L’offrande des prémices

«Quand tu seras arrivé dans le pays que l’Ét’ernel, ton D’ieu te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et y seras établi, tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays que l’Ét’ernel, ton D’ieu t’aura donnés et tu les mettras dans une corbeille; tu te rendras à l’endroit que l’Ét’ernel ton D’ieu aura choisi pour y faire régner Son Nom. Tu te présenteras au Kohène qui sera alors en fonction, et tu lui diras : Je viens reconnaître en ce jour, devant l’Ét’ernel, ton D’ieu, que je suis installé dans le pays que l’Ét’ernel avait juré à nos pères de nous donner. Alors le Kohène recevra la corbeille de ta main, et la déposera devant l’autel de l’Ét’ernel, ton D’ieu(1)

La sidra Ki Tavo, traite dans son début de l’offrande des prémiceshabaat bikourim. Rav Bina Laîttim trouve que la réalisation de cette mitswa poursuit quatre objectifs.

Ainsi l’homme apprend-il tout d’abord à juguler et à discipliner ses désirs et, par conséquent, à maîtriser et dominer le yètsèr ha-râ attaché aux plaisirs gustatifs dont le but essentiel est de donner à l’homme le désir de goûter à ce qui est agréable au palais.

Le plaisir est d’autant plus fort car, s’agissant des premiers fruits produits par ses arbres, l’homme a un attrait particulier et un vif désir en raison de la nouveauté du fruit et de l’attente d’une année pour goûter de nouveau à ses fruits préférés.

Mais comme la Tora lui fait un devoir de marquer, dès son apparition le premier fruit d’un signe particulier en attachant un fil de couleur pour lui rappeler l’interdiction de le consommer puisqu’il appartient à D’ieu, l’homme n’a d’autre choix que de dominer ses désirs et discipliner son yètsèr ha-râ.

Bien au contraire, il en prendra soin et, une fois mûr, ce fruit sera récolté et consacré à D’ieu.

L’homme fait aussi l’apprentissage de la reconnaissance. En fait, il n’existe pas de défaut aussi grave que l’ingratitude, défaut que D’ieu et l’homme répugnent. Et quiconque offre les prémices à D’ieu fait acte de reconnaissance à D’ieu qui lui a donné et la terre et ses richesses. Lorsqu’il déclare(2) : «Or, maintenant j’apporte en hommage les premiers fruits de cette terre dont Tu m’as fait présent», ses propos rappellent ceux de David qui disait à D’ieu(3) : «Tout vient de Toi et c’est de Ta main que nous tenons ce que nous T’avons donné.»

En prenant conscience de tous les bienfaits de D’ieu et de la réussite qu’Il lui a procurée, l’homme doit alors se rappeler les moments de détresse et de souffrances qu’il a traversés afin que l’abondance du bien matériel ne lui fasse pas oublier que D’ieu est à l’origine de ce succès et de cette réussite. Aussi pour cette raison proclame-t-il(4) :

«Enfant de Aram, mon père était errant, il descendit en Mitsrayim, y vécut étranger, peu nombreux d’abord, puis y devient une nation considérable, puissante et nombreuse. Alors les Mitsriyim nous traitèrent iniquement, nous opprimèrent, nous imposèrent un dur servage.»

Ce rappel incite l’homme non seulement à ne pas oublier D’ieu mais ainsi à Le servir aussi davantage.

Enfin l’offrande des prémices permet de faire l’apprentissage de la vertu morale la plus appréciée par D’ieu et par les hommes. Il s’agit de la modestieha-ânawa. En effet, l’offrande des prémices ne saurait-elle être faite que par la personne elle-même non par un intermédiaire. La réussite matérielle ne doit pas faire oublier la soumission à D’ieu qui ne peut s’exprimer qu’en présentant soi-même la corbeille de fruits.

