son vignoble à un métayer. Le vignoble comportait un arbre de vie pendant sur un arbre de mort. Le métayer ne savait que faire : sarcler le vignoble, l’arbre de mort pousserait, s’abstenir de le bêcher comment l’arbre de vie pousserait? La seule chose à faire… est de s’en occuper le temps que le propriétaire vienne prendre soin lui-même de son vignoble. Ainsi Abraham se dit-il : En bénissant Yitsaq, je bénis de ce fait Êssaw. Mais Yaâqov sera perdant. Je laisse le Saint béni soit-Il agir selon Sa volonté. Yaâqov vint et reçut cinq bénédictions : deux de son père, une d’Abraham, une de l’ange et deux du Saint béni soit-Il…

Yaâqov, voulant bénir les tribus, leur transmet les cinq qu’il possédait ajoutant une personnelle tel qu’il est dit(20) :

«Tous ceux-là sont les douze tribus d’Israël, et c’est ainsi que leur père leur parla et les bénit…»

Lorsque vint Mochè, il leur ajouta une septième bénédiction. «Voici la bénédiction», il s’agit d’un surcroît de bénédiction dépassant ainsi la bénédiction de Bil’âm à Israël qui devait en fait lui adresser sept bénédictions correspondant aux sept autels [qu’il avait érigés] au lieu de trois ainsi qu’il est dit(21) :

«C’est pour maudire mes ennemis, que je t’avais appelé et tu as persisté à les bénir, par trois fois.» Le Saint bénit soit-Il lui dit : Impie, ton oeil est malveillant pour les bénir! Je ne te permettrais point d’achever la bénédiction d’Israël. Que vienne Mochè dont le regard est bienveillant et bénisse Israël. C’est à propos de Mochè que Chélomo dit(22) :

«Celui qui a bon oeil sera béni.» Ne lis point «sera béni» mais bénira. Il s’agit de Mochè; son oeil était bienveillant pour bénir Israël. Il lui adresse quatre bénédictions. La première(23) :

«Mochè examinera tout le travail : Or ils l’avaient exécuté conformément aux prescriptions du Seigneur. Et Mochè les bénit.» La deuxième(24) :

«Mochè et Aharone entrèrent dans la tente d’Assignation; ils ressortirent et bénirent le peuple.» La troisième(25) :

«Veuille l’Ét’ernel, D’ieu de vos pères, vous rende mille fois plus nombreux encore et vous bénir comme il vous l’a promis.» La quatrième,

«Voici la bénédiction.» Aussi pour cette raison est-il dit(26) :

«Bien des femmes se sont montrées vaillantes – tu leur es supérieure à toutes.»

«Voici la bénédiction.» Il revient de droit à Mochè de bénir Israël car il était prêt à tout moment de sacrifier sa vie pour lui. C’est pourquoi il est dit «Voici la bénédiction.»

Midrache important, car il établit de manière claire et précise la supériorité de la bénédiction de Mochè. En effet, les bénédictions de Noah, Yitsaq et Yaâqov renferment l’antidote de la bénédiction. La querelle, la haine, le reproche entament, réduisent et neutralisent la portée de la bénédiction. La bénédiction a pour objet d’apporter ce supplément de bien-être et de bonheur qui assure une sérénité et une harmonie.

Dans l’absence d’unité, d’harmonie et d’entente toute bénédiction ne saurait tenir. La dernière michena du traité Ôqatsim, précise :

«Rabbi Chimône Bèn Halafta dit : Le Saint béni soit-Il n’a rien trouvé de mieux pour contenir la bénédiction pour Israël que la paix, tel qu’il est dit(27) :

«Que l’Ét’ernel donne la force à Son peuple! Que l’Ét’ernel bénisse Son peuple par la paix!.»

La paix, l’harmonie constituent le contenant valable et capable d’assurer la bénédiction à Âm Yisraèl. Autrement, la bénédiction s’effrite et s’éparpille.

La qualité morale de l’auteur est essentielle à l’action de la bénédiction. Tant que D’ieu en était l’unique dépositaire, l’usage de la bénédiction était judicieux.