Ainsi est-il rapporté(5) à propos de Agripas, roi d’Israël, qui lui-même avait transporté sa corbeille de prémices pour l’offrir au Kohène. Aussi la Tora précise-t-elle que la personne elle-même proclame : «maintenant, voici j’apporte…»

Le Midrache(6), citant(7) :

«En ce jour, l’Ét’ernel, ton D’ieu, te recommande d’exécuter ces diverses lois et ces statuts; tu t’appliqueras donc à les observer de tout ton coeur et de toute ton âme», rapporte : «c’est bien ce qu’exprime le verset(8) :

«Venez! nous voulons nous prosterner, nous incliner, ployer les genoux devant l’Ét’ernel notre Créateur.» N’est-ce pas que s’incliner signifie se prosterner et se prosterner signifie s’incliner? Pourquoi donc avoir dit :

«Nous voulons nous prosterner, nous incliner, ployer les genoux.» Mochè, scrutant par son inspiration sainte, voit que Bèt ha-Miqdache est appelé à être en ruines et l’offrande des prémices interrompue. Il institue qu’Israël prie trois fois par jour. La Téfilla est plus chère devant le Saint béni soit-Il que les bonnes oeuvres, que tous les sacrifices car il est écrit(9) :

«Que ma prière soit considérée à tes yeux comme de l’encens, mes mains tendues, comme l’offrande du soir.» Mochè notre maître, malgré ses bonnes oeuvres, frappé d’interdit d’entrer en Èrèts Yisraèl, se mit à prier(10) :

«Laisse-moi traverser, que je voie cet heureux pays!» Le Saint béni soit-Il lui répond :

«Assez ne me parle pas davantage à ce sujet! Monte au sommet du Pisga et porte ta vue…» C’est pourquoi, il est dit :

«En ce jour, l’Ét’ernel, ton D’ieu, te recommande d’exécuter, ces diverses lois.» Qu’est-il dit plus haut(11) :

«Jette un regard du haut des cieux, ta sainte demeure, et bénis ton peuple Israël et la terre que tu nous as donnée, comme tu l’as juré à nos pères ce pays ruisselant de lait et de miel

Rabbi Abbahou dit au nom de Rabbi Yossi, fils de Hanina : Vois comme ceux qui réalisent la mitswa dictent au Saint béni soit-Il leur volonté.

Un homme, voulant avoir affaire au roi, donne des sommes considérables pour se présenter devant lui. Arrivé parfois à ce point, il n’a aucune certitude d’obtenir satisfaction.

Mais le Saint béni-soit-Il n’est point ainsi. Un homme, voyant dans son champ une grappe mûre, une figue mûre, une grenade mûre, les cueille et les dépose dans une corbeille et les fait monter à Yérouchalayim. Se tenant au milieu du parvis [du Bèt ha-Miqdache], il invoque la miséricorde pour lui, pour tout Israël, pour tout le pays d’Israël comme il est dit :

«Jette un regard du haut des cieux, ta sainte demeure, et bénis ton peuple Israël et la terre que tu nous as donnée.» De plus il insiste : Je ne bouge qu’après avoir obtenu satisfaction pour tous mes besoins aujourd’hui car il est écrit :

«En ce jour l’Ét’ernel, ton D’ieu te recommande de faire

Rabbi Chimône Bèn Laqiche dit : Une voix céleste proclame, tu auras le mérite de l’offrir l’année prochaine comme aujourd’hui. Tel un homme qui, recevant de son ami un fruit nouveau, lui dit : Puisses-tu me l’offrir l’année prochaine!

Rabbi Hiya fils de Abba dit : Combien nombreux sont ceux réalisant des mitswot qui obtiennent tous leurs désirs du Saint Béni soit-Il.

Quand bien-même celui-ci prononce un décret, les tsaddiqim l’annulent comme il est dit(12) :

«En effet celui qui exécute son ordre n’éprouve rien de fâcheux, celui-là pourra dicter sa volonté au Saint béni soit-Il… la parole du roi est souveraine, qui oserait lui dire : «Que fais-tu?» Il est dit à propos de David(13) :

«Il a dit, le D’ieu d’Israël, il a prononcé à mon sujet, le Rocher d’Israël : «Qui domine sur les hommes doit être juste, gouverner dans la crainte de D’ieu

Ce midrache tend à résoudre une difficulté qui apparaît à la lecture du passage se rapportant à l’offrande des prémices. Il ne peut comprendre, dans un tel contexte, l’introduction du verset :

«En ce jour l’Ét’ernel, ton D’ieu te recommande d’exécuter ces diverses lois et ces statuts, tu t’appliqueras donc à les observer de tout coeur et de toute ton âme»

Bien plus, en quoi l’observance de l’offrande des prémices diffère-t-elle des autres mitswot pour que le texte trouve nécessaire de préciser : «de tout ton coeur et de toute ton âme»?

L’homme est naturellement porté à s’attacher à la terre et à sa production. Il est naturel de le voir accorder une valeur sentimentale, une affection exclusive à tout ce que sa terre produit. C’est ce sentiment, poussé à l’extrême, qui l’incite à retenir, tout pour lui, et ne rien partager avec autrui.

De toute évidence l’enseignement de l’offrande des prémices est de bien se pénétrer de l’idée que la terre ne nous appartient pas. Elle demeure la propriété de D’ieu et, par conséquent, l’homme se doit de réserver au Kohène, au service exclusif du Créateur, non pas les restes dont il entend se débarrasser mais les prémices, les premiers fruits qui sont chers à ses yeux.

Cependant l’expression «de tout ton coeur et de toute ton âme», employée à propos des prémices, ferait davantage penser à une expression identique employée, elle, à propos de la prière.

Il est dit en effet(14) :

«Si vous êtes dociles aux lois que Je vous impose en ce jour, aimant l’Ét’ernel votre D’ieu, Le servant de tout votre coeur et de toute votre âme.»

La difficulté serait donc d’établir le lien entre les prémices et la prière.

Comme les prémices ne sont dues et exigibles qu’une fois installés en terre de Kénaâne, après la conquête et l’établissement d’Israël sur sa terre, il nous est difficile de comprendre la place de ce verset dans ce contexte puisqu’il stipule bien «En ce jour».

Aussi l’auteur du midrache, en attribuant ce verset à la Téfillaprière, dont la tâche est de remplacer les sacrifices et les prémices, souligne-t-il qu’il n’est point nécessaire d’attendre la destruction du Bèt ha-Miqdache, pour instituer la Téfilla. Bien avant, comme en ce jour où l’on est loin d’avoir fait la conquête et pris définitivement possession de tout le pays, la Téfillaremplacerait avantageusement l’offrande des prémices.

Mochè, lui même, malgré toutes ses bonnes oeuvres ne put voir son désir comblé, à moitié certes, qu’à l’aide de la prière. C’est ainsi qu’il eut le mérite, même sans traverser le Yardène, de voir toute la terre d’Israël.

Rabbi Abbahou tire de la mitswa de l’offrande des prémices l’enseignement suivant : pour peser sur la volonté divine, rien n’est mieux indiqué que l’accomplissement et la réalisation de la mitswa.

L’offrande des prémices permet à son auteur d’exiger du Saint béni soit-Il qu’il réalise non seulement son bonheur, mais celui du peuple d’Israël et de son pays. Il puise dans cette mitswa la force de dire au Saint béni soit-Il «Je ne bougerai d’ici que lorsque tu accéderas à mes désirs.»

Rèche Laqiche et Rabbi Hiya Bar Abba complètent cet enseignement prouvant que l’homme, parce qu’il obéit aux mitswot de la Tora, arrive à agir sur la volonté divine qu’il domine et plie à tous ses désirs.

Dans ce cas, D’ieu annonce à l’homme, selon son souhait, qu’il aura le mérite de participer à cette offrande l’année prochaine.