Par la suite, Abraham prend la relève. Mais pour son propre fils, il dut, de peur de nuire à Yaâqov qui mérite véritablement la bénédiction, s’abstenir de le bénir.

Yaâqov dont la mission fut de fonder un peuple au service de D’ieu devait adresser six bénédictions à ses fils. Pourquoi six? L’être humain vit, nous semble-t-il, dans un monde limité et défini par six arêtes : les quatre directions, le haut et le bas. Au-dessus de lui se trouve le Créateur.

Yaâqov veut donc que les Bénè Yisraèl soient assujettis à D’ieu afin de mériter la bénédiction.

Mochè énonce sept bénédictions, celles que Bil’âm était censé adresser pour attester de la valeur de Âm Yisraèl qui eut, dès la révélation au Mont Sinaï, une dimension supplémentaire, la sainteté, qédoucha, symbolisée par le nombre 7 et la Tora. La Tora est elle-même garante de bénédiction.

C’est en se soumettant à la volonté divine, par l’application de toutes les prescriptions édictées dans la Tora, que Âm Yisraèl peut prétendre au bonheur parfait.

Devant la malhonnêteté et la malveillance de Bil’âm, D’ieu eut recours à Mochè pour compenser cette perte de bénédiction. Mochè est l’homme de D’ieu. En tant que tel, il ne pouvait qu’apporter sa bénédiction à Âm Yisraèl.

Mochè eut le privilège de bénir Israël parce qu’il était toujours prêt à se sacrifier pour lui. C’est dire que nul autre ne connaît le besoin exceptionnel de bonheur de Âm Yisraèl. Au fait de ses faiblesses et de ses qualités, il est celui à pouvoir adresser la bénédiction qui convient.

À ce propos la Psiqta de Rav Kahana dit :

«Wé-Zot ha-bérakha, voici la bénédiction, ne dis pas bérakha, bénédiction, mais bérèkha, bassin. De même qu’un bassin purifie les impures ainsi Mochè rapproche ceux qui se sont éloignés, tel qu’il est dit(28) :

«Que vive Réoubène et soit immortel.»

Voici la bénédiction dont Mochè, l’homme de D’ieu, bénit les enfants d’Israël avant de mourir. Il dit : L’Ét’ernel est apparu du haut du Sinaï, a brillé sur le Séîr – pour eux! S’est révélé sur le mont Parane, a quitté les saintes myriades qui l’entourent, dans sa droite une loi de feu – pour eux!

Voici la bénédiction dont Mochè, l’homme de D’ieu,

La sidra commence par un Waw conjonctif, Wé-zot, et voici. Il n’existe aucun lien apparent avec la sidra précédente.

Tout le premier verset semble superflu. Certes, nous renseigne-t-il sur la qualité de l’auteur de la bénédiction et ses interlocuteurs. Tout compte fait, commencer par Way-omar, il dit, eût suffit.

Selon Or ha-Hayim, la sidra précédente annonce la mort de Mochè sur le mont Nèbo(29). Cette mort le prive d’entrer en Èrèts Yisraèl. Craignant que les Bénè Yisraèl ne pensent qu’il les rende responsables de cette privation, Mochè les bénit et les rassure quant à ses sentiments à leur égard. Aussi commence-t-il par un waw conjonctif pour souligner la coordination entre l’annonce de la mort et la bénédiction.

En outre, le «waw» précise que la bénédiction de Mochè est la suite de celles d’Abraham, Yitshaq et Yaâqov.

Pour qu’une bénédiction puisse être efficiente, il faut trois conditions.

En premier, celui qui bénit doit être une personne de grande perfection.

Ensuite, le destinataire doit la mériter. Aussi Yitsaq avait-il demandé à Êssaw de lui préparer des mets afin qu’il mérite sa bénédiction.

Enfin, le moment choisi pour la bérakha soit le moment propice, désigné à cet effet.

Ces trois conditions se trouvent remplies dans notre cas.

Mochè, en tant qu’auteur de la bénédiction, n’a point d’égal car il est dit à son propos «homme de D’ieu». Elle s’adresse aux Bénè Yisraèl préparés déjà à recevoir des bénédictions par Yaâqov, ainsi qu’il est dit(30) : «Et c’est ainsi que leur père leur parla et les bénit…»

Lif’nè moto, avant sa mort.