Rabbènou Béhayè pense qu’en reconnaissant les bienfaits divins dont il a bénéficié par le passé, l’homme parvient à exercer le pouvoir d’agir sur la volonté de D’ieu, en plus de la promesse(15) :

«Tu te réjouiras pour tous les biens que l’Ét’ernel ton D’ieu, aura donnés à toi et à ta famille et avec toi se réjouiront le Léwi et l’étranger qui est dans ton pays.»

Ainsi, étant reconnaissant pour le passé et non ingrat, l’homme peut formuler des souhaits pour l’avenir et comme dit le Talmoud(16) : «Il pourra être certain que sa prière sera exaucée.»

La mitswa de l’offrande des prémices enseigne à l’homme, en plus de l’humilité face à D’ieu qui lui a prodigué Ses bienfaits, de se garder de l’orgueil qu’il conçoit face à ses succès et à sa réussite dans la vie.

L’homme a tendance en effet à s’attribuer les conditions de sa réussite. Son savoir-faire et ses connaissances sont seuls responsables du succès de son entreprise. Il ne saurait à aucun moment les attribuer à D’ieu. Mais la réalisation de cette mitswa, par la proclamation qu’il fait, l’homme met en relief les bienfaits passés qu’il souhaite perpétuer dans l’avenir.

Apporter sa corbeille à prémices ne suffit pas. La proclamation est de toute première importance. Grâce à une telle déclaration, se réalise une véritable prise de conscience de tout ce que l’homme doit à la Providence.

Quand tu seras arrivé dans le pays que l’Ét’ernel, ton D’ieu te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et y seras établi, tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays que l’Ét’ernel, ton D’ieu t’aura donnés et tu les mettras dans une corbeille; tu te rendras à l’endroit que l’Ét’ernel ton D’ieu aura choisi pour y faire régner Son Nom.

En premier, quelle serait la relation entre la fin de la sidra Ki Tètsè traitant du devoir d’exterminer Âmalèq et celle de l’offrande des prémices qui débute la sidra Ki Tavo?

En ce qui concerne la juxtaposition entre le texte traitant de l’extermination de Âmalèq et l’offrande des prémices, il y a lieu de rappeler selon Baâl ha-Tourim que la mitswa d’exterminer Âmalèq prend effet aussitôt les Bénè Yisraèl entrés en Israël(17).

Sa funeste intervention(18), lors de la sortie d’Égypte, visant à annoncer à Parô la fuite des Hébreux ainsi que la guerre qu’il leur livre dans l’unique but de retarder leur entrée en Kénaâne en constituent les motifs.

Mais le Midrache(19) dit à propos du verset(20) :

«Âmalèq survint et attaqua Israël à Réfidim», le Saint béni soit-Il dit : que [Âmalèq], l’ingrat, vienne châtier [Bénè Yisraèl], les ingrats.»

De toute évidence, les Bénè Yisraèl s’étaient montrés à ce moment ingrats lorsqu’ils remirent en question la présence de D’ieu parmi eux. Mais l’ingratitude de Âmalèq n’est pas aussi évidente!

Pour Ziv’hè Chélamim(21), , Âmalèq s’était révélé d’une ingratitude rare en attaquant Israël pour retarder leur entrée en Kénaâne. Descendant de Êssaw, Âmalèq, constatant qu’Israël n’a pas satisfait encore la condition de servir les Égyptiens 400 ans durant, se prévaut de son droit à l’héritage de Kénaâne.

Israël, n’ayant fait que la moitié de la durée de l’esclavage, il ne lui revient que la moitié de Kénaâne. L’autre moitié, prétendait-il, lui revenant de droit. Mais en voulant ignorer le fait que les dures souffrances et la rigueur de l’esclavage avaient suppléé à l’autre moitié de la durée, Âmalèq s’était montré ingrat.

Aussi, la Tora, par cette juxtaposition, rappelle-t-elle que pour pouvoir se maintenir en Èrèts Yisraèl, les Bénè Yisraèl se devaient de faire acte de reconnaissance en offrant les prémices et non agir avec ingratitude comme Âmalèq qui, lui, mérite bien l’extermination.

Wé-haya, il adviendra

Chaque fois que la Tora emploie le terme Wé-haya c’est pour indiquer une sim’haune joie, un événement heureux. Quelle est la raison de cet emploi?

Le texte aurait pu tout aussi bien se contenter de Quand tu seras arrivéki tavo, sans le terme wé-haya!

Wé-haya est une expression de joie, car, dit Or ha-Hayim, il n’y a pas de plus grande joie que celle que procure l’établissement en Èrèts Yisraèl.

Cependant, le Gaone de Vilna tente d’expliquer cette affirmation du Midrache(22) : «Wé-haya est une expression de joie tandis que Way-hi est une expression de douleur et de souffrance.»

Il dit en substance Way-hi, est un futur converti en passé. Il indique que l’événement que nous attendons et que nous souhaiterions voir déjà passé ne peut être qu’un événement malheureux.

En revanche, Wé-haya, est un passé converti en futur. Bien qu’étant passé, nous aimerions retenir et voir prolongé dans le futur cet événement. Un tel événement ne saurait qu’être heureux.

Te donne en héritage,

Donation et héritage sont deux notions de nature différente. En effet, la donation émane du donateur à un récipiendaire qui veut bien la recevoir. Mais la donation peut être limitée dans le temps. Ainsi le donateur peut faire don à l’individu tout le temps qu’il est en vie, mais ce même don, le donateur peut l’attribuer après à un autre individu. Celui-ci pourrait ne pas être nécessairement ni de la famille du récipiendaire ni celui auquel ce dernier pensait l’attribuer.

L’héritage est, en revanche, transmissible et illimité dans le temps. La Tora emploie, malgré la différence de nature des deux termes, te donne en héritage!

En donnant la terre de Kénaâne, D’ieu y met une condition. Comme toute donation limitée dans le temps, l’établissement en Kénaâne dépendra de la réalisation de la mitswa de l’offrande des prémices.

Aussi le Sifrè sur le texte précise-t-il : «Réalise la mitswa des prémices afin que tu puisses hériter le pays que l’Ét’ernel te donne.»

La Tora ajoute, cependant, en héritage pour bien confirmer l’intention divine de faire une donation perpétuelle.

Toutefois, il se dégage également l’idée de donner la terre à la fois comme donation inattaquable et inaliénable. Ainsi, étant l’expression de la volonté du donateur qui n’a, pour son geste, à rendre compte à personne, elle est également comme héritage qui présente l’avantage d’être transmis de père en fils de manière continue et perpétuelle.

Par ailleurs, la Tora attire l’attention sur le grave danger de considérer la terre, une fois héritée, comme possession définitive et, par conséquent, n’ayant de compte à rendre à personne sur l’usage fait de cette terre et de sa production, au point d’ignorer le devoir d’exprimer la reconnaissance à D’ieu pour Son don de la terre. Ce danger est imminent et pour l’éviter il n’y a qu’à se rappeler que la terre est une donation. Une donation qui pourrait être à tout moment reprise, puisque conditionnelle.

Tu prendras des prémices,

Du partitif des, il faut exclure la possibilité d’offrir toutes les prémices. Comment doit-il choisir les prémices à offrir?

L’offrande des prémices, non de toutes les prémices, consiste à récolter les premiers fruits. Il s’agit des 7 fruits qui font la louange de la terre d’Israël. Les premiers fruits qui lui procurent joie et plaisir seront destinés à D’ieu.

Le Talmoud enseigne(23) :

«En parcourant son verger, apercevant la première figue dans son figuier, l’homme l’entoure d’un fil pour la distinguer des autres comme étant la première.»

En faisant le sacrifice non seulement de ne pas la consommer mais de s’en occuper pour l’offrir à D’ieu, l’homme atteste par là, toute sa reconnaissance au Maître du Monde tout en témoignant que c’est à Lui, étant la Cause Première, que revient l’offrande des prémices.