Du seul contexte, il est clair que cette bénédiction eut lieu juste avant la mort de Mochè. Pour quelle raison le préciser?

Le moment choisi pour la bénédiction est «avant sa mort», car c’est le moment où, selon le Zohar(31), le tsaddiq atteint un niveau d’élévation exceptionnel comparable en cela à une bougie qui, avant de s’éteindre, brille de tous ses éclats.

Le Talmoud(32) signale également que Chémouèl ha-qatane avait atteint la prophétie avant sa mort.

Cette bénédiction est tellement importante que le texte la définit par l’article «hè» pour préciser que, de toutes les bénédictions adressées à Israël, celle-ci est la plus élevée.

Iche ha-Èlo’him, homme de D’ieu.

Pourquoi qualifie-t-il Mochè d’homme de D’ieu? Ne serait-ce pas prétentieux que de se qualifier ainsi? De même, pourquoi ne dit-il pas plutôt Iche ha-Chèm, homme de l’Ét’ernel?

Le Midrache(33) relève une antinomie dans cette expression :

«S’il est homme, il n’est point D’ieu et s’il est D’ieu, il n’est point homme. Alors? Par la moitié inférieure, il est homme; par la moitié supérieure il est D’ieu.»

Il est donc un homme divin.

Mais Or ha-Hayim souligne que le niveau de perfection atteint par Mochè est si élevé que même Abraham, Yitsaq et Yaâqov n’auraient pu supporter la comparaison à propos de l’appréciation divine dès lors qu’elle est basée sur les règles de la rigueur et de la justice stricte.

Sans la miséricorde divine, les pères de la nation n’auraient pu atteindre la perfection. Ce qui n’est pas le cas de Mochè dont la perfection a pu supporter les règles de la rigueur. Aussi pour cette raison signale-t-il «homme de D’ieu», référence à middate ha-dine, la justice stricte.

Cependant, soulignons que c’est grâce à Israël que Mochè a atteint ce niveau de perfection inégalable.

Mi-Sinaï ba, Il est apparu de Sinaï.

Au lieu d’entamer aussitôt les bénédictions, Mochè rappelle la Révélation divine sur le mont Sinaï. En quoi est-il important de rappeler également le fait qu’Il a brillé sur le Séîr, et s’est révélé à Parane, ?

Avant d’adresser sa bénédiction à l’ensemble d’Israël, Mochè tient à rappeler les mérites de Âm Yisraèl qui accepte, sans hésiter, la proposition de recevoir la Tora. De toute évidence, pour que la bénédiction soit efficace, rappeler à D’ieu les mérites d’Israël est une condition essentielle.

Le texte aurait dû dire lé-Sinaï, vers Sinaï, non de Sinaï. Quand bien même l’explication serait, comme dit Rachi, «D’ieu est venu à leur rencontre comme un époux vers son épouse», il n’en demeure pas moins qu’il eût été plus judicieux de dire «D’ieu est venu des cieux», non de Sinaï.

Mais D’ieu entend proposer la Tora à Êssaw et à Yichemaêl, bien que sans succès, pour ne point subir leur reproche, celui de n’avoir rien entrepris pour les contraindre à la recevoir. La révélation à ces deux peuples s’est déroulée de manière éclatante et rayonnante. Ce qui justifie l’emploi de zaroa, poindre et hofiâ, apparaître.

En revanche, Israël, parce qu’il accepte d’emblée la Tora, sans hésiter, le texte se contente de dire «l’Ét’ernel est apparu du haut du Sinaï.» Ce faisant, le texte souligne davantage les mérites des Bénè Yisraèl.

Or ha-Hayim, quant à lui, explique que la présence divine, partant de Sinaï pour venir à la rencontre des Bénè Yisraèl, dirige Son rayonnement, d’une part, à Séîr pour éclairer Êssaw, lui témoignant des égards particuliers en tant que frère de Yaâqov et, d’autre part, à Parane pour se révéler à Yichemaêl.

Mochè ressent donc le besoin de rappeler cet événement capital, la Révélation divine au Sinaï, afin d’éveiller en lui des sentiments de grande affection pour Israël, sentiments qui animeront et inspireront sa bénédiction.