Tu te présenteras au Kohène qui sera alors en fonction, et tu lui diras : Je viens reconnaître en ce jour, devant l’Ét’ernel, ton D’ieu, que je suis installé dans le pays que l’Ét’ernel avait juré à nos pères de nous donner. Alors le Kohène recevra la corbeille de ta main, et la déposera devant l’autel de l’Ét’ernel, ton D’ieu.

Tu te présenteras au Kohène qui sera alors en fonction.

Pour quelle raison la Tora précise-t-elle de se présenter devant le Kohène en fonction pendant ces jours? Serait-il possible de se présenter devant un Kohène n’étant pas en fonction pendant ce temps?

Cette démarche, en plus de la reconnaissance exprimée à D’ieu, exige également une certaine humilité, car même un roi devra se présenter la corbeille sur les épaules devant le Kohène(24).

Bien plus, le savant ne devrait pas trouver quelque perte de son prestige à se présenter à un Kohène moins sage que lui. Aussi, la Tora souligne-t-elle «Kohène en fonction pendant ces jours», autrement dit, quel que soit le Kohène de ton époque tu lui dois cette visite.

Il eût été possible de s’acquitter de cette mitswa par un messager, des serviteurs ou autres! Eh! bien cette possibilité est exclue. Car la Tora insiste pour que la reconnaissance atteigne sa plus parfaite expression de faire soi-même toutes les opérations : «tu récolteras, tu placeras dans la corbeille, tu iras, tu te présenteras au Kohène, tu proclameras.»

Aucune de ces opérations ne saurait être faite par nul autre que soi-même pour faire preuve de reconnaissance et d’humilité devant D’ieu, véritable Maître et Propriétaire de la terre.

Au demeurant, faut-il voir dans la réalisation de cette mitswa, précise le Sifrè, le mérite qu’aura Israël pour prendre possession du pays de Kénaâne et de s’y maintenir. Car Âmalèq, en tant que rèchiteprémices des peuples(25), s’était attaqué à Israël pour avoir lui aussi été qualifié de, prémices, selon le texte(26) : «Israël est une chose sainte, appartenant à l’Ét’ernel, les prémices de sa récolte.»

Ainsi, pour qu’Israël puisse se maintenir, en tant que peuple, prémices de D’ieu, dans sa terre à propos de laquelle le texte parle de rèchite également(27) :

«Un pays sur lequel veille l’Ét’ernel, ton D’ieu, et qui est constamment, sous sa Providence, depuis rèchite, le commencement de l’année jusqu’à la fin.»,

sans jamais être inquiété par le rèchite des peuples, Âmalèq, la solution réside dans la reconnaissance qu’il doit exprimer à D’ieu qui est le Rèchite, la Cause première, en Lui offrant des prémices, rèchite des fruits.

Israël atteste ainsi que le monde appartient au Créateur et de Lui, il tient tout ce qu’il Lui donne.

1. Dévarim 26, 10.

2. Dévarim 26, 10.

3. Divrè ha-yamim 1 : 19, 1.

4. Dévarim 26, 5 et 6.

5. Bikourim 3, 4.

6. Tanhouma sur Ki Tavo paragr. 1.

7. Dévarim 26, 16.

8. Téhillim 95, 6.

9. id. 141, 2.

10. Dévarim 4, 25.

11. id. 26, 15.

12. Qohèlète 8, 4.

13. Chémouèl II 23, 3.

14. Dévarim 11, 13.

15. Dévarim 26, 11.

16. Bérakhot 54a.

17. cf. Sanhèdrine 20b.

18. Mékhil’ta sur Chémot 14, 5.

19. Yalqout Chimôni sur Bé-challah paragr. 262.

20. Chémot 17, 8.

21. N.B. Il s’agirait probablement de Ziv’hè Chélamim de Rabbi Mochè Qordobèro.

22. Bérèchit Rabba chap. 42, paragr. 3.

23. Bérakhot 39a.

24. cf. Bikourim 3, 4.

25. Bé-midbar 24, 20.

26. Yirmiya 2, 3.

27. Dévarim 11, 12.

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