Wé-ata mè-ribibot qodèche, Il a quitté les saintes myriades qui l’entourent.

Que signifie ce détail?

Le texte exalte encore le mérite des Bénè Yisraèl. Lors de la Révélation sur le mont Sinaï, D’ieu consent à quitter les myriades des êtres célestes, pour installer Sa résidence parmi Israël.

Or ha-Hayim rapporte combien, selon le Zohar(34), les êtres célestes se sont sentis désolés, frustrés et délaissés en voyant D’ieu placer Sa résidence parmi les hommes dans Bèt ha-Miqdache. La raison de cette grande affection pour Israël réside dans son acceptation spontanée de la Tora comme le texte le précise : «dans la droite une loi de feu.»

Ils te sont chers aussi, les peuples; tous leurs saints, Ta main les protège: mais eux, se sont couchés à Tes pieds, ont recueilli ta propre parole. «C’est pour nous qu’Il dicta une Tora à Mochè; elle restera l’héritage de la communauté de Yaâqov».

Même les peuples te sont chers.

Pour quelle raison mentionne-t-il ici l’amour que porte D’ieu aux peuples? En outre, quel est le lien logique avec les versets qui suivent :

La Tora que nous a dictée Mochè…

Quand bien même D’ieu ferait preuve d’affection à l’égard des «peuples qui lui sont aussi chers», cette affection ne devait nullement égaler celle qu’il éprouve à l’égard d’Israël. La raison? Les peuples ne vont pas jusqu’à se sacrifier pour accomplir la volonté et la parole divine alors qu’Israël accepte d’être soumis et «se couche aux pieds de D’ieu.»

Bien plus, combien de souffrances et mauvais traitements ont-ils subis uniquement pour avoir accompli et obéi à la «Tora qu’a dictée Mochè, l’héritage de la communauté de Yaâqov.»

Aussi devint-il roi de Yéchouroune, les chefs du peuple étant réunis, les tribus d’Israël unanimes.

Aussi devint-il roi de Yéchouroune,

Israël serait, peut-être, tenté de regretter, Mochè étant d’une fierté démesurée, que D’ieu ne l’ait pas béni directement!

Mochè exprime au contraire toute sa modestie tout en exaltant la grandeur d’Israël.

En effet, Mochè n’accède-t-il à la royauté que grâce aux mérites exceptionnels d’Israël. En s’unissant, en réalisant l’unanimité des tribus, Israël fait de Mochè son roi et son chef.

Ainsi, en acceptant la Tora qui fait de lui un peuple unique et uni, Israël permet à Mochè de grandir et s’élever. La dignité de Mochè tire son origine dans l’élévation et la dignité d’Israël. Et les bénédictions de Mochè sont également à la mesure de l’affection qu’il porte à Israël.

  1. Dévarim 33, 15.
  2. Dévarim Rabba chap. 11, paragr. 1.
  3. Bérèchit 49, 28.
  4. id. 49, 1.
  5. Bérèchit 28, 1.
  6. id. 27, 28.
  7. ibid. 25, 5.
  8. Tanhouma sur la sidra.
  9. Michelè 31, 29.
  10. Bérèchit 9, 27.
  11. id. 28, 4.
  12. ibid. 27, 35.
  13. Bérèchit 27, 41.
  14. id. 49, 4.
  15. ibid. 1, 27.
  16. Bérèchit 6, 7.
  17. id. 9, 1.
  18. Bérèchit 12, 2.
  19. id. 12, 3.
  20. ibid. 49, 28.
  21. Bé-midbar 24, 10.
  22. Michelè 22, 9.
  23. Chémot 39, 43.
  24. Wayi-qra 9, 23.
  25. Dévarim 1, 11.
  26. Michelè 31, 29.
  27. Téhillim 29, 10.
  28. Dévarim 33, 6.
  29. Dévarim 32, 50.
  30. Bérèchit 49, 28.
  31. Zohar Vol. 1, 218b.
  32. Sanhèdrine 11a.
  33. Dévarim Rabba chap. 11, paragr. 4.
  34. Zohar vol.2, 140b.

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